▪ L’Etat français a besoin d’argent… et comme les Français deviennent de plus en plus rétifs à la perspective d’impôts et taxes supplémentaires, les rumeurs de ventes des biens nationaux courent. "Ce n’est pas encore la braderie mais cela commence à y ressembler", indiquait le journal Le Monde le 1er octobre 2014, qui évoquait la cession de participations dans certaines entreprises dont l’Etat est actionnaire.
Mais quelle étrange idée de vouloir vendre la Française des Jeux, une poule aux oeufs d’or qui renvoie à Bercy 25% de la mise des joueurs, soit 2,9 milliards d’euros, et verse à l’Etat 100 millions d’euros de dividendes ! Quoi de mieux que cet impôt volontaire et ludique, payé par des fanatiques de lotos, tirages, grattages, morpions et autres vermines provoquant des démangeaisons ? Pourquoi vouloir supprimer un impôt sur le rêve de devenir riche, acquitté avec enthousiasme ? Au contraire, il faudrait multiplier les jeux, les super-cagnottes, les euro-millions, euro-milliards, etc.
En revanche, on ne peut que se réjouir de cette "nouvelle doctrine de l’Etat actionnaire" qui le conduirait à ne plus se mêler des affaires d’entreprises comme Air France-KLM, Orange ou GDF Suez. Mais là, pas sûr que les prétendants actionnaires se bousculent au portillon. Un spécialiste de la grève avec les pilotes les mieux payés au monde ; un opérateur de télécommunication meurtri par la concurrence ultra-libérale, sauvage et cannibale ; un gros monstre gazeux qui mise aussi sur l’électricité…
Selon les calculs de Bercy, de nombreuses administrations occupent toujours trop de surface |
▪ Biens atypiques et estimations difficiles
En dehors des actions, reste le patrimoine immobilier, qui n’est pas évoqué par Le Monde. Certes, Bercy a déjà engrangé quatre milliards d’euros entre 2007 et 2011 en vendant 500 000 m2. Mais c’est très peu comparé au patrimoine immobilier de l’Etat, évalué à 114 milliards d’euros (en comptant les bâtiments des universités, musées, agences diverses, nombreux établissements provinciaux de la Banque de France…). Selon les calculs de Bercy, de nombreuses administrations occupent toujours trop de surface.
En 2014, l’Etat avait envisagé de vendre pour 470 millions d’euros d’immobilier mais cela se passe plutôt moins facilement que prévu. Certains biens trouvent difficilement preneur (un immeuble dans le centre de Bordeaux a été vendu avec 60% de décote) ou pas du tout (une ancienne base de l’OTAN en Meurthe-et-Moselle ou le pôle océanographique d’Arcachon). Il est vrai que ce sont des biens que les agents immobiliers qualifieraient d’"atypiques" : une abbaye du 17ème siècle dans le 7ème arrondissement de Paris, une caserne dans le centre de La Rochelle, un aquarium à Arcachon, une maison forestière dans le centre…
Vous pouvez vous faire une idée des ventes en cours et à venir ici.
LA LISTE NOIRE DE L'INVESTISSEMENT |
Proche du centre ville d’Auray (Morbihan), ce petit manoir abritait des bureaux de ministère de l’Ecologie. Mise à prix 580 000 euros.
Il semblerait que l’Etat ait du mal à évaluer correctement ce type de biens |
Il semblerait que l’Etat ait du mal à évaluer correctement ce type de biens. Pour une fois, nous nous garderons de lui jeter la première pierre : la juste évaluation est un exercice difficile.
Trop haut, le bien traîne en vente, en devient vite suspect. Trop bas, évidemment, ce n’est pas de la bonne gestion. Mais au moins l’Etat a un avantage sur nous, particuliers : Bercy ne peut pas lui voler dans les plumes pour redresser une vente ou une mutation jugée déclarée à un prix trop faible !
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Entre les ventes des actions de l’Etat et de son immobilier, ce dernier paraît plus propice aux bonnes affaires. Une ancienne école ou une caserne pour organiser votre propre maison de retraite avec quelques amis, un appartement à Londres, tout est possible…
Appel d’offre, enchères auprès d’un notaire ou simple mise à prix, l’administration utilise toutes les formules.
Au moment où Bruxelles fait savoir que le budget 2015 de la France déplaît fortement et où le Wall Street Journal laisse fuiter qu’il devrait recevoir un avis négatif, gageons que ces ventes vont s’accélérer.