▪ Ce sont les Ides de Décembre, si décembre a des Ides. Certains mois en ont, d’autres non.
Mais vous vous demandez probablement ce que le FOMC de la Fed a fait cette semaine, non ? Ah non, pas du tout ? Eh bien, félicitations. Vous avez donc une vie. Ou un cerveau.
Ceux d’entre nous qui sont condamnés à suivre ce genre de choses ont découvert que la Fed ne bouge pas. Vous imaginez combien ça nous a révolté. Nous avions à peine dormi, nous demandant ce que la Fed allait faire. Nous avions usé le tapis en faisant les 100 pas — et voilà que la Fed nous annonce qu’elle ne fait rien !
La "reprise" est trop faible pour augmenter les taux, a déclaré la Réserve fédérale. Et l’économie a peut-être besoin de plus de stimulants, a-t-elle ajouté ; elle s’en tient donc à son plan de racheter l’équivalent de 600 milliards de dollars de dette gouvernementale américaine.
Rappelez-vous que les achats de la Fed étaient censés faire baisser les taux d’intérêt à long terme de manière à ce que les emprunts hypothécaires et les investissements grimpent. Sauf qu’au lieu de chuter, les taux longs ont augmenté.
A vue de nez, on pourrait penser que le président de la Fed baisserait la tête… et admettrait que son plan d’assouplissement quantitatif est un échec colossal. Depuis mars 2009, il a engagé une somme égale à plus d’une année de production de l’économie américaine dans ses diverses initiatives de quantitative easing. Etant donné la quantité d’argent perdu, vous seriez en droit de penser qu’il offrirait de s’ouvrir les veines… ou au moins de démissionner. Mais ça prouve simplement que vous n’avez pas fait d’études en macro-économie. Si vous aviez passé quelques années supplémentaires à l’école, peut-être réaliseriez-vous, vous aussi, que le haut est en fait le bas, et que le noir est en réalité blanc. Les actions de la Fed multiplieront la base monétaire américaine par quatre. Faut-il s’étonner que les investisseurs commencent à se méfier des titres libellés en dollars US ?
En théorie, les rachats de dette du Trésor par la Fed sont absurdes. En pratique, ils se sont retournés contre la Fed. La Fed va donc recommencer. Parfaitement raisonnable, non ?
Le marché obligataire américain pourrait être en train de signaler qu’il part dans la même direction que la Grèce, l’Irlande et Lehman Brothers. Qui veut une reconnaissance de dette de la part de quelqu’un qui ne peut pas rembourser ? Et une fois que les ventes commencent, elles sont difficiles à arrêter. Les taux d’intérêt grimpent, augmentant les coûts pour le débiteur. Bientôt, il ne peut plus financer ses dépenses ou assurer le remboursement de sa dette. Il est acculé à la faillite.
▪ Parallèlement, les derniers chiffres de Robert Shiller nous disent que le marché boursier américain est surévalué de 33%. Nous pensons que les actions baisseront bien plus que ce qu’implique ce chiffre. Les marchés tendent à réagir de manière excessive à la hausse comme à la baisse.
Et les dernières nouvelles de Chine nous disent que l’Empire du Milieu pourrait exploser à tout moment. Près de la moitié du PIB passe dans des investissements impliquant du béton et de l’acier. C’est à couper le souffle quand on le voit. Mais il est impossible de prendre autant de décisions d’investissements sans faire aussi des erreurs colossales.
L’Europe, par ailleurs, nous apporte une estimation morose et inquiétante : les banques européennes ont cinq fois plus de dette gouvernementale qu’elles n’en avaient il y a trois ans. Les investisseurs vendent les obligations espagnoles ; il se pourrait que s’ouvre un nouveau chapitre dans la crise de la dette.
Cher lecteur, vous êtes confronté à une situation grave et dangereuse. Devant vous se trouve la Vallée de la Mort pour les investisseurs.
Les marchés boursiers des Etats-Unis pourraient s’effondrer à tout moment. Leurs obligations fichent le camp. Leur immobilier coule. La Chine pourrait s’effondrer sur elle-même. L’Europe pourrait partir en morceaux. Le commerce pourrait chuter à pic. Les taux d’intérêt pourraient grimper un peu partout. Une nouvelle dépression pourrait arriver bientôt.
Pourtant, les PDG sont optimistes, dit un rapport. Les investisseurs sont haussiers, dans leur écrasante majorité, en dit un autre. Et vos capitaines vous disent de foncer droit devant !
Notre conseil : mettez-vous à couvert !