▪ Les nouvelles suivent la course du soleil. Elles ont commencé par des doutes sur la solvabilité de l’Irlande… sont passées à des craintes sur la possibilité d’un défaut de paiement de la Californie… et se sont terminées avec des doutes sur la Chine. On a appris vendredi que l’Empire du Milieu cherchait à ralentir l’inflation. Les autorités chinoises vont augmenter les taux et resserrer le crédit.
Les Chinois accusent Bernanke d’augmenter la masse de dollars et de causer de l’inflation sur les marchés émergents et les matières premières. Bernanke pointe quant à lui les Chinois du doigt. En réponse à ces accusations de mise en danger, il déclare : "c’est pas moi, c’est eux". Les Chinois n’ont pas voulu augmenter le yuan… alors il doit baisser le dollar.
C’est ce qu’il y a de bien avec les devises papier — on peut les manipuler. C’est exactement ce que font les Etats-Unis… ils essaient de manipuler le dollar à la baisse… tout en accusant la Chine d’être "un manipulateur de devises".
Ce qui ne fait que prouver à quel point l’honneur manque chez les banquiers centraux.
▪ Alors que se passe-t-il en Chine ? Nous avons décidé d’explorer un peu.
Vendredi, nous avons eu la visite d’un homme d’affaires chinois dans notre bureau. Il venait nous voir pour lancer une affaire en Chine.
"Personne… personne… ne sait exactement ce qui se passe", a-t-il dit. "D’un côté, on trouve beaucoup d’excès et de mauvais investissements en Chine. C’est obligé. Nous nous développons à une telle vitesse. Et il doit y avoir beaucoup de mauvaises dettes cachées dans le système bancaire, par exemple".
"Mais d’un autre côté, la Chine est en plein boom. On n’a jamais, jamais vu tant de gens travailler si dur pour gagner de l’argent. Nous sommes un peu comme les Etats-Unis étaient probablement il y a cent ans. Mais en plus grand. En plus rapide. Et avec plus d’implication gouvernementale".
"Il pourrait y avoir beaucoup de problèmes… entreprises qui échouent… faillites… et explosions financières. Mais je doute que le développement de la Chine se termine de sitôt".
Nous ne pensons pas qu’il se termine. Nous sommes d’avis que toute cette histoire deviendra de plus en plus fascinante… et excitante. On ne peut se développer ainsi à tombeau ouvert sans que quelqu’un ne finisse… dans la tombe. Et chaque fois qu’un gouvernement est lourdement engagé dans la planification d’une économie, vous pouvez être certain que les plans seront mauvais. Les autorités contrôleront trop… et puis elles perdront le contrôle.
Notre ami Dylan Grice, analyste à la Société Générale, nous en dit un peu plus :
"Se pourrait-il qu’elles aient… (petit hoquet d’inquiétude) déjà perdu le contrôle ? Et si oui, qui peut dire ce qui se passera si l’inflation des actifs s’inverse ? Peut-être que lorsque les autorités auront mis en place le ralentissement qu’elles souhaitent et diront aux investisseurs qu’ils peuvent retourner à leurs achats d’actions en toute sécurité, lesdits investisseurs ne voudront pas acheter. Dans ce cas, un atterrissage difficile ne devrait pas être hors de question".
"Oubliez le désendettement américain — cette affaire représente le risque déflationniste le plus important pour l’économie mondiale. Tant que la croissance du crédit chinois continue au rythme actuel, aidée par les liquidités dont la Fed inonde les marchés mondiaux et encouragée par des taux d’intérêt artificiellement bas, le risque primaire auquel sont confrontés les marchés émergents aujourd’hui reste celui d’une bulle".
"Cela peut sembler être une note très haussière, pour terminer. Et permettez-moi d’être clair comme de l’eau de roche sur le pourquoi de la chose : une bulle n’est pas un scénario haussier. Elle n’est pas haussière pour les économies des marchés émergents eux-mêmes, pour leurs citoyens ou pour le monde dans son ensemble. Le fait est que toutes les bulles se terminent dans les larmes".
Les larmes. Vous avez entendu ça, cher lecteur ? Les larmes. Assurons-nous que ce ne soit pas les nôtres.