▪ Le quantitative easing (QE), ça ne marche pas, disions-nous hier… alors pourquoi se lancer dans une nouvelle vague ? Eh bien, c’est un peu compliqué…
Si l’économie était une science, le keynésianisme aurait disparu depuis longtemps. Mais l’économie est une religion, avec ses prêtres, ses dieux, ses dévots, ses religions, ses chapelles. Dans ce genre de milieu, on accorde beaucoup de crédit aux pêcheurs repentis et convertis.
J’en ai justement un sous la main : Alan Greenspan ex-Grand Gouverneur de la Grande Banque Centrale de l’Empire Américain. Et même Greenspan dit que le QE c’est dangereux !
Je le cite dans une interview du 7 octobre dernier à la CNBC : "la création monétaire doit correspondre à de la richesse créée. Si cette richesse n’a pas encore d’existence concrète, il doit s’agir d’une anticipation correcte de richesse à venir. La banque centrale n’a aucun droit à l’erreur : un mauvais calibrage initial provoquera à terme une inflation impossible à maîtriser".
▪ Mais — fichtre et diantre — en attendant le désastre final où va donc cet argent ?
Les banques n’ont aucune intention de prêter pour investir et encore moins de refinancer des emprunteurs qu’elles savent aux abois. Certes, par politesse, elles sont obligées de prendre quelques bons du Trésor lorsque la Fed en émet. On ne mord pas la main qui vous nourrit, même en finance.
Car, surtout, elles gagnent beaucoup d’argent dans les "activités pour compte propre". Comprendre : investir sur les marchés.
▪ Les traders de Wall Street salivent déjà à l’idée du QE2
Donc, vous avez compris : cet argent sert aux banques à faire des bénéfices sur les marchés. Maintenant, mettez-vous à la place d’un trader. Ces types-là ne sont pas complètement stupides. Ils savent très bien que la reprise n’existe pas.
Ils savent très bien que les fusacqs (les opérations de fusion-acquisition) n’ont jamais engraissé les actionnaires, seulement les banques d’affaires et les juristes.
Ils savent très bien que les récents bénéfices des entreprises sont dus à des dégraissages jusqu’à l’os.
Ils savent très bien que, maintenant, pour que les entreprises dégagent encore plus de bénéfices, il faudrait qu’il y ait augmentation des chiffres d’affaires et que c’est mal parti. Les analystes ont revu leur prévision de croissance de chiffre d’affaires du S&P 500 à la baisse (de 7,9% à 7,7%).
▪ Alors ? Quels marchés ?
Les Bourses émergentes, si l’on en croit la dernière note de la Société Générale qui souligne l’afflux de capitaux vers les actions (6,1 milliards de dollars) et les obligations (3,8 milliards de dollars) de ces pays. Et ça en trois semaines, juste à l’annonce du QE2.
Depuis le temps qu’on vous dit qu’il vaut mieux un livret A chinois qu’une SICAV monétaire truffée de produits douteux !
Et pour finir, connaissez-vous le dernier surnom de la Fed ? C’est Feddie par analogie avec Fannie Mae et Freddie Mac. Sauf que Feddie a maintenant beaucoup plus d’actifs douteux que Fannie et Freddie à la belle époque du subprime…
Le QE ça ne marche pas, même quelqu’un avec un QI voisin de celui de l’eau tiède le sait maintenant.
Mais rien ne vous interdit de prendre part à la fête des traders. Et la façon la plus simple et la plus sûre c’est d’investir dans la dette des pays émergents.
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