▪ Quelles sont les nouvelles ? Les titres des journaux signifient tous la même chose : tous les regards sont sur Ben Bernanke.
"Bernanke devrait annoncer des centaines de milliards de dollars pour le nouvel assouplissement quantitatif", dit un article.
"Les investisseurs comptent sur le soutien de la Fed", en dit un autre.
"L’assouplissement de la Fed pourrait faire grimper les actions plus haut encore, titre un troisième.
Notre homme est censé annoncer un programme d’assouplissement quantitatif. Il est supposé le faire la semaine prochaine. Et si son annonce est insuffisante, les investisseurs vendront les placements risqués — notamment les actions et les matières premières. En attendant, ils jouent aux devinettes.
Mercredi, les paris allaient contre un assouplissement quantitatif élevé. Les investisseurs se sont dit qu’ils avaient peut-être surestimé la chicanerie de Ben Bernanke. Ils s’inquiétaient de ce que l’annonce de la semaine prochaine ne réponde pas aux attentes.
Le Dow a reculé. L’or aussi.
Que fera-t-il demain ? Qui sait ? Le monde de l’investissement est devenu un peu fou. Tout n’est que spéculation, maintenant… de la spéculation sur la quantité de nouvel argent que la Fed injectera dans le système.
Les investisseurs n’achètent pas en anticipation de bénéfices plus élevés ou d’une économie plus saine. Ils ne rembourrent pas le matelas de leur retraite avec de superbes valeurs à prix cassés, et ne participent pas à la croissance et à la prospérité du 21ème siècle en achetant des actions. Non, ils parient sur le fait que l’économie va aller en empirant… et que Bernanke va devoir s’aventurer avec hardiesse là où seuls les idiots et les benêts ont été jusqu’à présent…
… c’est-à-dire sur la route de l’hyper-inflation.
▪ Rappelez-vous. Il y a l’inflation. Et il y a l’hyper-inflation. L’inflation normale naît lorsque les gens ont plus d’argent à dépenser et moins de choses pour lesquelles le dépenser. Ils font grimper les prix.
L’hyper-inflation est différente. Elle ne provient pas d’une augmentation de la demande — c’est-à-dire qu’elle ne provient pas de l’avidité… mais de la crainte… la crainte crue, nue et pure de voir la monnaie papier perdre sa valeur. Qu’est-ce qui déclenche l’hyper-inflation ? Parfois, la cause est évidente. Les banques centrales impriment des billets portant plein de zéros. Tout le monde sait que la devise est devenue bidon. Tout le monde se hâte de s’en débarrasser.
En général, ça provoque un effondrement de l’économie… qui convainc la banque centrale d’ajouter encore plus de zéros !
La banque centrale n’ajoute pas de zéros — pas encore. Elle menace juste d’ajouter plus de devises. Cette nouvelle devise mènera-t-elle à l’inflation ? Probablement pas énormément. L’argent ira aux spéculateurs des grandes banques — ceux qui peuvent emprunter à la Fed. Il n’ira pas aux petites entreprises, ni aux ménages. Si bien que la plupart des gens ne se sentiront pas vraiment plus riches ; ils ne voudront pas emprunter. Ils ne voudront pas dépenser. La demande n’augmentera pas. Les prix ne grimperont pas de manière notable.
Mais si ce nouvel argent ne créera probablement pas d’inflation, il pourrait tout à fait créer de l’hyper-inflation. Nous ne savons pas comment ça fonctionne, pas exactement. Il y a si peu d’exemples dans l’histoire qu’aucun modèle certain ne peut nous le montrer. Mais les spéculateurs pourraient soudain perdre toute confiance dans le dollar US. Ils pourraient le vendre — au profit de terrains, d’actions, d’objets de collection ou d’or. Les détenteurs de dollars — les grands détenteurs institutionnels — pourraient paniquer en réalisant que leurs dollars perdent rapidement de la valeur. Les ménages pourraient suivre… tentant désespérément de se débarrasser des dollars avant que le prochain journal de 20h ne leur annonce qu’ils ont encore perdu 10% de leur valeur.
Cela pourrait être l’enfer.
Mais tout ça est encore à venir. Dans peut-être six mois. Ou un an.
En attendant, nous sommes encore au début d’une Grande correction. Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir. Et nous devrions nous attendre à un chômage élevé, une croissance basse ou négative, des faillites, des marchés baissiers, des saisies…
La grande tendance est toujours en faveur de prix à la consommation et de prix des actions généralement bas… peut-être même en déflation. Du moins… jusqu’à ce que Bernanke fasse chauffer sa machine à billets.
Et là, qui peut dire ce qui se passera ?