▪ Le week-end dernier, à peine étions-nous rentré de Floride que nous repartions pour assister à un mariage à New York. Les routes sont bien pires à New York qu’en Floride. Peut-être que c’est la météo. Peut-être que c’est le régime fiscal. Mais à mesure qu’on roule vers le Maryland, les routes se détériorent tandis qu’il devient de plus en plus cher d’y circuler. On rencontre de plus en plus de nids-de-poule et péages vieillots à mesure qu’on monte vers le nord.
Il y a peu de chances pour que cette situation évolue. Les gouvernements locaux font faillite. Idem pour les gouvernements nationaux. Les politiciens vont devoir faire des choix. Réparer les routes… ou maintenir les bibliothèques ouvertes ? Des crèches… ou la faillite ?
Au mariage était présent un ancien trader en obligations de Goldman. "Combien de temps avant que la dette gouvernementale explose ?" lui avons-nous demandé. Sa réponse : "ça n’arrivera pas de sitôt"… Nous y reviendrons dans quelques lignes…
Jusqu’à présent, presque tout ce que nous pensions voir arriver est en train de se produire. Plus ou moins. La crise. La réaction des autorités. Le manque de réaction des marchés face à l’excès de réaction des autorités. Puis la réaction des autorités au manque de réaction des marchés. Une sottise en engendre une autre.
Pour l’instant, le marché de la dette gouvernementale n’a pas explosé. Mais même lorsque se produisent des choses que nous attendions, elles n’arrivent pas forcément comme nous le pensions, ni au moment que nous avions prévu.
Nous avons eu la crise que nous prédisions. Puis les autorités ont versé du bon argent pour rattraper le mauvais… comme on pouvait s’y attendre. Elles ont dit que l’économie se "remettrait". Bien évidemment, ça n’a pas été le cas. L’économie n’a fait que commencer sa "Grande Correction" — avec un chômage en hausse, des prix immobiliers en chute et des marchés d’actifs dangereux. Et voilà qu’Obama et le Congrès US sont paralysés par les futures élections. Ben Bernanke envisage le Plan B… en espérant qu’il ne sera pas nécessaire.
Peu à peu, les médias financiers et les investisseurs comprennent. Ils commencent à réaliser que ce n’était pas une récession ordinaire… et qu’il n’y aura pas non plus de reprise ordinaire?
▪ "Eh bien, je pense que le marché obligataire est le marché le plus incompris au monde. Tout le monde affirme que les obligations sont le pire endroit où mettre son argent. En ce qui me concerne, je pense que c’est au contraire le meilleur placement".
Celui qui prononçait ces paroles était l’un des meilleurs traders obligataire des Etats-Unis — du moins si l’on en juge par le point de vue des autres traders obligataires et experts du secteur. Nous avons voulu en savoir un peu plus…
"Certains des meilleurs investissements qu’on puisse faire en ce moment concernent les obligations de pays comme l’Irlande et la Grèce. Tout le monde pense qu’ils sont en train de faire faillite. Mais pas du tout. La Banque centrale européenne leur donnera l’argent nécessaire pour assurer leurs paiements. Ils ne feront pas défaut sur leurs paiements".
"C’est bien ce qu’il y a de génial avec les obligations. Nous entrons dans une période difficile pour l’économie mondiale. Il y a simplement trop de capacité. Cette correction va prendre beaucoup de temps. Les gens s’inquiètent du défaut sur la dette souveraine ? Ils peuvent oublier ça. Ni l’Europe ni les Etats-Unis ne feront défaut. Les banques centrales ne le permettront pas. Elles annonceront plutôt un programme de réduction des déficits à long terme. En échange de cette résolution de leurs problèmes budgétaires structurels, les pays européens recevront l’argent dont ils ont besoin pour remplir leurs obligations. Ce seront des ‘récompenses’ en liquide pures et simples, pas de la dette. Leur dette n’augmentera donc pas. Les investisseurs obligataires n’auront aucun souci à se faire".
"Je ne sais pas si ces pays corrigeront effectivement leurs finances à long terme ou pas. Tout dépend du taux de croissance. S’ils peuvent développer leurs économies assez rapidement, ils n’auront peut-être pas de problème. Mais quel que soit le souci, il est encore loin. D’ici là, ces obligations souveraines grimperont. Parce que les payeurs ne feront pas défaut. Et tout le reste baissera. Vous voulez un bon conseil ? Achetez des obligations".