▪ Le potentiel haussier des marchés ? Quel potentiel haussier des marchés ? De moins en moins de futurs retraités cotisent pour leurs vieux jours… c’est haussier, ça ? Les investisseurs institutionnels ont moins de fonds à gérer et c’est l’ensemble de la mécanique boursière qui s’enraye.
Peu d’observateurs l’ont noté, car le marché ne s’intéresse plus aux performances des entreprises, mais à la réaction qu’aura le marché — c’est-à-dire lui-même — face à ses performances. Avec un seul objectif : se blottir bien au milieu du troupeau.
▪ Neuf Américains sur dix n’épargnent plus pour la retraite
Finalement, c’est simple, la Bourse. La population augmente, les gens consomment, les entreprises font des bénéfices croissants et offrent des occasions de placement attrayant pour les fonds de pension — qui doivent gagner l’argent des rentes pour davantage de retraités etc. Ça, c’est dans le meilleur des cas et ça s’appelle les Trente Glorieuses. Sauf qu’elles sont terminées, ces fameuses années d’après-guerre. La croissance de la population a beaucoup ralenti dans les pays développés et l’effet d’entraînement basique qu’elle générait s’est simplement grippé.
Vous voulez d’autres preuves que ce que je dis est exact ? Selon une étude de l’Investment Company Institute de Washington portant sur les années 2007 et 2008, neuf Américains sur dix ne mettent plus d’argent de côté pour leur retraite.
Pire encore, le pourcentage d’individus qui dépose de l’argent sur leur plan d’épargne personnalisé continue à reculer : de 11% en 2007 il a atteint 9,4% en 2008. Bien sûr, des facteurs ponctuels expliquent en partie cette évolution : la mauvaise tenue de l’économie et des marchés en 2007-2008, des règles qui évoluent selon la situation du futur retraité.
Quoi qu’il en soit, la conséquence de ce mouvement sera de taille sur les marchés. Tous ces gens ont un rapport de plus en plus distant avec l’industrie financière.
Pour David Wray, président du Profit Sharing/401k Council of America, cette étude confirme une tendance historique bien établie : "ces gens disposent de moins de revenus et les économies à long terme requièrent des sacrifices tangibles. Ils sont aussi plus enclins à être intimidés par le système financier et les décisions qu’un investissement nécessite. Ils ont moins confiance dans le système".
Moins de confiance signifie moins de fonds investis dans les Bourses mondiales. Moins de demande pour des titres et donc moins de progression (du moins à la hausse) des cours.
▪ La réaction du marché prime
Les règles classiques d’analyse économique ne s’appliquent plus depuis longtemps à Wall Street. Il est évident que l’investisseur moyen n’est pas un être rationnel qui utilise efficacement l’information dont il dispose — et dont dispose également le marché dans son ensemble. Ça, c’est seulement dans les livres d’économie.
Est-il quand même possible de s’attendre à ce qu’une nouvelle — en particulier quand elle est très bonne — soit accueillie positivement par le marché ? Eh bien, pas forcément. Plus que la nouvelle elle-même, c’est la réaction du marché qui est devenue primordiale.
Un exemple tiré de la vraie vie : les résultats de Cisco Systems publiés le 11 août dernier. Bloomberg en a fait l’analyse suivante : "Cisco rate ses objectifs, car les entreprises ont moins dépensé". Ce titre à forte connotation négative fait directement allusion au deuxième recul consécutif de la marge — cette fois de 64% à 62,7%.
Pour sa part, faisant référence à l’augmentation de 27% du chiffre d’affaires, le Wall Street Journal a très sobrement titré : "le bénéfice de Cisco bondit de 79% au quatrième trimestre". Cela est tout aussi vrai que les éléments mis en avant par Bloomberg, mais produit un effet tout à fait différent sur l’investisseur. Dès lors, quel point est-il le plus important ? Le recul de la marge ou l’augmentation de 79% du bénéfice ? Le premier mérite-t-il de reléguer le second à l’arrière-plan ? Un bénéfice en hausse de 80% n’est-il donc pas suffisant pour plaire au marché ?
Les traders ne se posent même pas ces questions. Ils ne cherchent pas à savoir si une société a bien marché au cours d’un trimestre donné, si de bonnes décisions stratégiques ont été prises ou si tel investissement a été judicieux.
Ce qui leur importe, c’est la manière dont les résultats semestriels seront accueillis par le marché. Si le marché retient les 79% de hausse du bénéfice ou le fait que la marge opérationnelle est inférieure aux attentes. Dans le premier cas le titre bondira, dans le second il reculera. Peu importe qui a raison. Concernant Cisco, le camp des pessimistes l’a emporté et le titre a passablement souffert lors des transactions hors marché qui ont suivi l’annonce des résultats, malgré la fameuse hausse de 79% des profits.
Chaque intervenant veut avant tout ne pas être pris à contre-courant, quitte à vendre massivement une entreprise qui vient d’obtenir des profits en forte hausse. Avoir tort avec la masse, voici le véritable objectif des têtes mal pensantes qui sévissent sur les marchés. C’est une réflexion — ou plutôt un réflexe — à très court terme peu constructive mais c’est ainsi que fonctionne Wall Street…
[NDLR : Arrêtez de vous soucier ce que fait Wall Street, le Dow Jones, le CAC 40 et tous les autres — et engrangez des gains qui pourraient aller jusqu’à 95%… 100%… et même 300%. Comment ? C’est très simple : allez là où sont les profits !]