– Tout l’été, des organismes de prêt ont fait faillite, des hedge funds ont rendu l’âme, des actifs adossés à la dette hypothécaire ont implosé sous le poids des excès d’effet de levier et de suppositions erronées, tandis que Jim Cramer hurlait au secours de la Fed.
– Les vœux de Cramer ont finalement été exaucés. Le président de la Fed, Ben Bernanke, a baissé les taux, et le marché boursier s’est envolé. Une crise évitée… ou du moins c’est ce que semble penser la plupart des investisseurs.
– En fait, la crise du crédit persiste dans tous les coins ou presque du système financier américain. Mais quasiment personne ne doute qu’elle soit terminée… ou qu’elle le sera bientôt. Quasiment personne ne doute que les dernières baisses de taux de Ben Bernanke remettront le puissant système financier US au sommet de sa forme.
** "La tempête du crédit continue de faire rage sous la surface", prévient Mish Shedlock, co-rédacteur du Survival Report, "même si on ne le voit pas sur les marchés actions pour l’instant".
– "Selon Bloomberg, ‘le marché du ‘papier commercial’ US baisse pour la septième semaine d’affilée’. Selon la Fed : »le marché du ‘papier commercial’ US baisse pour la septième semaine d’affilée alors que la baisse des taux de la Fed n’a rien fait pour améliorer les conditions pour le crédit à court terme’".
– "Toujours selon Bloomberg, ‘la dette à maturité 270 jours ou moins poursuit son plus grand déclin des sept dernières années, chutant de 13,6 milliards de dollars au cours de la semaine passée, pour atteindre les 1,855 milliers de milliards de dollars [annualisés], dont un déclin de 17,3 milliards de dollars des obligations commerciales adossées aux actifs, selon la Réserve fédérale de Washington. Le déclin de cette semaine est plus limité que celui de la semaine précédente, qui atteignait 48,1 milliards de dollars — signe que les acheteurs commencent à revenir sur le marché après la réduction du taux directeur d’un demi-point par la Fed, le 18 septembre’."
– "Notez le côté absurdement positif de cette déclaration : ‘Le déclin de cette semaine est plus limité que celui de la semaine précédente, qui atteignait 48,1 milliards de dollars — le signe que les acheteurs commencent à revenir sur le marché’. Depuis quand est-ce que cela signifie que les acheteurs sont de retour ?"
– "De plus", note Shedlock, "la Fed a exécuté pas moins de 38 milliards de dollars de ‘repos’ (prêts de court terme aux banques), acceptant de prendre 22 milliards de dollars de prêts hypothécaires en guise de nantissement. Traditionnellement, la Fed n’accepte que les bons du Trésor, en nantissement. C’est un signe qu’elle continue à paniquer pour contenir les problèmes liés aux prêts hypothécaires".
– En d’autres termes, les conditions actuelles des marchés du crédit ressemblent bien plus à une crise qu’à la normalité. Mais la résurgence du marché teinte de rose tout ce qui a trait à la finance. Les choses peuvent-elles vraiment mal aller si les marchés frôlent des sommets ?
– Eh bien, elles vont même plutôt très mal si vous calculez votre valeur nette en dollars. Le billet vert chute à pic alors que le marché se reprend.
– C’est de la faute de Bernanke.
– Tôt ou tard — et plutôt tôt — les détenteurs de dollars de la planète réaliseront que Bernanke sacrifiera le dollar pour "sauver" l’économie. Plus précisément, ils s’apercevront qu’il sacrifiera les prêteurs de dollars pour sauver les débiteurs de dollars. Personne n’aime servir de pigeon. Les détenteurs de dollars de la planète, mis à mal, ne se laisseront pas faire éternellement. Au lieu de cela, ils chercheront le confort et l’asile d’alternatives "non-dollar" comme les euros, les francs suisses, l’or ou les boisseaux de blé.
– "C’est un comportement rationnel", déclare Tustain, de BullionVault, "et les banques centrales ne peuvent pas contrôler ce genre de choses".
– En fait, les banques centrales ne contrôlent pas grand’chose dans le monde moderne — hormis quelques titres du Wall Street Journal et le niveau de décibels des crises de Jim Cramer. Les récentes baisses de taux de Bernanke ont produit un pic d’adrénaline financière. Les prix des actions ont grimpé mais la crise reste… ce qui signifie que les prix des valeurs pourraient bientôt baisser.