▪ Peter Orszag est tombé sur son épée la semaine dernière. Le directeur budgétaire de Barack Obama a quitté son poste suite à un désaccord concernant les engagements fiscaux du président américain. "Lisez sur mes lèvres", aurait pu dire le chef de l’exécutif US : pas de nouveaux impôts pour les personnes gagnant moins de 250 000 $.
M. Orszag s’est hâté de déformer la réalité :
"Je voudrais souligner qu’il serait inexact de dire que j’ai dit personnellement au président que je partais à cause d’inquiétudes sur nos politiques fiscales", a-t-il déclaré.
__________________________
La baisse boursière pourrait reprendre du jour au lendemain… Réagissez !
Une forme d’investissement bien particulière a permis à une poignée d’investisseurs d’engranger des gains de l’ordre de 67,76%, 67,05%, 71,88%, 43,33%, 71,21% et 49,02%… alors même que les marchés connaissaient des difficultés extrêmes.
Pour découvrir comment réagir face à la débâcle qui menace en profitant des baisses, continuez votre lecture… mais agissez dès maintenant : les marchés, eux, n’attendront pas.
__________________________
M. Orszag semble incapable de faire une phrase simple. Mais il sait compter. Selon les derniers résultats du recensement, on trouvait aux Etats-Unis 1,7 million de ménages ayant des revenus de 250 000 $ ou plus. Même si l’on prélevait 250 000 $ d’impôts additionnels sur chacun, faisant passer le taux effectif à près de 150% du revenu pour bon nombre d’entre eux, on aurait encore un déficit de 1 000 milliards de dollars. Les riches à eux seuls ne pourront pas endosser le fardeau croissant de la dette américaine.
M. Orszag n’est que la dernière victime du financement moderne de la dette. La première est arrivée il y a un quart de siècle. David Stockman était une "force motrice" au début des années 80. Il savait compter lui aussi. Lorsque l’équipe Reagan a refusé d’augmenter les impôts pour combler le déficit, Stockman passa à autre chose. Il démissionna le 1er août 1985 et écrivit un livre : "The Triumph of Politics; why the Reagan Revolution failed" ["Le triomphe de la politique : pourquoi la Révolution Reagan a échoué", NDLR.].
Stockman avait raison. La politique a empêché l’administration Reagan de prendre le contrôle des déficits.
Si le gouvernement Reagan avait été dans le pétrole à l’époque, il aurait peut-être inventé le forage en eau profonde. Au lieu de ça, l’une des contributions des Reaganiens fut de libérer les conservateurs américains de leur haine des déficits. Les républicains ne le savaient pas à l’époque, mais leurs innovations se révéleraient désastreuses par la suite.
Quoi qu’il en soit, Reagan a pu augmenter la dette fédérale sans causer un effondrement des finances nationales. Avec des taux d’intérêt chutant de 15% à 3%, il était difficile de faire faillite. Quelle que soit la quantité de dette que vous ayez, vous pouviez refinancer à des taux plus bas. Ce qui induisait le reste du monde en erreur. Il semblait qu’on pouvait emprunter éternellement.
Hélas, toutes les bonnes choses… et les mauvaises… ont une fin. L’emprunt du secteur privé a atteint un sommet en 2007. Depuis, il chute.
▪ Bien entendu, les autorités n’ont pas retenu la leçon. Elles ont leurs économistes, leurs théories et leurs élections. Comme vous le savez, les gens en viennent à penser ce qu’ils doivent penser quand ils doivent le penser. Les Européens ont le dos au mur. Devant eux se trouve le marché obligataire — qui hésite à leur donner plus de crédit. Ils doivent croire que la réduction des coûts est le seul moyen de s’en sortir. Jusqu’à présent, quasiment tous les gouvernements européens ont promis de faire des coupes claires dans leurs budgets publics. Depuis que nous sommes revenus en Europe, on peut lire la même chose en une de tous les journaux :
"Des coupes brutales"…
"Les budgets sont sabrés"…
"Douleur… Souffrance… Ceintures resserrées"…
Tout ça au nom de l’austérité ! Mais que faire d’autre quand on ne peut emprunter plus d’argent ? Lundi, on aurait dit que les dieux étaient contre eux aussi. La Grèce a annoncé une nouvelle campagne d’emprunts, et le Parthénon a été frappé par la foudre. La patience de Zeus a des limites.
Les investisseurs se demandent ce qui va arriver ensuite. Combien d’"austérité" les gouvernements peuvent-ils assurer ? Combien sera suffisant ? Et qu’arrivera-t-il aux actions pendant que le monde se désendettera ? Les actions chutent. Si les marchés boursiers anticipent, comme disent les experts, que voient-ils ?
▪ Nous n’en savons rien. Mais s’ils ouvrent un peu plus les yeux, ils verront que le monde ne se désendette pas, en réalité. Pas encore. Les Etats-Unis empruntent toujours lourdement. Ses emprunteurs ne montrent aucun signe de fatigue. Et la réunion du G20 s’est terminée avec un appel à réduire la dette publique — mais personne n’a ajouté "maintenant !" Ça, c’est ce que disent les marchés obligataires… quand ils en ont eu assez. Pour l’instant, les gouvernements augmentent encore leurs dettes, afin d’anticiper leur réduction lorsque l’économie se reprendra.
Attendez une minute… qu’est-ce qui leur fait croire que l’économie va mieux ? N’est-on pas en route vers une récession "en double creux" ?
Si si.
Et si l’économie baisse à nouveau… le chômage ne va-t-il pas grimper ? Peut-être jusqu’à 12%, cette fois-ci ?
Si si.
Les recettes fiscales ne vont-elles pas baisser ?
Si si.
Les dépenses publiques ne vont-elles pas grimper — avec plus d’allocations chômage, de subventions et autres dépenses contre-cycliques ?
Si si.
Les déficits ne vont-ils pas se creuser, plutôt que se résorber ?
Si si.
Ce qui nous ramène au susnommé David Stockman, directeur du budget de Ronald Reagan. M. Stockman a prononcé en octobre dernier un discours dans lequel il prédisait que l’économie ne se "remettrait" pas comme promis… et que le déficit budgétaire américain, qui était alors à 1 500 milliards de dollars environ, grimperait jusqu’à 2 000 milliards de dollars par an.
Stockman pourrait avoir à nouveau raison.