▪ Vendredi, nous étions au bord de la crise bancaire. Les marchés s’effondraient et les investisseurs prenaient conscience de la gravité de la situation. La crise de la dette qui écrasait l’Europe était en train de faire tache d’huile.
Les capitaux se ruaient sur les valeurs refuge, or et dollar, au fur et à mesure que le VIX s’enflammait. Nous étions à deux doigts de tomber dans le gouffre, lorsque soudain…
▪ D’un claquement de doigts…
… le soleil revint sur les Bourses de la planète entière. Envolés les dettes, risques de faillite, problèmes de refinancement en tout genre.
La confiance revient ! La hausse des indices actions lundi est à la hauteur de l’effondrement de vendredi : juste hallucinante. +9,66% pour le CAC et +20% pour l’indice EuroStoxx des valeurs bancaires, en une seule séance !
▪ Coût de l’opération ?
– Un "méga TARP" de 1 000 milliards de dollars (750 milliards d’euros) ;
– Et la transformation du bilan de la BCE en décharge publique. Dos au mur, la voici contrainte et forcée d’acheter à tour de bras les junks bonds de l’Eurozone dont personne ne veut.
Les grands pontes de la Zone euro s’imaginent acheter la confiance des investisseurs pour 1 000 milliards de dollars…
Je crois plutôt que les investisseurs sont en train de jouer les 1 000 milliards "tombés du ciel" à la hausse pour maximiser leurs profits ; ça va durer quelques jours et une fois la nouvelle exploitée, on oublie : retour aux fondamentaux ?
Parlons-en des fondamentaux.
▪ Les choses ont-elles changé pour autant ?
Non. Nous, pays de la Zone euro, croulons autant sous le poids de nos dettes vendredi qu’aujourd’hui mardi. Rien, absolument rien n’a changé.
Nos dettes publiques astronomiques qui s’auto-entretiennent ne se sont pas volatilisées.
Notre capacité à générer de la croissance est toujours aussi anémique.
▪ Nous sommes totalement irresponsables
40 ans que cela dure… 40 ans que nous ne faisons que créer de la dette pour dépenser" toujours plus". Jamais nous n’avons réussi à réduire nos dettes. Le manque de courage des politiques y est pour beaucoup. Et la plupart des pays latins sont comme nous. Pas un ménage, pas une entreprise ne peut survivre en dépensant plus qu’il ne gagne et en empruntant tous les jours un peu plus sans jamais rembourser.
Pourtant, c’est ce que nous faisons depuis des décennies ! Italie, France, Espagne, Grèce, Angleterre, Etats-Unis… tous les mêmes.
▪ Aujourd’hui, il y a urgence
Nous devons d’ici trois-quatre ans avoir réduit significativement nos déficits dans la Zone euro. C’est une question de survie.
En serons-nous capables ? Consommer moins, payer plus et se serrer la ceinture ? J’ai un doute. Voilà qui ressemble fort à une équation du second degré à trois inconnues. Casse-tête insoluble.
▪ Mais peu importe mes doutes, pour l’instant les marchés y croient !
Alors profitez-en, mais soyez prudent. Car l’effervescence pourrait retomber plus vite qu’on ne le pense.