▪ La meilleure raison de se positionner sur les actions en ce moment, ce sont les opportunités de multiplier votre investissement par cinq ou 10. Ce sont les Cygnes Noirs positifs de Taleb, ces événements de grande ampleur et de faible probabilité qui sont bons pour votre portefeuille. Il vaut mieux posséder un portefeuille de technologies d’avant-garde ou des gisements potentiels de minerais liés à la hausse des cours des matières premières que des grandes valeurs. Pourquoi ?
Le marché boursier en tant que méthode pour générer de l’argent à long terme et de façon sûre est devenu lettre morte. Les choses ne se passeront plus jamais comme ça. Les actions ont grimpé de près de 70% depuis leurs planchers du 9 mars de l’année dernière. Le rebond reflationniste engendré par l’expansion monétaire et budgétaire l’année dernière dissimule d’énormes faiblesses structurelles dans l’économie mondiale.
Mais surtout, la Bourse risque désormais une chute colossale similaire à celle de 2007, au moment de l’histoire de Bear Stearns. Depuis, le périmètre des marchés mondiaux a été progressivement envahi par les forces de la destruction de richesse. Les investisseurs se réfugient dans un cercle de plus en plus petit d’institutions et de devises "saines" — ce qui ne fait qu’augmenter les risques de dépréciations d’actifs supplémentaires.
Le coeur du problème, c’est que la maladie mondiale causée par trop de dette a été soignée par d’autres dettes, ce qui n’est pas du tout la solution. La France et l’Allemagne pourraient renflouer la Grèce. Mais qui va renflouer l’Europe ? Et qui va renflouer les Etats-Unis quand la dette publique pourrait atteindre les 716% du PIB des Etats-Unis dans le scénario alternatif de Bureau du Congrès US chargé du budget ?
Bien évidemment, si vous pensez vraiment que les actions sont bon marché en ce moment, le mieux à faire serait de les acheter et de les conserver. Ca a déjà fonctionné. Mais nous nous demandons, étant donné les forces démographiques du monde occidental, s’il ne va pas simplement y avoir plus de vendeurs que d’acheteurs dans les années à venir, quand les baby-boomers liquideront leurs positions.
C’est vrai, nous demandons là un changement radical par rapport à la sagesse conventionnelle qui a prévalu pendant les trois dernières décennies. Mais ces deux dernières années ne vous ont-elles pas montré que le monde est vraiment différent aujourd’hui, et que ce qui a fonctionné pour vous dans les marchés d’investissement pourrait ne plus fonctionner ?
▪ Ou si vous préférez que nous le disions en termes plus concrets, voyez ce que Karl Denninger a dit au sujet de la fraude systématique des bilans aux Etats-Unis. Denninger montre que la suspension des règles interbancaires pour les banques américaines n’a pas — et quelle surprise ! — entraîné une amélioration de la qualité des actifs.
Mais ce n’est qu’au moment de la liquidation, quand les banques sont reprises par la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), que les banques admettent qu’elles ont des portefeuilles de prêt à des valorisations plus élevées que les prix du marché pourraient le laisser croire. Elles ne réalisent leurs pertes que lorsqu’elles sont techniquement insolvables sur leurs valeurs d’actifs fictifs. Vous vous demandez combien de banques font la même chose.
Denninger déclare, d’après les dépréciations d’actifs sur les entreprises saisies par la FDIC, que les pertes totales sur les prêts bancaires pourraient représenter entre 1 500 et 3 000 milliards de dollars. Imaginez l’impact que cela pourrait avoir sur les marchés du crédit. Et si la Fed essayait de le dissimuler, imaginez ce que cela pourrait faire (et ce que cela va faire) au dollar. Et maintenant, imaginez pouvoir acheter de l’or à 1 124 $ l’once.
Bien évidemment, l’hypothèse sous-jacente à une reprise, c’est que le nantissement de la banque retrouverait sa valeur quand le marché de l’immobilier se remettrait. Et cela pourrait arriver, au fil du temps, grâce à des taux d’intérêts bas et une mémoire courte.
Mais au moins aux Etats-Unis, ce n’est pas près de se produire. On pourrait plutôt s’attendre à une seconde baisse, tout aussi destructive. C’est pourquoi les banques continuent à détenir d’importantes réserves à la Fed. Elles savent qu’elles vont en avoir besoin.
La croyance sous-jacente à tout ça, c’est que le boom du crédit s’est déjà dégonflé et que les actifs ne vont pas tomber plus bas. Cette fiction continue de régner aux Etats-Unis — il suffit de voir les tentatives ratées et désastreuses de modifier les prêts hypothécaires en appliquant des termes plus longs et des taux d’intérêt plus bas. Mais le problème principal — le fait que la maison ne vaut tout simplement plus autant — reste totalement ignoré.
Voilà un an que le rebond dure. Les grands falsificateurs du monde ont gonflé les prix — sûrement pour que les initiés puissent vendre à moindre perte, ou, dans le cas des banques d’investissement, à profit. Mais l’économie réelle est encore écrasée de dettes.