▪ La séance de vendredi a été une journée des « Trois sorcières » quasi parfaite. Le S&P 500 a inscrit une 16ème séance de hausse sur 19, dont 12 sur 13 depuis le 3 juillet ; il a établi un nouveau record absolu de clôture à 1 692 points.
Le VIX en a profité pour effectuer une chute spectaculaire et totalement inattendue de 9%. Cela traduirait un indice de confiance proche des records absolus dans la poursuite de la hausse, doublé d’une confiance inébranlable dans l’absence de tout risque de correction majeure à Wall Street dans un avenir prévisible.
Ce sera donc l’été de toutes les absences de danger.
Même François Hollande nous a fait la promesse d’un été calme et d’une mansuétude sans limite des créanciers de la France.
Après tout, notre pays demeure solvable : le gouvernement serait en train de plancher sur six milliards de nouveau impôts en 2014… Il faudra bien ça pour solder la facture du Crédit Lyonnais puisqu’il reste environ cinq milliards d’euros de pertes — non provisionnées — à éponger avant l’été prochain
▪ L’essentiel est acquis
Pour en revenir à Wall Street, nombre d’opérateurs étaient tout surpris qu’une minuscule erreur de dosage des sherpas de la programmation algorithmique (de cinq points précisément) ait empêché le Dow Jones (-0,03%) de finir en territoire positif : la fête n’a donc pas été complète.
De toute façon, l’essentiel était acquis pour le Dow et les autres indices américains dès jeudi dernier. Ils abordaient tous la journée des « Trois sorcières » dans les meilleures dispositions possibles, avec l’inscription d’une cascade de records historiques sur les indices les plus emblématiques.
Les -0,03% du Dow Jones ont été vite oubliés, les commentateurs insistant sur l’inscription d’une quatrième semaine gagnante consécutive à Wall Street.
Cependant, plus les semaines et les mois passent, plus les volumes se contractent… et plus on voit se multiplier des séries haussières d’une longueur exceptionnelle — quel que soit le contexte économique présent ou les anticipations à six ou neuf mois.
▪ Bernanke aux manettes, encore et toujours
Tout le monde a bien compris depuis l’été 2012 que la Fed est derrière les acheteurs… qu’elle continuera d’imprimer quatre milliards de dollars par jour au moins jusqu’au milieu de l’automne… qu’elle fera les déclarations qu’il faut pour que la hausse des indices américains résiste à tous les vents contraires.
Les opérateurs ont surtout retenu la semaine dernière la promesse de Ben Bernanke devant le Congrès US de ne pas réduire le QE3 avant que l’emploi et l’inflation se rapprochent des objectifs fixés par la Fed (on en est très loin).
Ben Bernanke continue d’agir comme s’il avait la certitude que les sceptiques finiront par craquer et passer enfin acheteurs.
Pour l’instant, cela reste un pari qui prend de plus en plus l’apparence d’une fuite en avant et d’un jeu de dupes.
Dès que les cours grimpent, il n’y a plus de vendeurs… Le problème, c’est que dès que les actions rebaissent (et tout le monde pourrait dérouler une liste de 36 bonnes raisons à cela), il n’y a plus d’acheteurs.
Car si l’on en croit le VIX, de retour sur ses planchers historique, les investisseurs ne se laisseraient perturber ni par des taux longs qui ne se détendent toujours pas (2,54% sur les T-Bonds US, 4,67% sur le 10 ans espagnol vendredi)… ni par l’envolée du pétrole WTI vers 109 $, un zénith depuis février 2012 et avril 2011.
Depuis le 18 juillet, le baril de brut léger américain se paye plus cher que le Brent à Londres, bien que l’activité industrielle américaine ne soit pas frénétique… et en Europe, chacun sait que nous sommes en phase de contraction.
▪ A chaque chose malheur est bon…
Cette contraction a du bon, toutefois. L’Espagne dégage de nouveau des excédents commerciaux — peu importe le taux de chômage record et les salaires de misère.
D’ailleurs, quoiqu’il advienne cet été, tout a du bon. La faillite de Detroit va permettre d’acheter plus de camions de pompiers au lieu de payer bêtement des intérêts aux créanciers.
Le pétrole flambe ? Cela va accélérer la transition énergétique et le développement des véhicules hybrides. Ces derniers sont plus chers tandis que le pouvoir d’achat des ménages est en berne ? Peu importe, les banques centrales imprimeront de l’argent.
Il ne manque plus qu’un séisme majeur en Californie pour assurer un redémarrage à la japonaise !
Bon d’accord, c’est un mauvais exemple car l’économie nippone n’a absolument pas redémarré après Fukushima… Mais il suffisait d’être patient : face à cette mise en échec de la théorie de la destruction créatrice, le gouvernement a mis moins de deux ans pour mettre en oeuvre la plus gigantesque fuite en avant monétaire de son histoire.