▪ Pfiou ! Votre correspondante va avoir besoin de quelques jours pour se remettre de la conférence A la recherche du rendement perdu, qui s’est déroulée hier toute la journée. Et pour m’y aider… quoi de mieux qu’un court séjour dans les librairies et les musées londoniens ?
Je vous reparlerai plus en détails de la conférence — parce que bon nombre d’informations utiles et de questions pertinentes ont été échangées et valent la peine qu’on s’y intéresse, surtout si vous n’avez pas pu être des nôtres hier.
Mais d’ici là — et en attendant de reprendre mes pérégrinations britanniques –, faisons un petit point sur ce qui s’est passé cette semaine… et, plus notablement, sur ce que fait la Fed.
En deux mots, elle souffle le chaud et le froid.
Un jour James Bullard nous annonce que le navire QE3 fonce à toute vapeur et n’est pas près de s’arrêter… et le lendemain, son chef laissait entendre qu’il envisageait de réduire la vitesse.
Résultat : les marchés ont chuté.
C’en est au point que je me demande si les dirigeants de cette auguste institution ne sont pas en train de se payer une bonne tranche de rire à nos dépens.
Imaginez un peu les dialogues d’un bureau à l’autre : « James, dites-leur qu’on n’arrêtera jamais, ça va faire grimper tout ça fissa ! » « Attendez, attendez, je parie que je peux faire perdre 5% au Nikkei en disant qu’une stratégie de sortie est à l’étude » « Bah, je leur fais regagner le double en deux minutes seulement en annonçant que la prochaine injection de dollars se fera par hélicoptère ». Et ainsi de suite.
▪ Mais soyons sérieux. Comme l’expliquait cette semaine Simone Wapler dans sa Stratégie, « la Fed n’arrêtera jamais d’elle-même son impression monétaire, elle ne le peut pas. Tout arrêt marquerait un effondrement du soufflé gonflé depuis plus de quatre ans. La fuite en avant est programmée ».
« Tant que la majorité des gens pensent que l’impression monétaire est une bonne chose et peut aider à sortir de la crise, l’heure du grand krach n’aura pas sonné. Cherchez donc un article critique dans les grands medias sur la politique monétaire du Japon ou celles des Etats-Unis, du Royaume-Uni… Aucun sauf peut-être quelques Allemands aigris très minoritaires ».
« Une récession est en fait une correction naturelle d’un léger excès passé », continue Simone. « Tout le monde peut se tromper, et un excès d’enthousiasme se corrige naturellement de cette façon. Mais pour les politiciens d’aujourd’hui, une récession économique est inacceptable car c’est un obstacle à leur réélection. Nous aurons donc droit à toujours plus d’impression monétaire. Le grand krach ne viendra que lorsque la majorité des gens constatera que l’impression monétaire n’est pas la solution ».
Et si vous êtes comme moi, cher lecteur, vous en êtes presque à l’espérer, ce grand krach. Parce qu’il pourrait peut-être permettre — enfin — de recommencer sur des bases saines.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora