Et si, après le Japon et les Etats-Unis, les Chinois étaient les prochains sur la liste ? Quelle liste ? Celle des nations dont l’euphorie sur la pierre a été telle que son éclatement a engendré un effondrement du système ; une crise majeure aux conséquences dévastatrices.
Souvenons-nous de l’exemple japonais
Rappelez-vous du Japon du début des années 1990. A cette époque la valeur foncière de Tokyo égalait celle du territoire américain. De même la valeur de l’ensemble de l’Archipel nippon correspondait, grosso modo, à celle du reste du monde (oui, vous avez bien lu !). Comme vous le savez, vingt ans après, le mètre carré au Japon ne s’échange plus qu’à environ un dixième de sa valeur au pic de sa gloire.
Bien évidemment, les caractéristiques des crises immobilières passées diffèrent d’un pays à l’autre, d’une décennie à l’autre. Reste que le moteur est souvent identique : des taux d’intérêt bas, des facilités à l’emprunt extraordinaires et un encouragement du gouvernement envers les banques pour que celles-ci prêtent toujours plus (pour, soi-disant, que tout le monde, même la personne la plus démunie, puisse posséder un logement… On a vu ce que cela a donné aux Etats-Unis). A cela s’ajoute, en Chine aujourd’hui, de nombreux stimulus fiscaux de près de 500 milliards de dollars.
Un toit pour mieux spéculer…
Y aurait-il, à ce point, de quoi s’inquiéter ? La réponse est sans équivoque : oui, sans l’ombre d’un doute. Quelques chiffres pour en témoigner. A Shanghai, de janvier à septembre, le prix moyen pour les logements de haut standing a progressé de 54% à près de 5 400 dollars le mètre carré. L’explosion ne se fait pas sentir qu’à Shanghai. Durant le seul mois de novembre, le prix moyen des 70 plus grandes villes chinoises a bondi de 5,7%, alors que les constructions d’immeubles sur l’ensemble du territoire ont presque triplé (+194% en un mois).
L’euphorie est telle que de plus en plus de familles, si elles peuvent se le permettre, achètent systématiquement deux appartements — un pour y vivre, l’autre pour spéculer. Des mouvements à grande échelle qui inquiètent au plus haut rang du parti communiste. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, pourtant reconnu comme peu bavard sur les excentricités de sa population, s’est lui-même, rendu à l’évidence. Le 27 décembre dernier, il a déclaré à l’agence Xinhua que "les prix immobiliers ont augmenté trop rapidement".
Une déclaration que n’aurait jamais osée un Georges W. Bush ou un Ben Bernanke. Ils se sont exprimés certes, mais seulement après le déluge…
… et une "constructivite" aiguë
A plusieurs égards, le mécanisme sur le sol chinois est bien différent de la folie japonaise des années 1980 – début 1990, ou des subprime made in Etats-Unis. Il est d’ailleurs plus proche du Japon que des Etats-Unis. Dans l’empire du Milieu, le danger émerge aux extrémités des richesses. D’un côté, l’offre d’immeubles de haut standing n’arrive pas à répondre à la demande exponentiellement croissante. Dans certains endroits, la "constructivite" aiguë est telle qu’elle pousse certains promoteurs dans des projets hors normes, dans des zones entièrement inhabitées et inintéressantes au possible. De l’autre côté, peu de constructions se concrétisent pour les classes moyennes et à bas revenus.
Un exemple, le district Chaoyang de Pékin, qui représente environ un tiers des transactions en immeubles résidentiels de la capitale. Son prix moyen avoisine les 3 200 $ le mètre carré. Ceci sous-entend qu’un appartement standard de 93 mètres carrés coûte aujourd’hui l’équivalent d’environ 80 fois le revenu annuel des habitants de Pékin ! Soit une éternité. Cela crée une distorsion phénoménale entre les différentes classes de la société. Un analyste du géant obligataire Pimco, Koyo Ozeki, a d’ailleurs calculé que seuls 10% des ventes résidentielles en Chine concernent véritablement la population. En d’autres termes, 90% sont les fruits d’une spéculation à outrance entre développeurs immobiliers.
Marc Mayor est expert en investissements éliminant le risque de marché. Retrouvez-le sur www.lecoindesinsiders.com/profits-garantis.html