▪ Quiconque nous lit depuis longtemps sait que les chiffres utilisés par les autorités — et par les économistes en général — sont des chiffres spéciaux. Ils ressemblent à des chiffres normaux. Ils utilisent le système décimal. On peut les additionner. On peut les soustraire et les multiplier. Mais ce sont des imposteurs…
… Ils sont tordus… faussés… pervertis. Ils ne veulent pas dire la même chose que des chiffres ordinaires. Il se pourrait même qu’ils ne veulent rien dire du tout.
Si l’on observe une corbeille de pommes, on en trouvera un certain nombre. On peut en avoir une. On peut en avoir six. Mais quel que soit le chiffre, ce sera un chiffre vrai, réel. Il décrira de manière exacte ce qui se trouve dans la corbeille.
Mais si les autorités vous disent que le chômage est à 7,6% ? Si elles vous disent que le PIB se développe de 2,5% par an ? Si elles affirment que les prix à la consommation grimpent de 2% ?
Que savez-vous de plus ? Rien !
Ce sont des chiffres publics, non des chiffres privés. Comme l’information publique d’une manière générale, ce sont des chiffres de mauvaise qualité… contenant peu d’informations réelles… lesquelles ont souvent une valeur négative. Ces nombres ont peut-être une signification, mais ce n’est pas la même que celle qu’on attend d’autres nombres. Souvent, ils vous poussent à croire une chose qui n’est pas vraie. Et on ne peut jamais leur faire confiance.
Aux Etats-Unis, les autorités sont en train de tenter d’utiliser ces chiffres frauduleux pour réduire les déficits US. L’idée d’un tel plan est probablement née ici en Argentine. Elle est assez sournoise pour ça, en tout cas.
Les autorités américaines se proposent de modifier la façon dont elles calculent l’indice des prix à la consommation (IPC) — un soi-disant taux d’inflation en dollars courants (plutôt qu’en dollars constants) –, de manière à obtenir un chiffre plus bas et transférer ainsi moins d’argent aux bénéficiaires d’allocations et/ou de retraites. Ben tiens… Les chiffres peuvent dire tout ce qu’on veut ou presque… alors pourquoi ne pas en profiter pour arranger les affaires des autorités ?
A vue de nez, ça ressemble à la sorte d’initiative gouvernementale la plus rare — la sorte que nous approuvons. Après tout, les autorités dépensent trop. Réduire permettrait à plus de gens de garder une plus grande quantité de leur argent.
Mais est-ce que ça ne reviendrait pas à tromper les vieux croûtons et autres ?
Si bien sûr. On leur a promis de l’argent qui ne leur appartient pas. Il s’avère qu’ils en recevront moins qu’ils l’attendaient. Et alors ? Les politiciens ont promis d’ajuster les versements à l’IPC. Comme nous l’avons déjà démontré, l’IPC était truqué dès le début. Il sous-estime déjà largement les augmentations de prix réelles. Selon John Williams, du site Shadowstats, l’IPC réel — tel que calculé par les autorités sous Carter — est de 9,6%, non 2%.
Donc le gouvernement « trompe » déjà les retraités. Autant les tromper un peu plus.