▪ Eh bien, qui aurait cru qu’une petite île d’un peu plus de 9 000 km2 pourrait provoquer un tel désordre !
Tout juste un million d’habitants, et elle pourrait entraîner l’Europe tout entière dans le chaos ?
Eh bien oui. Chypre a mis le feu aux poudres cette semaine — reste à savoir si la conflagration sera généralisée… ou si les pompiers gouvernementaux réussiront à éteindre le brasier.
Voici un bref rappel des faits, admirablement résumés par Philippe Béchade lundi matin :
« L’île avait un besoin urgent de 17,5 milliards d’euros pour éviter une banqueroute — mais Bruxelles et le FMI — sous la supervision de Berlin — n’étaient disposés à lui octroyer qu’un prêt de 10 milliards d’euros au maximum. Cela contraint Chypre à supporter environ 40% de l’effort financier. Vous rappelez-vous les représentations d’Atlas soutenant le monde ? Si Chypre flanche, c’est l’euro qui va au tapis, nous expliquait-on depuis six mois ».
« Vu le PIB de l’île — voisin de 20 milliards d’euros mais qui s’est contracté de 2,4% en 2012 et devrait décroître de 3,5% en 2013 –, recevoir un prêt de 17 à 18 milliards d’euros aurait fait exploser le ratio dette/PIB et l’aurait porté à un niveau insoutenable ».
« Cependant, trouver en interne 7,5 milliards d’euros de toute urgence relevait également de la mission impossible. Cela a forcé le gouvernement de Nicosie à opter pour une série de privatisations — et surtout pour l’instauration d’une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires s’agissant de compte d’un montant inférieur ou égal à 100 000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil ».
Evidemment, la levée de boucliers a été générale. Le Parlement chypriote a purement et simplement refusé de voter une telle décision, rejetée à l’unanimité.
Depuis, à Chypre, c’est… le chaos.
▪ Cécile Chevré faisait un portrait éloquent de la situation dans La Quotidienne d’Agora :
« La BCE a menacé de cesser de fournir en liquidités les banques chypriotes et de bloquer toutes opérations financières internationales. Objectif avoué de la manoeuvre : faire plier Nicosie et convaincre le gouvernement – et le Parlement – chypriote d’accepter les conditions du plan de soutien proposé par la zone euro. Nicosie doit donc mettre sur la table 5,8 milliards d’euros pour que les 10 milliards promis soient versés ».
« La BCE justifie sa décision en expliquant que l’approvisionnement d’urgence des banques européennes en manque de liquidité (ELA) ne s’applique pas aux banques chypriotes, qui sont en situation de défaut ».
« Pour le moment, les banques de l’île restent fermées. La plupart des distributeurs automatiques ont été vidés de leur réserve de billets. Les opérations via Internet ont été suspendues… et ce jusqu’à nouvel ordre. L’île est déjà coupée du monde monétairement, et va l’être encore plus même en cas de réouverture des banques, qui a été reportée à mardi prochain ».
« Le blocage organisé par la BCE devrait avoir plusieurs conséquences :
– les réserves de cash : pour faire face à la demande en pièces et billets, Chypre va avoir recours dans un premier temps aux réserves de cash de sa banque centrale. Reste à savoir combien de temps elles pourront tenir… Chypre risque de se retrouver très vite à court de monnaie.
– les virements à l’étranger seraient impossibles, ce qui à terme devrait asphyxier l’économie chypriote ».
Cécile continue son article en nous soumettant quatre scénarios pour Chypre — dont aucun n’est particulièrement souhaitable.
▪ A l’heure où j’écris ces lignes, les discussions avec la Russie ont échoué… la proposition de nationalisation des fonds de pension d’entreprises semi-publiques a été rejetée par l’Allemagne… de même que l’idée d’un « fonds de solidarité » basé notamment sur les futurs revenus des réserves de gaz de Chypre.
Bref, les portes semblent se refermer l’une après l’autre au nez des Chypriotes… et la question que se pose votre correspondante, c’est :
Que cherchent les autorités européennes ? Pensaient-elles vraiment que leur plan initial allait être accepté ?
A moins que… à moins qu’elles n’aillent volontairement au clash ? Peut-être s’agit-il de faire de Chypre une sorte de laboratoire — un endroit où étudier en direct une situation de faillite bancaire, de paralysie du pays et de sortie précipitée de la Zone euro ?
Après tout, comme nous le disions plus haut, Chypre est toute petite, son PIB n’est pas majoritaire dans la Zone euro… Les enseignements que l’on pourrait tirer de son éviction de l’Eurozone pourraient être précieux pour — au hasard — la Grèce, l’Italie, l’Espagne…
Un point de vue trop cynique ? Peut-être. Mais j’avoue que c’est la seule explication vaguement « rationnelle » qui me vient à l’esprit pour tenter de justifier un gâchis aux proportions aussi écrasantes.
▪ Tout cela rend encore plus urgent le besoin de protéger vos actifs et votre épargne. Et donc… je vais vous demander une fois encore si vous avez pensé à vous inscrire à notre prochaine conférence, le 24 mai à Paris.
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Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora