▪ Personne ne connaît les prix comme M. le Marché. Et c’est précisément pour cette raison que le gouvernement américain hésite à le soumettre à un interrogatoire sérieux… Il a peur que les réponses soient vraiment mauvaises. Mais de quoi doit-il avoir peur ?
Laissées à leurs affaires, il est fort probable que les institutions comme le plus grand assureur du pays et ses fabricants automobiles vedettes auraient déjà trouvé leur place parmi les cancres économiques. Mais plutôt que de laisser ces dinosaures mourir déshonorés, Washington graisse les palettes et augmente au maximum le voltage du plus gros défibrillateur du monde, pour essayer de les garder en vie.
Dans quel but ? On nous a dit que c’était parce qu’ils étaient "trop gros pour sombrer". Il fallait les renflouer… les stimuler… leur injecter de l’adrénaline pour pouvoir les faire marcher en ligne droite et se toucher le nez sans tomber. Evidemment, tous ces soins médicaux coûtent de l’argent… beaucoup d’argent. Et comme le gouvernement n’en a pas, c’est le contribuable qui paie la facture.
Une armée d’éponges financières presque mortes, à demi-conscientes, et une ardoise de plusieurs milliers de milliards de dollars pour les garder en vie… n’est-ce pas exactement ce dont a besoin une économie qui lutte déjà pour sa propre survie ?
▪ L’investisseur curieux pourrait se demander si cet argent ne serait pas plus utile s’il était dépensé différemment, par quelqu’un d’autre, et pour quelqu’un d’autre. Ce même investisseur pourrait voir ces sangsues lobbyistes comme un poids pour l’économie. Il pourrait même se demander si, après tout ce qui a été fait et dit, ils ne seraient pas simplement "trop idiots pour réussir".
Le problème, quand on empêche le processus de sélection naturelle de se faire sur le marché, c’est qu’on finit pas se retrouver en mode "survie du plus faible". Les entreprises qui ne sont pas forcées de répondre à M. le Marché ne le feront pas. Elles vont plutôt inventer des astuces pour conjurer le processus, comme la valorisation en mark to model et autres tours malhonnêtes… toujours en sécurité puisqu’elles savent que si le jugement dernier se produit un jour, le gouvernement sera là pour changer leur bassin d’aisance.
Ici, à la Chronique Agora, nous voyons les choses différemment. Ne vous méprenez pas : nous savourons toutes les occasions de nous moquer de l’inefficacité des entreprises et de l’idiotie quasi criminelle qui peut régner dans les conseils d’administration. Cela rend notre travail de commentateurs encore plus facile. Mais nous préférons voir une mort rapide… une mort qui ne nécessite pas de soutien financier fourni par le contribuable.