▪ Le CAC 40 a oscillé durant 90% de la séance de part et d’autre du seuil des 3 700 points, entre 3 685 et 3 715 points de 9h00 à 16h50, pour être précis. Cependant, il a connu une soudaine accélération à la hausse vers 16h51 puis de nouveau à 17h11.
L’indice est repassé brutalement de +0,6% à +1%. Il a inscrit un zénith à 3 728 points sans nouvelle politique ni actualité économique favorable — alors que les indices américaines restaient parfaitement calmes (autour de +0,2% en moyenne).
Un nouveau « coup d’algorithme » semble avoir été déclenché. Il avait pour but de ramener le CAC 40 au contact de son niveau de clôture du 31 janvier dernier (3 732 points) : il n’a manqué que quatre points (0,1%) pour que le mois de février s’achève dans le vert — et non sur une perte finale de 0,28% à 3 723 points.
De gros échanges techniques de fin de mois à 17h35 ont fait gonfler les volumes de 600 millions d’euro (+20% par rapport aux 2,6 milliards d’euros négociés à 17h29), ce qui véhicule le (faux) sentiment d’une remobilisation des acheteurs.
Les mouvements de rebond du CAC 40 depuis 10 jours semblent fortement orchestrés et les volumes à l’achat ne suivent pas. La hausse s’alimente surtout de la fuite des vendeurs dès qu’ils identifient un de ces maudits algorithmes haussiers.
Des coups de boutoir à la hausse téléguidés par les banques centrales ? De plus en plus d’opérateurs en sont convaincus… vu la multiplication de mouvements de cours artificiels et totalement déconnectés de l’actualité du jour.
▪ Goldman Sachs, le retour
Un régime boursier de type « porte de saloon » caractérise souvent une défaillance de la tendance haussière car cela trahit d’abord une instabilité grandissante de la psychologie des opérateurs… Toutefois, tout semble tellement scénarisé que nous considérons que l’évolution du marché est totalement imprévisible pour le commun des mortels.
Sauf si l’on se place du point de vue d’une « main invisible » qui se serait fixé comme but de plumer un maximum d’opérateurs non-initiés afin de rester seul maître à bord et transformer la bulle boursière en montgolfière.
Et devinez quel opérateur se sent comme un poisson dans l’eau en période de bulle boursière ?
Quels que soient les chiffres économiques de dernières 48 heures, tout le monde avait bien compris — et Goldman Sachs le premier — que nous ne couperons pas à la réédition du record historique du 9 octobre 2007 sur le Dow Jones. C’est chose faite depuis jeudi soir 20h30.
Cela a été programmé de longue date, la Fed y tient, elle croit que les épargnants ne se sentent plus de joie et l’applaudissent à tout rompre.
Elle mettra tout l’argent qu’il faut sur la table pour que ses complices fassent le nécessaire afin de complaire à un public supposé naïf (les 98% qui ne font pas fortune en manipulant les cours)… mais qui est pleinement conscient qu’il ne s’agit que de gains virtuels et totalement artificiels et qui se demande quand va s’arrêter cette mascarade !
La fracture entre Wall Street et l’homme de la rue n’a jamais été aussi profonde — et les épargnants aussi conscients qu’on les prend pour des imbéciles.
Les opérateurs, en revanche, planent dans leur vapeur d’opium et continuent d’invoquer les dernières déclarations de Ben Bernanke qui avaient déclenché un rally haussier la veille à Wall Street.
Pourtant, personne ne doute que le QE3 sera poursuivi… et que s’il devait être réduit, le marché en serait averti longtemps à l’avance.
▪ Le QE3 condamné à continuer
De toute façon, même la possibilité d’une réduction de la taille du QE3 est une hypothèse vide de sens puisque sans les achats de bons du Trésor, l’Etat américain aurait le choix entre faire instantanément défaut sur sa dette ou cesser de payer des millions de fonctionnaires.
Comment des experts trouvent-ils encore l’énergie de défendre la thèse du soutien à l’économie… alors que 6 $ sortis des presses de la Fed (ce n’est que de la dette qui se surajoute à toujours plus de dette) ne produisent même pas 1 $ de « richesse » supplémentaire ?
Le PIB du quatrième trimestre 2012 a été révisé ce jeudi à +0,1% contre -0,1% en première estimation, loin des +0,5% espérés… Mais promis-juré, la croissance sera de retour avant l’éclosion des jonquilles et le retour des premières oies sauvages dans les Appalaches.
Wall Street continue de faire semblant d’y croire, la mascarade continue même si le grand public a déserté la salle.
Les rangées de fauteuils vides, les balcons déserts, ce n’est pas si grave. Tant qu’il y a encore les caméras des chaînes d’information économique, il subsiste encore l’illusion qu’il existe quelque part une audience « sous le charme » (de la hausse des marchés) pour les acteurs de cette farce à 1 000 milliards de dollars par an.
▪ Des records testés sur les marchés
Des acteurs qui continuent de se démener et d’en faire des tonnes sous la direction artistique de Ben Bernanke : il était donc très précisément 20h30 lorsque le Dow Jones est venu tester les 14 150 points, soit un score situé à 0,1% de son record absolu de clôture du 9 octobre 2007.
Le S&P 500 se hissait parallèlement vers 1 525 points, soit à 2% de son propre zénith historique… mais le Russell 2000 et le Dow Transportation ont débordé depuis plus d’un mois leurs précédents records d’octobre 2007 ou mai 2008.
En faisant la moyenne des grands indices américains, les plus hauts de l’automne 2007 ne sont plus qu’un lointain souvenir — et pas de façon symbolique en ce qui concerne le Dow Transport : il a pulvérisé de 10% sa meilleure marque de l’époque en inscrivant un nouveau pic à 6 035 points.
Tout « l’appétit immodéré pour le risque » se lisait dans une progression de 14% depuis le 1er janvier, avec le franchissement des 6 020 points les premières minutes de cotation.
Au final, les indices précités ont tout reperdu au cours des 90 dernières minutes de la séance — ils clôturent en repli de -0,1% en moyenne. Cependant, février s’achève sur une quatrième progression mensuelle consécutive : les jeux étaient faits avec les 1,1% gagnés la veille.
Les analystes ont beau répéter en choeur que le marché « n’est pas cher », la plupart des composantes du Dow Transport affichent des multiples qui sont tout simplement astronomiques, bien au-delà des sommets de 2000 et 2007, avec des PER souvent plus proches de 25 que des 20… ou de la moyenne historique de 15.
Ce sont là des multiples qui caractérisent sans conteste une bulle, mais que les opérateurs justifient par des anticipations de résultats dignes de l’optimisme régnant au plus fort de la bulle des dot.com… lorsque les Etats-Unis n’étaient ni confrontés à des problèmes de dette dépassant 100% du PIB, ni à des déficits supérieurs à 8% (un score bien pire que l’Espagne ou la Grèce en 2012), ni à des coupes budgétaires susceptibles de rentrer en vigueur dès ce vendredi (ce qui amputerait le PIB 2013 de 0,5% et le ramènerait à 1,5% dans la meilleure hypothèse).
La réalité, c’est que la véritable croissance depuis trois ans n’est probablement pas supérieure à 1% une fois déduite la présence américaine en Afghanistan. Les Etats-Unis n’ont pas gagné cette guerre contre le terrorisme, mais ils y survivront… La paix, en revanche, pourrait leur être fatale !
1 commentaire
Cher Monsieur Bechade,
Je viens avec beaucoup d’intérêt d’écouter votre prestation su BiEfeEme.
Rien de nouveau pour ce qui est de votre analyse : la montgolfière, les algorithmes …
Bref ce qui me rassure, c’est que vous ne savez pas pourquoi les marchés commenceront à baisser.
J’espère juste que votre calculatrice, ou votre petit cerveau, calcule un peu mieux que les algorithmes des traders. Car à vous écouter, vous ne savez pas faire un opération de base …
Un coupon de 1,50€ sur GDF avec un cours à 14,10€, cela ne ferait-il pas plutôt 10,60% de rendement …. contrairement à 5% de rendement que vous nous avez annoncé.
Règle de calcul : 1,5 / 14,10 = 10,60%
Je vous explique cette règle de 3 enseignée en CM2. Comme quoi, même 30 années d’expérience ne font pas un bon mathématicien…
Cordialement.
Aux armes acheteurs, achetons achetons, que le sang impur des vendeurs abreuve nos sillons !!!!!