La crise… politique !
Comme si la crise économique ne suffisait pas, le Japon, malgré l’élection de M. Hatoyama l’an dernier renversant ainsi 50 ans de gouvernance du PLD (parti libéral démocrate), connaît une sévère crise politique.
Après la lune de miel traditionnelle qui a suivi l’élection, le nouveau Premier ministre voit sa cote de popularité s’effriter en dessous des 50% et les problèmes s’accumuler.
Je passerai le scandale du financement occulte de son parti et les relations tendues avec l’allié historique américain pour n’évoquer que la dernière embûche qu’il vient de prendre sur la tête.
En effet, hier, le ministre des Finances, âgé de 77 ans et véritable pilier du gouvernement malgré les critiques, a présenté sa démission pour "raisons de santé". Hirohisa Fujii, qui a beaucoup oeuvré pour le budget pharaonique qui vient d’être adopté, est aujourd’hui aussi mal en point que l’économie dont il avait la charge. Fujii était connu pour être l’un des rares à ne pas craindre un yen fort ; son retrait de la scène politique devrait agiter le cours de la devise assez sérieusement.
Après le taux zéro…
Après la politique à taux zéro, c’est la politique de zéro solution qui est menée désormais par les élites japonaises qui ne savent plus trop comment faire face aux soucis qui s’accumulent sur l’archipel.
Et même le budget de plus de 700 milliards d’euros qui a été voté la semaine passée ne devrait pas changer grand-chose. Avec une dette équivalente à 200% de son PIB, le Japon continue de vivre à crédit et même s’il n’est pas le seul, sa structure démographique et son économie axée sur l’export le pénalise plus fortement que d’autres pays en cette période de crise.
De plus, si l’on considère que l’anticipation de 1,4% de croissance en 2010 sera difficile à tenir, c’est certain, la crise japonaise pourrait bien repartir pour une nouvelle décennie.
La reprise : l’Arlésienne japonaise
Pourtant, l’indice Tankan publié au mois de décembre — et qui reste sans aucun doute l’indicateur avancé le plus suivi de l’économie nipponne — nous indiquait une nette amélioration du moral des industriels. Mais cette hausse de neuf points, inattendue, n’est sans doute que le reflet de la politique de relance massive menée par les autorités. La reprise tant espérée devrait continuer de se faire attendre et la déflation dans laquelle est plongé le pays ne devrait pas faiblir tant que la demande intérieure n’augmentera pas significativement.
Avec 3,31 millions de chômeurs, 5,2% de taux de chômage (soit une hausse de près de 30% par rapport à novembre 2008) et des entreprises très frileuses à embaucher et devant naviguer à vue dans des perspectives très floues, il ne faut pas compter sur le consommateur nippon pour venir au secours de son pays.
Carry traders, à vos marques…
Et alors que l’on commence à évoquer la possibilité d’une hausse de taux aux Etats-Unis, les spéculateurs se retournent vers la devise japonaise qui va redevenir dans les prochains mois le meilleur vecteur de carry trading.
Ainsi, les mouvements auxquels nous avons assisté en fin d’année pourraient bien être un signal intéressant pour ceux qui souhaitent profiter de la vague de baisse du yen tout en accumulant les intérêts des devises à un plus haut rendement.
Si vous pouvez toujours vous placer sur les devises telles que le dollar australien ou néo-zélandais — qui bénéficient déjà d’un écart de taux favorable –, il semble qu’il pourrait être beaucoup plus rentable d’anticiper les futures hausses de taux en Zone euro et aux Etats-Unis.
Comment saisir l’opportunité ?
Après la forte hausse de la devise nipponne, il semble que les graphiques nous indiquent de bonnes zones d’entrée dans les prochains jours.
A l’image de l’USD/JPY, un retour sur 90,41 (si ce n’est pas déjà fait quand vous lirez ces lignes) est fort probable. Il faudra ensuite surveiller de près le comportement de la paire qui devrait retourner en direction des 100 yens/1$US au fur et à mesure que la remontée des taux de la Fed se matérialisera.
Vous pourrez ainsi à la fois profiter des gains générés par un positionnement pertinent et générer des swaps positifs grâce à l’écart de taux qui va s’accentuer dans le temps. Ce scénario est valide tant que nous ne passons pas en dessous de 88 yens.
[NDLR : Pour jouer les évolutions du yen en toute simplicité, suivez les conseils de Jérôme ! Des profits de plusieurs centaines d’euros sont à la clé : voyez plutôt…]