▪ L’or a grimpé. Que faut-il en penser ?
Peut-être était-ce parce que Ben Bernanke a prolongé sa "période prolongée" ? Il a déclaré, en gros, que si cette économie ne se reprend pas, ce ne sera pas de sa faute. Il maintiendra la politique monétaire aussi souple que possible pendant aussi longtemps que possible. Non que nous en ayons jamais douté. Il a une théorie. Elle est fausse, mais c’est tout ce qu’il a. Et selon cette théorie, on combat une dépression avec de l’argent facile.
Il fallait s’y attendre. Les taux d’intérêt resteront artificiellement bas aussi longtemps que Bernanke peut s’en sortir… ou jusqu’à ce que la dépression prenne fin — selon ce qui arrive en premier. Cela dit, il n’a même pas besoin de lever le petit doigt. Si l’on en juge par les dernières enchères sur la dette à court terme du Trésor américain, les prêteurs ne trouvent rien de mieux à faire avec leur argent que de le donner au gouvernement — en l’échange de rien. La dernière enchère a produit un rendement de zéro sur les prêts à un mois.
▪ Nous avons rendu visite à des banquiers suisses très rusés, cette semaine. Ils gèrent l’argent de clients un peu partout dans le monde. Que pensent-ils ? Ils étaient concentrés sur les actions.
"Cette année, les gens qui ont gagné le plus d’argent étaient ceux qui étaient le plus lourdement investis en actions", déclarait l’un d’entre eux. "Et si les schémas passés se répètent, 2010 sera une bonne année pour les valeurs boursières aussi. Chaque fois que la performance du T-Bond à 10 ans se rapproche du zéro, les années qui suivent ont tendance à être très profitables pour les investisseurs boursiers. En fait, il n’y a jamais eu d’exception, en remontant jusqu’en 1881. L’année dernière était l’une des pires de l’histoire boursière — celle-ci a été l’une des meilleures. Il devrait en être de même pour l’année prochaine".
Pour illustrer cette idée, il nous a donné un graphique montrant les performances du marché boursier sur une décennie. On pouvait y voir que les rendements boursiers sont rarement négatifs sur une période de 10 ans. En fait, seules deux occasions valent la peine d’être mentionnées. La première était dans les années 30, lorsqu’en août 1939 les actions avaient rapporté MOINS 4,86% sur les 10 années précédentes. L’autre grande période perdante a eu lieu en février de cette année : les investisseurs ont obtenu un rendement annuel moyen de -3,43% depuis 1999.
Le message semble assez simple. Lorsque le marché se renverse du tout au tout… on peut s’attendre à ce qu’une hausse notable s’ensuive. Mais en étudiant le graphique plus soigneusement, nous avons vu deux choses. Pour commencer, il y avait des approximations dans les chiffres. Le schéma des années 30 n’était pas une rupture claire suivie par un rebond clair… mais une série de ruptures et de rebonds. En fait, les investisseurs ont subi 10 années de pertes avant les années 30… puis de nouvelles périodes de pertes sur 10 ans durant les années 37, 38, 39 et 40.
L’autre chose que nous remarquons est qu’un investisseur pouvait gagner beaucoup d’argent dans les années 30… s’il avait de la chance. L’année 1933 a été l’une des meilleures années de tous les temps. Bien entendu, l’investisseur en question aurait bien fait de prendre ses gains tout de suite. Les prix ont glissé en 1934… rebondi… puis se sont effondrés. A la fin des années 40, le pauvre investisseur de long terme n’avait pas gagné un sou durant deux décennies d’investissement. Ce schéma, au passage, n’est guère différent de ce que les Japonais ont vécu durant les 20 dernières années. Ils ont vu des périodes positives. Ils ont vu des périodes négatives. Mais la tendance générale des marchés a été baissière durant deux décennies.
▪ Nous avons le sentiment que le pire est encore à venir pour le marché actuel également. Rares sont les erreurs de la période de bulle qui ont été corrigées. Aucun des défis de la nouvelle économie post-bulle n’ont été relevés. Seule une petite partie de la gigantesque montagne de dettes a été éliminée et traitée correctement. Les grands ajustements restent à venir.
Ce qui nous ramène au prix de l’or. Il dépassait les 1 200 $ il y a seulement quelques jours. Il a subi une petite correction. Mais nous doutons qu’il s’agisse de la correction que nous attendions. Il n’y a toujours aucun signe d’inflation des prix à la consommation. Pas plus qu’il n’y a de signe de consommateurs revenant à leurs vieilles habitudes dépensières. Ou que les emplois deviennent plus abondants… ou encore que cette récession prenne bientôt fin. Lorsque cela deviendra plus clair, les actions chuteront une fois encore. L’or aussi devrait chuter.
Les gens voudront de la sécurité. Mais où iront-ils la chercher ? Ah, c’est une autre grande question. Durant la première étape de la crise, ils ont vendu l’or et acheté des dollars. Feront-ils la même chose la prochaine fois ? Ou craindront-ils que le dollar fasse partie du problème, plutôt que de la solution ? Et si c’est ainsi, ne fuiront-ils pas les actions, en faveur de l’or ?
Nous n’en savons rien.