▪ « Qu’arrive-t-il à l’or ? »
C’est la grande question que nous nous posons en ce moment à la rédaction des Publications Agora. Où vont les cours ? Faut-il s’attendre à une baisse en 2013 ? Pourquoi l’Allemagne rapatrie-t-elle le sien ? Les réserves d’or français à la Fed sont-elles rangées sur l’étagère droite en entrant, ou au contraire sur celle de gauche ?
Plus sérieusement, nous nous sommes penchés sur un phénomène qui va sans le moindre doute peser sur les cours dans les mois qui viennent — un pays, même plutôt qu’un phénomène : l’Inde.
Comme l’expliquait Simone Wapler il y a quelques jours, « les achats d’or ont creusé le déficit commercial (64 milliards de dollars, 5,4% du PIB). La Banque centrale indienne (RBI comme « Reserve Bank of India ») a commis un rapport disant qu’elle avait « besoin de modérer les importations d’or, car l’appétit insatiable pour le métal jaune pourrait mettre en danger la stabilité économique ».
« […] Donc le gouvernement indien et la RBI essayent d’attirer les gens vers de l’or papier », continue Simone. ‘Les banques ont besoin d’introduire de nouveaux produits financiers adossés à l’or qui pourraient réduire ou différer la demande d’importation’. C’est d’une naïveté (ou d’un cynisme) admirable : ces produits adossés à l’or sont adossés à quoi exactement ? Ou ils rencontrent du succès et il faut l’or physique qui correspond au papier… ou bien ils n’en ont pas et le problème reste entier ».
« A priori ils n’en auront pas. Les Indiens sont traditionalistes : ils épargnent, ils se méfient de leurs banques et ils se méfient de la roupie. La guerre commence entre des autorités ‘goldophobes’ et des citoyens qui n’entendent pas stocker leur épargne en roupies. En 2012, le gouvernement a marqué des points en doublant les taxes sur les lingots (portées à 4%) et sur toutes les autres formes physiques de l’or (taxe portée à 10%). Les importations d’or ont baissé de 30%. Selon L’Agefi du 3 janvier, le ministre des Finances, Palaniappan Chidambaram, veut continuer à augmenter les taxes pour faire encore baisser les importations de 20 à 25% ».
« En attendant, ce recul de l’or doit faire le bonheur des Chinois qui sont poussés par leur gouvernement à détenir de l’or (les autorités y voient un moyen de contenir la bulle immobilière). Oui, l’Inde est un marché majeur. Oui, les taxes freinent les achats d’or. Mais la seule chose qui peut tuer l’or c’est une monnaie saine… et malheureusement, ce n’est pas le cas ».
▪ En revanche, comme nous l’expliquait Dan Amoss vendredi, l’or peut sauver une monnaie malsaine — et notamment le dollar, dont les fondations sont de plus en plus pourries à mesure que le temps passe :
« Annuler la dette est la seule façon de restaurer la solvabilité », disait Dan. « L’économie serait alors libérée de son fardeau de la dette à rembourser. Mais il existe une façon de réduire radicalement la dette sans avoir recours à un effondrement déflationniste : cela implique de restaurer l’étalon-or à 10 000 $, 20 000 $ ou même plus ».
« Dans une récente lettre d’investissement, QB Asset Management explique comment un bouton de réinitialisation inflationniste pourrait réduire radicalement la valeur réelle de la dette nationale américaine, qui augmente rapidement :
‘Si l’on prend l’exemple des Etats-Unis, la Fed achèterait l’or du Trésor américain à un prix fixé, beaucoup plus élevé que son cours actuel. Plus le prix sera élevé, plus on créera de base monétaire et plus la dette publique sera amortie. Une augmentation d’un facteur 8 à 10 du prix de l’or via ce mécanisme assurerait une garantie totale de tous les dépôts bancaires en dollars (un désendettement total du système bancaire)’. »
Certes, un tel événement n’est pas près de se produire… mais une telle analyse permet de remettre les choses en perspective… et de se remémorer que l’or, au-delà de son statut de « placement », est surtout un garant — une sécurité, une assurance, une base solide, non-manipulable et multipliable à l’envi.
J’espère que vous en avez un peu, quelque part dans votre portefeuille !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora