▪ La semaine dernière, nous avons gardé l’oeil sur l’or… et sur le dollar. A mesure que le dollar grimpe, l’or baisse. Nous ne pensions pas que les choses se passeraient ainsi. Nous nous attendions à un krach boursier d’abord.
Mais on ne sait jamais. Et nous allons prendre ce qu’on nous offre. L’or subit une correction ; c’est ce que nous attendions.
Eh bien, nous ne savons pas vraiment ce qui se passe. Les actions ont un peu regrimpé la semaine dernière. Jusqu’à présent, aucun signe de la déroute que nous attendons. Nous laissons toutefois flotter notre drapeau d’Alerte au Krach, en lambeaux… juste au cas où.
L’or aussi a repris du terrain. C’était tout ? Etait-ce là le creux censé permettre de vous positionner ?
Nous aimerions pouvoir vous le dire. Pour autant que nous puissions en juger, il s’agit là de la partie du marché qui n’est que du "bruit", et pas grand-chose d’autre. L’or est un très bon pari pour le long terme. Parce que c’est un pari contre Bernanke & co. Il faut envisager la situation comme suit : où préféreriez-vous placer votre argent ? Sur l’intelligence et l’intégrité des banquiers centraux américains… ou sur un métal bête et méchant ? Nous choisissons le métal !
Il suffit de regarder ce que fait l’équipe Bernanke. Ecoutez ce qu’ils disent. Ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils font… et pourtant, ils en font beaucoup. Ils ont plus que doublé la masse monétaire américaine en moins de 18 mois. Ils ont acheté des centaines de milliards de dollars de prêts douteux de la part des banques. Ils ont menacé de larguer de l’argent par hélicoptère plutôt que de permettre à l’économie de corriger ses erreurs.
Nous prendrons l’or, merci beaucoup… et nous attendons de voir ce qui se passera ensuite.
▪ Les marchés ressemblent plus à des êtres vivants qu’à des objets inanimés. Ils ont un coeur, une âme et un sens de l’humour. Ils ne réagissent pas uniquement aux circonstances. Ils créent les circonstances. Ensuite, ils y réagissent. Puis ils rient un bon coup. Voilà pourquoi l’Hypothèse des Marchés Efficients n’est que sottises. Cette théorie veut que les marchés agissent comme des balles de caoutchouc ou de la limaille. Elle s’attend à ce qu’ils se comportent comme des objets, plutôt que comme des êtres humains.
Le réchauffement planétaire est probablement une idée fausse. Le réchauffement boursier, en revanche, est une certitude. Sortez assez d’argent brûlant… mélangez-le à des illusions illimitées… et c’est ça qu’on obtient.
La véritable science exige une capacité à reproduire des résultats et prouver le contraire d’une affirmation. S’il n’y a pas moyen de prouver qu’une hypothèse n’est pas la bonne, ce n’est pas vraiment de la science. Ce ne sont que des suppositions. Personne ne peut prouver grand-chose en ce qui concerne le climat terrestre. On ne peut pas faire d’expérience contrôlée. Tout ce qu’on a, ce sont des réflexions et des conjectures.
Les marchés sont similaires. Personne ne sait vraiment pourquoi les choses se produisent. Mais nous savons que les humains jouent un rôle central dans le comportement des marchés, et que ce qu’ils pensent est important. Voilà pourquoi on ne peut pas mesurer le risque en observant le comportement passé. Les investisseurs ne pensaient pas les mêmes choses, à l’époque.
Dans les années 90, les investisseurs ont commencé à penser que les actions surperformaient toujours les obligations, et que le marché boursier américain était le pari le plus sûr et le plus solide de la planète. Ils accordaient donc une confiance quasi illimitée à Wall Street, aux actions et à l’avenir. Les titres ont grimpé en flèche. Et que s’est-il passé ensuite ? Au cours de la décennie qui a suivi, les actions américaines ont sous-performé les obligations et se sont révélées être le marché boursier aux pires performances du monde.
En voilà, un sens de l’humour !
▪ Et à présent, que pensent les investisseurs ? Ils pensent que nous sommes dans une reprise. Ils ne s’attendent pas à ce qu’elle soit très robuste. Ils sont peut-être en colère contre les autorités pour avoir donné tant d’argent aux banquiers, mais ils sont sûrs que la situation est sous contrôle. Les obligations américaines sont toujours le pire crédit au monde, selon eux. Et les actions valent toujours presque autant que de l’argent en banque. D’accord, elles ont peut-être pris des coups… mais elles rebondissent toujours.
C’est du billard pour le marché baissier. Il doit démolir ces attitudes confiantes, intrinsèquement haussières. Il a filé une bonne frousse aux investisseurs en 2008-2009. Pour autant que nous puissions en juger, il a réussi à chasser les consommateurs hors du parc. Sans source de financement ou augmentation de revenus, les consommateurs ont été forcés de réduire leurs dépenses. Ils n’ont pas le choix. La mode suit souvent la nécessité ; la consommation ostentatoire cède le pas à la frugalité.
Mais les investisseurs — en particuliers les spéculateurs — sont toujours des croyants convaincus. Les autorités n’ont pas réussi à stimuler les dépenses de consommation… mais elles n’ont pas perdu de temps pour mettre les marchés d’actifs dans le mixeur. Les spéculateurs profitent de taux d’intérêt réels de court terme sous le zéro… et des fruits du TARP. On a appris en plus que les autorités vont prolonger le TARP jusqu’en octobre 2010… et utiliser les fonds non dépensés pour d’autres mesures de relance.
Pas étonnant que les marchés soient en ébullition ! Ouvrez les yeux. M. le Marché Baissier va souffler sur les bulles. C’est son travail.