▪ Le Dow chute.
L’or chute.
Le pétrole chute.
Le cuivre chute.
Les rendements chutent.
Nous avons lutté, cher lecteur. Nous avons médité. Nous avons prié. Nous avons absorbé abondance d’alcool.
Et enfin… nous avons surmonté la terrible tentation de clamer : « on vous l’avait bien dit ! »
Comme vous le savez, Martin Wolf, du Financial Times, est la voix de l’establishment économique. Tout ce que la profession compte de bon et de prestigieux — c’est-à-dire pas grand-chose — trouve sa voix en M. Wolf. Et ces idées sont ensuite acceptables pour les législateurs, les ministres des Finances et les banquiers centraux — sans parler des gens que l’on croise lors des dîners en ville.
Et voilà donc notre économiste néo-keynésien. Que dit-il ?
Que le monde suit les pas du Japon.
Bien entendu, tel était le message diffusé il y a déjà 10 ans par un certain économiste renégat dont nous ne mentionnerons pas le nom. Il affirmait que le Japon ouvrait la voie, plutôt que de la suivre… et que les Etats-Unis lui emboîteraient le pas… avec un délai d’environ 10 ans.
Il a même écrit un livre sur le sujet, en collaboration avec Addison Wiggin : L’Inéluctable faillite de l’économie américaine.
Où avait-il trouvé cette idée ? Nous ne nous en souvenons pas. En revanche, nous nous rappelons que tout le monde s’en est moqué. « Le Japon ? » ont dit les gens. « Les Etats-Unis ne ressemblent en rien au Japon. Nous avons une économie dynamique et robuste. Nous avons Lehman Brothers, Bear Stearns et les prêts hypothécaires simplifiés de Countrywide. Nous avons Alan Greenspan. Et George W. Bush. Nous avons une ‘mission accomplie’ en Irak. Nous avons la Silicon Valley, Bernie Madoff et un boom immobilier. Le Japon n’a rien de tout ça. Ha ha ha ».
Mais à présent, rit bien qui rit le dernier !
Le marché japonais a atteint son sommet en 1990. Le marché américain a atteint le sien — en termes réels — en 2000. A partir de là, le Japon a subi une récession par intermittence… une chute générale des prix… et des conditions ralenties. Il est désormais de retour dans l’ornière…
… et à présent, tant l’Europe que les Etats-Unis ressemblent de plus en plus au Japon.
▪ Préparez-vous à des temps difficiles
Martin Wolf nous en dit plus :
« Le 10 mai 2012, le rendement sur le Bund allemand à 10 ans était de 1,44%, celui du bon du Trésor US à 10 ans était de 1,85%, et celui du gilt britannique à 10 ans était de 1,9%. Ce sont des chiffres extraordinaires. Ils sont particulièrement frappants dans le cas des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, qui, contrairement à l’Allemagne, ont des déficits budgétaires très profonds et connaissent une augmentation très rapide de l’endettement du secteur public ».
« Cette combinaison de taux obligataires gouvernementaux en baisse et d’une hausse rapide de l’endettement du secteur public nous rappelle bien entendu ce que vit le Japon depuis 1990 ».
« A la fin de 1990, quand son ‘économie de bulle’ a éclaté, le rendement de l’obligation souveraine japonaise à 10 ans était de 6,7%. A mesure que l’économie déclinait, la déflation est ensuite entrée en scène, et les déficits budgétaires ainsi que la dette publique ont explosé. Mais les rendements des obligations gouvernementales japonaises à 10 ans (JGB) ont chuté ; ils ont frôlé les 2% en 1997, puis, avec des fluctuations notables, sont passés à des plus bas de 0,8% en 1998, 0,4% en 2003, et, récemment, 0,9%. En bref, plus les conditions d’endettement actuelles et à venir du gouvernement japonais empiraient, plus les taux d’intérêts sur les JGB baissaient eux aussi ».
« De même, en juillet 2007, juste avant le début de la crise et l’explosion qui s’en est suivi pour les déficits budgétaires et la dette, le bon du Trésor US à 10 ans rapportait 5,1%. A présent, près de cinq ans plus tard, les obligations [américaines] rapportent moins de 2%. De même, au Royaume-Uni […], avec de gigantesques déficits budgétaires et des programmes d’austérité glissants, les rendements sont passés de 5,5% en juillet 2007 à moins de 2% ».
Qu’est-ce que ça signifie ?
Eh bien, si les Etats-Unis et l’Europe suivent le Japon… et si le Japon ne va nulle part… alors trois des plus importantes régions de la planète sont en panne.
Si c’est bien le cas, on peut s’attendre à ce que toute l’économie mondiale « devienne japonaise ».
Ce qui signifie une baisse des prix des matières premières. Une baisse du prix du pétrole. Une baisse du prix de l’or. Une baisse des taux d’intérêt. De mauvais chiffres de l’emploi. Une croissance basse ou négative. Une baisse des prix de l’immobilier…
… et probablement un krach boursier.
Accrochez-vous !