** Ayez pitié des pauvres riches ! Ayez pitié des pauvres ! Ayez pitié de nous tous !
* A la Chronique Agora, nous prenons toujours le parti des humbles… des méprisés… des opprimés… et des mal bâtis.
* Aujourd’hui, ça signifie les riches…
* Oui, cher lecteur, les riches en prennent pour leur grade. On les critique. On les maltraite.
* Leurs gouvernements leur en veulent… les impôts sur "la richesse" augmentent. Et leurs salaires sont la cible des tribunaux et des politiciens. Terminé, les bonus à plusieurs millions de dollars… ce n’est plus possible avec les autorités qui guettent par-dessus leur épaule. Sans oublier que les revenus provenant de leurs investissements baissent aussi. Le rendement des actions boursières américaines est à peine à 3% — comment voulez-vous qu’un rentier vive avec ça ?
* Et les plus-values ? Oubliez ça. Les actions rebondissent depuis le 9 mars dernier. Le rally a permis aux investisseurs de récupérer environ 45% de ce qu’ils ont perdu. Mais dans l’ensemble, on ne constate aucun gain sur les marchés boursiers depuis plus de 10 ans. Aucun. Ajoutez à cela les effets de l’inflation et tout est dit ; les investisseurs ont perdu entre 25% et 30% de leur argent.
* Pourtant, tout le monde montre les riches du doigt — comme s’ils étaient à blâmer pour la débâcle financière de ces dernières années. Certains économistes accusent même "l’inégalité croissante des revenus" d’être la cause de la crise.
* C’est injuste ! Les riches n’ont pas causé le problème… ils se sont contentés d’en tirer parti autant qu’ils le pouvaient. C’était une époque où la "financiarisation" était en hausse… où l’argent générait de l’argent, du moins en théorie. La spéculation et les prêts rapportaient gros. Evidemment, il faut avoir de l’argent, pour prêter ou spéculer. Certains des "riches" — ceux de l’industrie financière — y sont allés plein pot.
* Puis est venue la révolution de 2007-2008 et les riches ont perdu la tête. Qui a perdu 50 000 milliards de dollars en actions et en immobilier ? Pas les pauvres. Qui a vu s’évaporer ses positions en produits dérivés ? Qui a vu ses actions chuter à pic ? Qui constate que son manoir dans la banlieue de Los Angeles ne vaut désormais pas plus qu’une cabane de jardin ?
* Non, les riches… et les bourgeois… sont dans les ennuis jusqu’au cou.
** A un certain niveau, toutes ces questions sur qui gagne quoi… et qui possède quoi… ne sont jamais que des bavardages envieux. Pour ceux d’entre nous qui ont de quoi manger et un toit au-dessus de la tête, l’argent n’est qu’un sport. Où est la différence ?
* Nous n’en savons rien. Nous revenons donc au jeu. Comment obtenir plus de richesse que nos voisins ?
* Et là… remettons un peu les choses en perspective…
* Lorsque les Grands Khans parcouraient le coeur de l’Eurasie, aux 13ème et 14ème siècles, rien ne pouvait les arrêter, apparemment. Leurs soldats étaient quasiment nés à cheval. Dès leur enfance, ils apprenaient à chevaucher, à combattre… et c’est à peu près tout. La population européenne, pendant ce temps, était plus stable… et plus molle.
* Mais l’Europe n’était pas vraiment la plus jolie pomme de l’arbre. Les Mongols avaient le choix. L’ouest — pour conquérir l’Europe. Le sud — pour conquérir l’Inde. Ou l’est — pour conquérir la Chine.
* Ils attaquèrent l’Europe, mais sans conviction. Ils consacrèrent plutôt la majeure partie de leurs efforts à l’Inde et à la Chine. Pourquoi ? Elles étaient plus riches ! Il y avait plus de choses à voler.
* Il est difficile de faire des comparaisons. Mais à l’époque, l’Orient était au moins aussi riche que l’Occident. Puis est arrivée la révolution industrielle, et l’Orient a pris du retard. Les Occidentaux ont appris à épargner… et à mettre leur épargne dans des investissements — machines, usines, canaux, chemins de fer, mines, bateaux et toutes sortes de choses permettant d’être plus productif. Cette production supplémentaire les a rendus riches. Pour résumer, ils pouvaient fabriquer plus de choses !
* Avec la capacité de produire plus — et mieux — est arrivée la capacité de produire des choses avec lesquelles on peut tuer des gens. Ils ne tardèrent donc pas à fabriquer des mitrailleuses. Et le guerrier des steppes juché sur sa monture ne tarda pas à s’avérer aussi archaïque et hors de propos que les légions romaines. Il pouvait toujours charger avec élan. Il pouvait toujours mettre sabre au clair et tirer à l’arc… fournissant un joli sujet pour les peintres et les poètes. Et il mourait avec tant de talent ! Il suffisait de l’arroser avec une mitraillette de calibre 50 pour qu’il s’effondre.
* Mais la roue tourne. Qui épargne aujourd’hui ? Les Chinois économisent 25% de leur revenu. Aux Etats-Unis, le taux grimpe… de zéro à 5% !
* Qui construit des usines ? Qui maîtrise la révolution industrielle ? Qui s’enrichit ? Qui innove ? Qui construit des villes ?
* Qui est le plus grand créditeur du monde ? Qui a le plus gros tas d’argent ?
* Oh, cher lecteur… vous connaissez déjà la réponse…
* "L’Occident fanera ; l’Asie prendra la tête"… titrait Barron’s cette semaine.
* Et que voyons-nous là…
* "L’immobilier commercial chinois plus cher qu’aux Etats-Unis", titrait Bloomberg.
* Oui, cher lecteur… ainsi va le monde. Les perdants deviennent des gagnants. Les gagnants deviennent des perdants. Le jour cède à la nuit ; l’été cède à l’hiver. La vie continue… toujours pareille… mais jamais la même.
[NDLR : En tant qu’investisseur, vous pouvez subir ces grandes tendances… ou les comprendre et en profiter : le choix est entre vos mains…]