** On apprenait hier matin que la société China State Construction Engineering a été introduite en Bourse. C’est la plus grande introduction — à 7,3 milliards de dollars — depuis plus d’un an. C’est également le plus grand constructeur immobilier chinois. Dès que les actions ont touché le marché, elles ont grimpé en flèche… clôturant 56% plus haut que leurs cours d’introduction. A ce cours, elles s’échangent environ 40 fois les estimations de bénéfices pour 2009.
* Pourquoi voudrait-on payer 40 fois les bénéfices pour un constructeur immobilier ? C’est une activité assez facile à mettre en place. Pas de barrières qu’un peu d’argent… un bon réseau… et une scie circulaire ne pourraient surmonter. Et la croissance est limitée… par le fait que d’autres constructeurs se lancent sans arrêt. Si l’investisseur a acheté ses titres à 40 fois les bénéfices, il ne peut obtenir que 2,5% sur son argent — si l’entreprise verse 100% de dividendes ! Alors pourquoi payer si cher ?
* La réponse est double. Pour commencer, la Chine a mis en place un plan de relance économique proprement gigantesque. Elle a donné le signal à ses banques. Les banques ont réagi en ouvrant les vannes. Durant la première partie de 2009, les prêts représentaient le triple de ceux de la même période une année auparavant. Naturellement, ces liquidités ont fait effet. L’économie est en plein boom. On achète tout ce qu’on peut acheter à crédit. Mais… comme nous le savons tous à la Chronique Agora… on ne peut pas acheter la vraie prospérité à crédit.
* Il y a une autre raison à la bulle des valeurs des constructeurs immobiliers : les investisseurs — en particulier les investisseurs en Chine — n’ont rien appris du krach de 2007-2008.
* C’est notre petit secret, n’est-ce pas, cher lecteur ? Le reste du monde ne semble pas conscient de la manière dont les marchés fonctionnent… et ils pensent que le crédit est un engrais miracle pour l’économie.
** Sauf que les marchés ne sont pas mathématiques… ni mécaniques ; ils sont moraux. Leur dessein n’est pas de rendre les gens riches, mais de les rendre sages. Et encore… seulement pendant un temps.
* S’ils étaient mathématiques, on pourrait rendre les gens plus riches en ajoutant des zéros. Mais ce n’est pas aussi simple. Le Zimbabwe a essayé — ça ne fonctionne pas. Un lecteur nous a offert un billet de 10 000 MILLIARDS de dollars — un vrai billet imprimé par le Trésor du Zimbabwe. Prenez-le — ainsi que cinq dollars américains — et vous pourrez acheter une tasse de café à Harare… s’il y en a.
* Si les marchés étaient purement mathématiques, on pourrait essayer d’anticiper les mouvements de prix avec des ordinateurs et un diplôme de maths. Bon nombre de gens ont essayé. Pour autant que nous en sachions, aucun n’a jamais vraiment réussi.
* Ce ne sont pas non plus des systèmes mécaniques. Lorsque les cours baissent, on ne peut pas resserrer des boulons… tirer des leviers… On ne peut pas ajouter du carburant ou graisser les rouages. Ce n’est pas aussi simple.
* Non, les marchés sont des systèmes naturels complexes… Comme une maîtresse, on peut les amadouer et les manipuler… mais on ne peut jamais les contrôler ou les prédire. C’est ce qui les rend aussi intéressants, bien entendu.
* Les marchés sont toujours en train de nous apprendre quelque chose… de nous corriger… de nous donner un bon coup de pied au derrière. Ce sont des leçons morales… au sens large. C’est-à-dire que si vous faites le mauvais choix, vous en êtes puni. Marchez sur un râteau, vous vous le prendrez dans la figure.
* Le but d’un marché baissier est de corriger les erreurs du boom qui l’a précédé. Parmi les principales erreurs, il y a celle consistant à penser qu’on peut gagner de l’argent en spéculant en Bourse. Une fois que cette idée est installée, le bon sens passe par la fenêtre. Les gens achètent des dot.com sans business plan… et des constructeurs immobiliers à 40 fois les bénéfices :
* Mais c’est ainsi qu’on saura que la correction est terminée : lorsque les gens abandonneront les marchés boursiers… lorsqu’ils ne voudront plus avoir affaire à eux. Si l’on en juge par l’actualité du moment… nous en sommes encore loin.
* Préparez-vous à un autre krach… la prochaine étape baissière de cette correction historique… le prochain coup de pied au derrière… la prochaine leçon morale.
1 commentaire
Je suis prêt depuis 2009, le nouveau krach arrive bientôt ? 2019 ? C’est que ça commence à faire un peu long et les indices se sont envolés depuis… 😉