** Beaucoup de choses ont changé depuis 1959, l’année de ma naissance. A l’époque, le monde entier enviait l’économie américaine…et aucun pays ne lui arrivait à la cheville. Aujourd’hui, les Etats-Unis demeurent l’économie dirigeante. Mais le pouvoir semble lui glisser entre les doigts. Les investisseurs ne peuvent pas se permettre d’ignorer cette tendance.
– Pour les investisseurs, la nouvelle notion de "normal" va sembler très différente de l’ancienne. En 1954, General Motors a été la première entreprise américaine à gagner un milliard de dollars. Aujourd’hui, la totalité de la capitalisation boursière de General Motors n’atteint même pas les 300 millions de dollars. D’un autre côté, Facebook vient juste d’être vendu pour 10 milliards de dollars. Avez-vous vraiment besoin d’en savoir d’avantage sur la solidité de l’économie américaine ? Pourra-t-on vraiment, par le biais de Facebook, atteindre une vitalité économique à long terme ?
– Des données comme celles-ci devraient faire froid dans le dos à tous les étudiants en histoire de la finance. La bonne nouvelle, c’est que Rome n’a pas été réduite en cendres en un jour. La mauvaise nouvelle, c’est que Rome brûle déjà depuis un bon moment.
– Les tendances macroéconomiques aux Etats-Unis ne sont pas d’un grand réconfort. Les tendances microéconomiques le sont encore moins. A court terme, l’économie américaine continue à faire face à d’énormes obstacles qui empêchent une croissance économique durable.
– Je ne crois pas au mythe des "jeunes pousses", et en voici les raisons :
- Le consommateur se désendette de sa propre volonté.
- Le consommateur se désendette également contre sa volonté, puisque les intermédiaires financiers du pays réduisent l’accès au crédit.
- Les nantissements de prêts perdent encore de la valeur — les maisons, les bureaux, les entreprises, les centrales, les équipements et le cash flow des entreprises sont tous en chute. Malheureusement, le ralentissement du taux de détérioration — comme le ralentissement d’une crise de lèpre — ne fera jamais repousser la peau sur les os, peu importe le temps que vous attendez.
- L’économie se détériore.
– "Le désendettement qui se produit dans le monde continue à très grande échelle", déclarait-il y a quelques mois Igor Lotsvin, un gestionnaire de fonds de couverture baissier. "Il y a encore beaucoup de souffrances à venir"… "Avant de voir le début d’une reprise", a ajouté Lotsvin, "il faudrait voir le début d’une volonté des banques à prêter. Mais rien à l’horizon de ce côté-là".
– "Pensez donc aux consommateurs américains", continue Lotsvin. "Leur compte épargne retraite a été réduit de moitié, leur maison vaut 30% de moins qu’il y a trois ans… et maintenant leur seule source de liquidités est leur carte de crédit. Et ça aussi, ça disparaît rapidement"…
– Une croissance durable dans les dépenses des consommateurs ne risque donc pas de se produire avant longtemps, surtout quand on sait que 16% des travailleurs américains sont sans emploi. Il s’agit là du chiffre réel puisqu’il comprend aussi les chômeurs à long terme.
– "Mais qu’en est-il du rebond de la Bourse ?" doivent se demander certains d’entre vous. "N’est-ce pas le signal d’une reprise économique ? Et qu’en est-il des prévisions optimistes de tant d’experts financiers ?"
– Ignorez-les. L’économie n’est pas en rémission, ce qui signifie que la Bourse reste vulnérable à une rechute. Dans le contexte d’un gros rebond à Wall Street depuis mars, il ne faut pas oublier que c’est ce que fait la Bourse pendant les gros marchés baissiers. Il n’est pas inhabituel de voir les marchés enregistrer des rebonds considérables, même en plein milieu d’une longue tendance baissière. Il s’agit même d’un phénomène courant.
** Il faut donc se poser la question suivante : "que faire ? Comment investir dans cette nouvelle ‘normale’ ? Comment investir dans cette incertitude et cette misère économique constante ? Comment investir dans une Bourse aussi volatile et déconcertante ?"
– Eh bien, la réponse que je propose, c’est de vous construire un "portefeuille permanent" — un portefeuille qui offre la possibilité de faire de bons bénéfices sur le long terme, tout en vous protégeant d’une volatilité qui donne la nausée.
– Pour ce portefeuille permanent, je vous conseille les composantes suivantes :
- Matières premières (dont l’or)
- Actions de marchés émergents
- Valeurs défensives du reste du monde
- Liquidités dans plusieurs devises (certificats de dépôts et des bons du Trésor à court terme, ainsi que des dettes souveraines d’autres pays, à court terme).
– Je vous ai ici donné des catégories assez larges. A vous de compléter comme bon vous semble [NDLR : Vous pouvez aussi suivre les conseils d’un spécialiste de la nouvelle "normale", en continuant votre lecture…]
– Si le marché continue à grimper, un portefeuille comme celui-ci va rester à la traîne. Mais le contraire est également vrai. Dans un marché qui chute, une version du portefeuille permanent que je vous ai suggéré s’en sortirait plutôt bien. Cependant, l’idée n’est pas de jouer sur les mouvements à court terme du marché, mais de répartir un investissement pour donner à votre capital le potentiel de traverser les années difficiles qui nous attendent peut-être.
– Bonne chance à vous.