▪ Il ne s’est rien passé de décisif la semaine dernière si l’on ne considère que l’évolution des indices boursiers. En revanche, les détenteurs de métal précieux ont retrouvé le sourire !
L’once d’or a tout simplement repris 200 $ sur ses planchers de fin décembre, dont 65 $ (le tiers de cette hausse) rien que pour les trois dernières séances.
Les stratèges ont manifestement interprété le communiqué de la Fed du mercredi 25 janvier comme le signal d’un nouveau cycle d’affaiblissement du dollar par le biais d’une politique monétaire laxiste pouvant évoluer vers un nouveau recours à la planche à billets d’ici le milieu de l’année.
▪ L’euro prend de la hauteur et le PIB américain faiblit
L’euro a bondi de 2% depuis le 20 janvier et continuait de progresser dimanche sur les marchés émiratis et saoudiens. Il déborde le 1,32 face au dollar et se retrouve en position d’accélérer en direction des 1,35 $ — ce qui ne ferait pas les affaires des entreprises exportatrices de l’Eurozone.
Le facteur monétaire a probablement pesé sur les places du Vieux Continent vendredi. Mais les marchés ont également accusé le coup de la déception causée par la relative modération de la croissance américaine au quatrième trimestre 2011. Cette dernière est ressortie à 2,8%, légèrement en dessous du consensus qui se situait dans la fourchette comprise entre 3% et 3,2% — notez que ce chiffre est souvent révisé de façon spectaculaire en seconde estimation.
Dans le détail, la structure du PIB américain trahit quelques sérieuses faiblesses comme le recul du taux d’investissement des entreprises. Si la consommation demeure étonnamment vigoureuse (2% alors que les salaires stagnent complètement), cela s’obtient au prix d’une désépargne massive des ménages américains qui siphonnent leurs fonds de retraite pour financer leurs dépenses courantes.
Cela dit, cet argent mis de côté est fait pour être consommé et les tentations sont nombreuses. Il suffit d’observer le succès de la gamme des produits Apple malgré leurs marges stratosphériques ou l’explosion des ventes en ligne à l’occasion de Thanksgiving, avec des politiques de prix discount ultra-agressives (plus on dépense, plus on économise !).
▪ Le CAC 40 tire sur la corde
En France, c’est maintenant une certitude : la période des soldes a démarré mollement et les entreprises n’embauchent toujours pas. Le chômage a fortement augmenté au mois de décembre et on ne peut pas accuser la météo d’être responsable de l’arrêt des chantiers dans le secteur du BTP pour cause de routes verglacées et de béton menaçant de geler.
Quoi qu’il en soit, pas de troisième semaine de hausse pour le CAC 40 (-1,3%) qui a perdu une poignée de points supplémentaires durant le fixing. Cela fait toute la différence entre un bilan hebdomadaire positif et négatif.
Une consolidation qui se dessine dans des volumes inférieurs à 2,8 milliards d’euros ne menace pas la tendance haussière qui s’est mise en place depuis le 20 décembre dernier. Mais le CAC 40 tire sur la corde depuis le premier test des 3 250 points début janvier.
Le but de la manoeuvre, comme nous l’avons déjà expliqué, est de faire reculer la volatilité. Il faut créer artificiellement les conditions d’un débordement ultérieur de caps décisifs tels que 3 368 points sur le CAC40, 6 550 sur le DAX 30, 12 850 sur le Dow Jones.
▪ Wall Street sous l’influence des places européennes
Wall Street a peut-être été affecté par la morosité des places européennes et a saisi l’occasion de reprendre son souffle. Deux indices américains sur trois ont clôturé vendredi sur un second repli consécutif d’ampleur limitée, dans des échanges tournant carrément au ralenti.
L’indices des 30 industrielles a lâché 0,58 à 12 660, soit une perte hebdomadaire de 0,5%. Le S&P 500 n’a perdu que 0,16%, à 1 316 points, ce qui lui permet de terminer in extremis la semaine sur un score positif de 0,05% — soit la quatrième semaine de hausse consécutive et la septième sur une série de neuf.
Le gain hebdomadaire est de 1 point d’indice (ça ne paye pas les frais) mais c’est du pain béni pour les institutionnels qui détiennent la maîtrise des marchés dérivés. Ils encaissent de la valeur-temps. Cela représente de l’argent qui rentre sans souci puisque les banques centrales (la BCE le 20 décembre) ont nettement accru la liquidité, donc la capacité de financer des positions de type market neutral qui requièrent de la technicité mais également de la couverture.
Le Nasdaq Composite s’est en revanche apprécié de 0,4% à 2 816 et le gain annuel dépasse désormais les 8%.
Le Nasdaq 100 affiche la même performance et le doit principalement à des titres comme First Solar (+11,5% vendredi, soit +20% en hebdomadaire et +35% en annuel) et Netflix (+6,6% vendredi, +31% sur la semaine et +79% depuis le 1er janvier).
Les résultats d’entreprises (en dehors de ceux d’Apple et des deux titres mentionnés ci-dessus) sont mitigés puisque qu’un peu moins de 60% d’entre eux s’avèrent supérieurs aux estimations officielles. Ces dernières, comme les marchés le savent bien, sont en fait minorées de 10 à 15% par rapport aux attentes réelles des initiés.
Cela signifie que 50% des résultats sont effectivement supérieurs aux attentes et que 20 à 25% constituent des déceptions, ce qui créée une inflexion de la dynamique en vigueur depuis fin 2009.
▪ Le Dow Jones de retour au sommet
Les indices américains sont pourtant revenus tutoyer cette semaine leurs sommets de l’année 2011. Le Dow Jones a même renoué jeudi avec ses niveaux de mai 2008.
La semaine qui débute ce lundi sera une fois encore ponctuée par la publication de nombreuses statistiques américaines. Il y aura notamment l’indice PMI de la région de Chicago mardi ou encore l’enquête ADP sur l’emploi mercredi.
Sur le front des résultats, les plus attendus sont ceux d’Amazon, UPS (un bon indicateur d’activité commerciale sur le Net), Exxon Mobil, Pfizer, Kellogg’s et MasterCard.
Le véritable point d’orgue de la semaine coïncidera vendredi avec les chiffres mensuels de l’emploi pour le premier mois de l’année. Combien de chômeurs de longue durée ayant épuisé leurs droits vont-ils être radiés des listes en janvier pour permettre une nouvelle embellie artificielle du marché du travail ?