▪ Pour cette dernière Chronique officielle de l’année 2011, rêvons un peu, cher lecteur… en levant le nez.
Votre correspondante s’est rendue la semaine dernière à une conférence sur les supernovae, donnée par le prix Nobel de physique, Saul Perlmutter.
Il y a quelque chose de poétique dans l’astronomie. L’espace et l’infini, la matière noire, les naines brunes, les astres morts flottant à des milliards d’années-lumière… Il est rassurant de constater que le bruit et les vociférations qui envahissent quotidiennement nos écrans et nos journaux ne sont, en fin de compte, rien du tout dans le silence galactique.
M. Perlmutter a eu son prix Nobel pour avoir démontré une chose « toute simple » (que l’on peut prouver, selon ses dires, avec un crayon, une règle… et quelques télescopes) : l’Univers accélère.
Jusqu’à présent, deux théories étaient généralement admises : selon la première, depuis ses débuts, l’Univers grandit… mais ce processus va en ralentissant. La deuxième théorie, en revanche, tablait sur le Big Crunch — l’inverse du Big Bang, donc, notre Univers se recroquevillant sur lui-même comme une feuille que l’on froisse, jusqu’à disparaître.
Or il semble que l’Univers ne fait pas tout à fait l’un… et pas du tout l’autre. Il continue de s’étendre ; les distances entre ses divers constituants s’allongent dans toutes les directions. Mais cela se fait de plus en plus rapidement. Le Soleil s’éloigne de nous, notre galaxie se délite ; bientôt, dans quelques milliards d’années à peine, nos voisins d’Andromède ne pourront plus nous faire coucou de la main.
Je vais mettre de côté la notion vertigineuse que l’infini peut grandir (mais fermez les yeux et réfléchissez-y concrètement quelques minutes, cher lecteur : vous n’avez pas la tête qui tourne un peu ?), et m’intéresser à ce phénomène d’accélération.
Parce qu’il me semble qu’il en va de même ici sur Terre. Tout s’accélère : regardez tout ce qui s’est passé en 2011. Revenez aux réflexions de Bill hier. Tout va de plus en plus vite, des booms au krach, des crises aux reprises, de l’apparition d’une super-puissance à son détrônement par une autre, de l’apparition des « cygnes noirs » à leur résolution…
Malheureusement, contrairement aux physiciens, nous n’avons pas de télescope à notre disposition pour vous aider à y voir plus clair dans cette multiplication exponentielle des événements en tout genre. Nous avons seulement nos crayons… nos règles… et nos cerveaux, dont nous essayons de faire bon usage pour vous apporter les meilleurs conseils, analyses et éclairages possibles dans les circonstances actuelles.
J’espère en tout cas que vous nous ferez l’honneur de nous accompagner — encore — dans cette exploration l’année prochaine.
▪ J’ai retenu une autre chose de cette conférence : l’importance de la persistance. Un chercheur doit constamment se battre pour obtenir financement, crédits, aide et soutien.
Comment expliquer à un employé du gouvernement qu’il est impossible de garantir des résultats précis pour le 18 mars 2014 à 18h30 ? Comment justifier à ce même représentant des autorités tenant les cordons de la bourse qu’après trois ans de labeur, on est déjà parfaitement ravi de s’être rendu compte que les travaux effectués jusqu’à présent allaient dans la mauvaise direction ?
Et comment continuer, jour après jour, à compter les étoiles pour voir si l’une d’entre elles s’est éteinte… simplement pour prouver des faits qui n’ont aucune incidence visible et immédiate sur la vie quotidienne de l’humanité ?
La réponse est simple : c’est le propre de l’être humain que de chercher à comprendre ce qui l’entoure. De persister à poser des questions même si elles n’ont pas de rapport direct avec sa survie au jour le jour. C’est ainsi que l’on évolue, que l’on se perfectionne et que l’on avance.
C’est notre objectif, aux Publications Agora. C’est aussi ce que je vous souhaite pour 2012, cher lecteur : de la persistance… et les résultats qui vont avec — même si un prix Nobel n’est pas forcément à la clé.
Et n’oubliez pas, de temps en temps, de regarder les étoiles.
Meilleures salutations et joyeuses fêtes —
Françoise Garteiser