Par Simone Wapler (*)
Les dernières semaines ont été agitées pour l’or. Il a atteint 990 $ l’once, pour ensuite descendre aujourd’hui sous 950 $. En euros, sa vie est moins agitée : les 990 $ l’once devenaient 702 euros et les 950 $ l’once 684 euros.
Les anxieux de la parité euro/dollar, ceux qui craignent que la baisse du dollar plombe la montée de l’or, ont ici une preuve supplémentaire que ce n’est pas le cas. L’or a baissé de 4% en dollars et de seulement 2,60% en euros. Dans le même temps, le dollar a progressé de 3,6% par rapport à l’euro.
Depuis le début de la grande tendance haussière de l’or, l’or monte lorsque le dollar flanche. La relique barbare se comporte comme un anti-dollar. Puis, lorsque le dollar reverdit, l’or baisse, mais ne revient pas à son cours initial. Bien entendu, ce raisonnement est valable à long terme.
Ce qui a poussé l’or à 990 $ l’once (702 euros)
La Banque centrale américaine devait placer plus de 100 milliards de dollars d’obligations souveraines il y a deux semaines. Les obligations de court terme, jusqu’à cinq ans, ont trouvé preneurs sans problème. Mais à la fin de cette semaine, les obligations à sept ans et 10 ans ont été boudées par les acheteurs étrangers. Du coup, la frousse s’est emparée des marchés qui ont vendu le dollar et acheté de l’or et du pétrole.
Ce qui a fait refluer l’or sous 950 $ (684 euros)
Mais, par la suite, la faillite de General Motors n’a pas détruit le vent d’optimisme qui souffle sur les marchés, bien au contraire. Tout le monde croit à la mythique "reprise d’ici 2010" vantée par les prévisionnistes de tout poil et les hommes politiques de tout bord.
Les matières premières recommencent à revoir affluer les capitaux spéculatifs, pétrole en tête. Les marchés actions voient affluer les billets fraîchement imprimés par les banques centrales à coups de mesures non conventionnelles. Les marchés ont alors revendu l’or pour se placer sur des actifs plus risqués.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme disait le Candide de Voltaire. Sauf que… le chômage progresse inexorablement et qu’il semble bien que les plans de relance vont déboucher sur un vide sidéral.
Ce qui pourrait encore faire refluer l’or
Jusqu’à présent, toutes les baisses de parcours attendues par les tenants de l’analyse technique ont été entravées par une péripétie de la crise. Mais dans les deux semaines à venir, aucun événement néfaste ne semble se profiler. La fameuse consolidation tant attendue qui entraînerait l’or sous les 800 $ l’once (la Roche tarpéienne) pourrait donc se réaliser.
Mais ce qui pourrait aussi le faire décoller
A moins qu’une faillite retentissante ne surgisse du côté de l’Europe de l’Est et ne propulse à nouveau l’once vers 1 000 $ (le Capitole)… Pour le moment, les marchés ont décidé de croire à la reprise pour 2010. Mais la montée du chômage n’est pas endiguée, loin de là. La reprise d’activité économique va bientôt (d’ici l’automne ?) apparaître pour ce qu’elle est vraiment : une phase de fin de déstockage, durant laquelle les ménages sont acculés à faire des dépenses qu’ils ne peuvent plus repousser. Lorsque le plein sera fait, l’activité stagnera à nouveau, s’adaptant à la nouvelle demande.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.