▪ « Tout ce qui est excessif est insignifiant », prétend un vieux dicton. Les +6,28% (+200 points d’indice) gagnés jeudi dernier par le CAC 40 sont-ils à ranger dans cette catégorie ?
▪ « Nous sommes passés à côté de la catastrophe et nous avons sauvé l’euro »
Voici ce qu’affirmait Nicolas Sarkozy jeudi soir. Une certitude que sont loin de partager les investisseurs américains.
Non seulement les mécanismes et le cadre juridique du FESF demeurent dans le flou artistique le plus complet, mais sa force de frappe de 250 milliards d’euros (x4 ?) est loin de mettre l’Espagne ou l’Italie à l’abri des attaques spéculatives contre leurs dettes.
▪ C’est si vrai que la prime des CDS sur l’Italie continuait de se tendre jeudi
Si les taux longs se tendent durablement au-dessus des 6% en Italie (ce qui pourrait survenir si Silvio Berlusconi jetait l’éponge, laissant son pays dans l’incapacité de former un gouvernement pérenne), rien ne pourrait empêcher cette fois l’activation des CDS. Car les 250 milliards d’euros qui restent dans les caisses du FESF (même multipliés par un levier 4) seraient bien insuffisants pour s’opposer à une nouvelle attaque spéculative de grande ampleur.
▪ La hausse des marchés : une volonté politique
L’envol des indices boursiers semble donc relever bien davantage de la raison d’Etat que de la raison économique : les Européens, jusqu’ici incapables de s’entendre… ont décidé d’orchestrer un pseudo soulagement, à grand spectacle, des marchés européens.
Les commentateurs à Wall Street étaient partagés entre l’incrédulité et l’amusement. Pour résumer leur sentiment :« les Européens viennent de s’offrir quelques jours ou quelques semaines de répit, c’est tout : si l’on gratte un peu, personne n’est capable d’expliquer comment prévenir une contagion de la crise des dettes souveraines à l’Italie. »
Autrement dit, ce ne sont pas les marchés qui manifestent leur soulagement, c’est le choix délibéré d’une fuite en avant, relayée par les seuls suiveurs systématiques (et décérébrés… que sont les programmes informatiques).
▪ Premier signe… une anomalie technique majeure
Du point de vue technique, la psychologie du marché était illisible. La dernière bougie du 26 octobre était un doji à Wall Street (figure d’indécision tout à fait anodine)… mais c’était clairement une « étoile filante » (baissière dans 90% des cas) à Paris.
Une fois… une seule fois le CAC 40 a gagné du terrain à 2% après un doji en « falling star« … Cela s’est produit le 19 septembre 2008 avec la présentation aux marchés du plan Paulson (qui provoqua une envolée de 9,3% à Paris, mais à partir d’un creux indiciel majeur).
Avec un gain plus modeste de 6,3% — qui se matérialise après un rebond d’une ampleur déjà considérable de 20% en cinq semaines –, le CAC 40 bat un record historique de hausse (+25%) sur un laps de temps aussi court. Le seul exemple comparable fut le rebond de 25% du 9 mars au 17 avril 2009 — mais cela avait pris une semaine de plus.
Ce qui s’est produit ce 27 octobre 2011 est une grande première dans l’histoire de l’analyse technique. C’est « un double cygne noir » (un cas de figure non répertorié) par définition difficile à analyser et plus encore à extrapoler.
▪ Second signe… (ou faut-il parler de cygne ?)
Voici que surgit un scénario jamais observé de mémoire de boursier, comme s’empressaient de le souligner les traders new-yorkais découvrant un Dow Jones en hausse de 12% en cinq semaines, sa plus forte hausse mensuelle en 115 ans d’Histoire.
A Paris, ce mois d’octobre (avec un score de +13%) est également bien parti pour s’imposer comme le plus haussier de l’Histoire. Rappelons que la dernière envolée d’ampleur comparable remonte à octobre 2002, avec +13,4%.
▪ Sauf que… à chaque fois, cela s’est très mal terminé pour le CAC 40
Le CAC 40 cumule cette fois-ci les deux scénarios statistiquement inquantifiables, qualifiés de « cygnes noirs ».
Il peut donc être judicieux de déployer aujourd’hui vos couvertures pour protéger votre portefeuille d’une éventuelle nouvelle rechute des marchés. Profitez de l’incroyable rebond des marchés pour mettre vos couvertures en place. Vous avez là une superbe fenêtre de tir : positionnez-vous.