▪ Côté sportif, les nouvelles du week-end sont plutôt bonnes. L’équipe de France de foot a glorieusement triomphé de l’ogre albanais, un adversaire presque aussi redoutable que le Brésil. Côté rugby, le XV de France a battu une équipe d’Angleterre aux abonnés absents ; de plus, le score en fin de match n’a été réduit que grâce à un essai accordé après 25 minutes de délibérations.
Côté sommet de Berlin, les communiqués triomphateurs de dimanche soir nécessitent également un travail de relecture qui pourrait nous faire passer pour des rabat-joie ; mais vu la météo pourrie du week-end, nous assumons notre mauvaise humeur.
La France et l’Allemagne sont d’accord pour recapitaliser les banques. En d’autres termes, nos dirigeants reconnaissent que nombre d’entre elles sont au bord du gouffre. Dexia pourrait ne constituer qu’un hors-d’oeuvre si rien n’est fait de toute urgence.
Nicolas Sarkozy promet une décision à ce sujet d’ici la fin du mois. Ouf, ce sont trois semaines de gagnées ! Et il faudra bien ça avant de se mettre d’accord sur les procédures de modification du FESF et déterminer qui en contrôlera la mise en oeuvre.
La France et l’Allemagne proposeront des modifications importantes des textes communautaires afin de favoriser une plus grande intégration de la Zone euro. Cela revient à dire que l’Europe, telle que nous la connaissons, a vécu.
Tout le monde l’a compris, les anciens traités (Maastricht, Lisbonne) — qui nous ont conduits droit dans l’impasse politique et économique — sont caducs ; d’ailleurs la BCE fut la première à oser les contourner afin que l’euro survive : partant de ce constat, tout est à refaire.
Mais « faire » l’Europe, c’était déjà difficile à douze à la fin des années 90… alors la « refaire » à 27, cela s’annonce mission impossible !
Quoi qu’il en soit, il se pourrait que les marchés passent outre ce genre de considérations. Un des grands enseignements de la semaine passée, c’est que les mauvaises nouvelles perdent de leur impact au fil des jours.
▪ La dégradation de trois crans de la dette italienne n’a pas empêché les marchés de prendre 3,5% jeudi. Quant aux opérateurs, ils ne s’inquiètent guère de la dégradation par Moody’s de la notation de 12 banques britanniques, telles que Lloyds ou RBS ainsi que des neuf principales banques portugaises.
Paris clôture la semaine sur un gain global de 3,8% après avoir réalisé la plus mauvaise entame de trimestre de la décennie. Les valeurs françaises ont repris jusqu’à 11,5% en ligne droite (en trois séances).
Le CAC 40 en terminait vendredi sur une troisième hausse consécutive (de 0,66%) à 3 095 points, exactement à mi-chemin entre les extrêmes du jour (3 052/3 126), un peu en retrait par rapport à l’Euro-Stoxx 50 (0,9%) qui reprend 4,1% sur la semaine.
▪ Wall Street n’est pas parvenu à rester calé jusqu’au bout dans le sillage des places européennes : les indices US sont de nouveau « partis dans tous les sens » vendredi soir.
La journée avait débuté sur une note positive grâce aux chiffres de l’emploi. La consolidation l’a ensuite emporté lorsque les opérateurs se sont avisés que +103 000 jobs, ce n’était pas un chiffre très impressionnant compte tenu de la reprise d’activité de salariés au chômage technique au mois d’août.
Peu après l’heure du déjeuner, les acheteurs ont repris la main sur l’espoir que la rencontre de Berlin débouche sur une avancée significative dans le règlement de la crise grecque — et la consolidation des fonds propres des banques européennes.
L’optimisme semblait triompher à 20 minutes de la clôture. Tous les indices américains évoluaient dans le vert, le Dow Jones gagnait 0,8%. Mais la tendance a brusquement rebasculé à la baisse lorsque Wall Street a appris que l’agence Fitch dégradait la notation de l’Italie mais aussi celle de l’Espagne de deux crans. La raison évoquée est que le pays affiche une faible croissance et que les finances régionales sont en très mauvaise posture.
Les trois grands indices américains ont plongé de 1,3% — de façon totalement linéaire — en moins d’une demi-heure. Le Dow Jones quant à lui reculait au final de 0,18%.
Le Nasdaq chutait de 1,10% et le Standard & Poor’s de 0,82% à 1 155,5 points dans le sillage des valeurs bancaires. Il faudra d’ailleurs surveiller de près le comportement de ce secteur aujourd’hui.
Les opérateurs se sont massivement allégés sur Genworth Financial, Morgan Stanley, Bank of America (ces titres affichaient des pertes comprises entre 6 et 8%). Quant aux valeurs Goldman Sachs, J.P. Morgan ou Citigroup, elles ont lâché plus 5%.
Il ne serait donc pas étonnant que le scénario (gris foncé) des cinq précédents lundi se répète mais avec une nuance : le danger venait jusqu’à présent des valeurs financières. Il va falloir désormais surveiller toutes les autres, notamment les cycliques, dès demain soir avec la publication des trimestriels d’Alcoa.
Et nous doutons que les sidérurgistes affichent une santé de fer et un moral d’acier pour les 12 prochains mois !
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[…] C’est en tous cas le message que semblait vouloir faire passer Wall Street lundi soir, au lendemain du sommet de Berlin que nous avions déjà commenté à chaud dès hier matin. […]