** C’est dommage, ce qui arrive à General Motors (GM). L’entreprise a été fondée en 1916. Si elle avait pu tenir encore sept ans, elle aurait passé un siècle sans faire faillite.
* Tout le monde meurt. Toutes les entreprises meurent aussi. Voilà pourquoi "acheter pour le long terme", c’est prendre ses désirs pour des réalités. Achetez à assez long terme, et vous pouvez être sûr de vous ruiner. Et de mourir.
* En fin de compte, les entrepreneurs de pompes funèbres et les avocats en faillite ont votre peau. Et aujourd’hui… les affaires marchent, à Detroit. Concernant la faillite de GM, c’est un accord avec les détenteurs d’obligations qui a scellé l’affaire… un accord dans le cadre duquel ils prennent des parts en échange de leurs dettes et acceptent de ne pas contester la faillite. Malgré tout, l’accord — et d’autres accords qui lui sont liés… notamment la présence d’un actionnaire très gros et très bizarre, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique — est si compliqué qu’il va donner du travail aux avocats pendant de nombreuses années.
** Tout de même, les choses semblent se remettre un peu partout… C’est du moins l’impression qu’on a en lisant les journaux. La guerre contre le capitalisme semble se dérouler plutôt bien, en d’autres termes.
Les actions grimpent. Le pétrole aussi. Et regardez l’or — le bon vieux métal jaune est lui aussi en hausse. Nous ne serions pas surpris si cette tendance se poursuivait.
* Est-ce que cela signifie que les autorités gagnent la guerre ?
* Les demandes d’indemnisations chômage ont reculé pour la deuxième semaine d’affilée aux Etats-Unis. Alléluia. L’économie licencie encore, mais moins vite qu’au début de l’année. Ce qui pousse un certain nombre d’économistes à entamer un vieux refrain : "le pire est derrière nous".
* Et du Japon nous viennent des nouvelles encourageantes. La Bourse de Tokyo a retrouvé son niveau d’octobre. L’économie nippone augmente sa production industrielle au rythme le plus rapide de ces 56 dernières années. Et le pétrole indique un rebond mondial, non ?
* "Je ne pense pas", déclare Simone Wapler, rédactrice en chef de MoneyWeek. "Il n’y a pas d’augmentation de la consommation de pétrole. La consommation baisserait plutôt. Ce que nous voyons, c’est de la spéculation. Les banques centrales gonflent les fonds disponibles pour la spéculation. Jusqu’à présent, cet argent n’atteint pas l’économie de consommation… il est en majeure partie sur le marché des matières premières, qui parie sur l’inflation".
* Partout où l’on regarde, cher lecteur, on trouve une zone de guerre. Rien n’est sûr. La lutte des autorités contre la déflation inflige des dommages collatéraux à tout et tout le monde ou presque.
* Mais il faut le reconnaître : les autorités ont réussi à déclencher de belles augmentations pour les matières premières… l’or… le pétrole… les marchés émergents. Les grandes places boursières ont elles aussi enregistré de jolies hausses.
* Cependant, le plan des autorités n’est pas de regonfler la bulle des actifs, mais de regonfler l’économie. Pour cela, il leur faut des prix à la consommation en hausse. Les consommateurs doivent emprunter… et dépenser. Ils le feront, disent les économistes, lorsque les prix grimperont et que leurs dollars perdront de la valeur. Jusqu’à présent, le lait et les pommes de terre ne coopèrent pas. Le prix du lait est tombé si bas que certains agriculteurs ont dû abattre leurs troupeaux. Quant aux pommes de terre… nous n’en savons pas plus.
* En Europe, l’inflation a disparu. C’est la toute première fois que la Zone euro connaît des prix qui stagnent ou baissent. Aux Etats-Unis aussi, l’inflation des prix à la consommation recule.
* En d’autres termes, les autorités gagnent peut-être une bataille, mais elles perdent la guerre !
* Comme toujours, il y a beaucoup de fumée et de brouillard sur le champ de bataille. La confiance des consommateurs est en hausse… mais il en va de même pour le chômage. Selon le New York Times, le chômage aux Etats-Unis pourrait bientôt dépasser les taux européens, habituellement plus élevés. Les Chinois achètent encore la dette américaine — mais uniquement celle de court terme. La plus grande société industrielle des Etats-Unis fait faillite… le gouvernement prend un rôle-clé dans des secteurs-clé… mais les investisseurs achètent plus d’actions !
* Si l’on regarde avec des jumelles, on a du mal à comprendre qui gagne vraiment. Dans la confusion d’un champ de bataille, même un vétéran expérimenté a du mal à déterminer qui a l’avantage. En fait, on pourrait constater la hausse des actions et en tirer les mauvaises conclusions… comme si on avait vu les nordistes battre en retraite vers Washington après la première bataille de Bull Run, durant la Guerre de sécession ; on aurait pu croire que c’était tout. La guerre était terminée et les sudistes avaient gagné.
* Eh bien… pas exactement.