▪ Qu’est-ce qui fait tourner l’économie mondiale en ce moment ?
Pas les Etats-Unis. Le secteur privé des Etats-Unis ne bouge pas. Il est coincé… il a calé… il est en panne sèche… au point mort.
La croissance serait à 1%. Mais il s’agit presque uniquement de paiements de transferts et de mesures de relance gouvernementaux. La croissance réelle est négative.
Tous les chiffres récents montrent que la situation s’aggrave. Wall Street réduit ses estimations de revenus… les stratégistes ont revu à la baisse leurs cibles pour le S&P…
… les recettes fiscales provenant des entreprises ont sévèrement ralenti…
… la loi sur l’emploi du président Obama est enlisée au Congrès…
… les ventes au détail baissent…
… et les prix s’affaissent, avec l’inflation centrale des prix à la consommation en bonne voie pour passer sous les 2%.
Comme nous le disons souvent, il n’y a rien d’inhabituel là-dedans. C’est exactement ce à quoi on pouvait s’attendre lors d’une Grande Correction. Et les choses deviendront probablement bien pires.
▪ Bon, et l’Europe, alors ? Peut-être que l’Europe fournit ce qu’il faut pour que l’économie continuer à tourner.
Oh oh… Moody’s vient de dégrader les banques françaises… L’agence part du principe qu’elles perdront 60% sur leurs détentions d’obligations grecques, mais les banques elles-mêmes n’en ont passé que 20% en pertes et profits. Et il y a la dette italienne. Et la dette espagnole.
Elles ont encore beaucoup de chemin à parcourir — et il est toujours à la baisse.
Merkel et Sarkozy peuvent bien jurer qu’ils empêcheront le « Club Med » de faire défaut. Où trouveront-ils l’argent ? La France est elle aussi lourdement endettée. L’économie allemande a cessé de se développer. Sans parler du fait que les électeurs allemands en ont assez. Ils ne paieront pas éternellement la retraite des Grecs.
Les Européens deviennent de vieux grippe-sou fatigués. Comme les Américains. Ils ont un système social qu’ils ne peuvent pas se permettre — comme les Américains. Et ils sont en train de faire faillite — comme les Américains.
Ce qu’ils n’ont pas, en revanche, c’est une armée gigantesque, chère et agressive. Les Américains observent leurs forces armées avec fierté. Ils considèrent le Pentagone comme leur plus grande force. En fait, c’est leur plus grande faiblesse. Dans l’ensemble, le programme impérial coûte aux Etats-Unis 1 200 milliards de dollars par an. En fin de compte, tant les Européens que les Américains seront peut-être forcés de resserrer leur ceinture sociale.
Les Américains peuvent-ils se débarrasser de leur ceinturon de cartouches, toutefois ? Nous ne le pensons pas. Le caractère humain comporte deux parties, disent les Grecs anciens. Il y a l’appétit et l’esprit. L’appétit est logique et matériel, porté vers un but… il est sensé. Mais l’esprit est fou. Il se préoccupe de symboles… d’impulsions ataviques et de la longueur du bras divin. L’esprit se met en route vers l’enfer, l’appétit lui montre comment y parvenir.
Mais nous nous éloignons du sujet. Qu’est-ce qui fait tourner l’économie mondiale, avons-nous demandé ? L’Europe est dans les sables mouvants. Les Etats-Unis sont épuisés.
▪ Attendez, il y a la Chine ! Mais… on dirait que l’empire du Milieu ralentit lui aussi. Ambrose Evans Pritchard dans le Telegraph :
« La Chine risque un atterrissage brutal à mesure que les difficultés gagnent la planète… L’atterrissage en douceur soigneusement géré de la Chine devient de plus en plus dur chaque jour, menaçant de faire éclater la torride bulle de crédit de ces trois dernières années. Pékin s’inquiète de l’inflation au-dessus des 6% et des ratios prix/revenus de l’immobilier dans les villes riches de la côte… ‘Il y a un risque potentiel considérable’, a déclaré Zhu Min, directeur général adjoint du FMI et ancien homme politique chinois. M. Zhu a annoncé que la Chine avait doublé son ratio de prêt, passé de moins de 100% du PIB avant la crise Lehman a environ 200% aujourd’hui. Le danger, c’est que ces excès pourraient commencer à s’effacer juste au moment où l’Occident entre dans un ralentissement sévère, et potentiellement une récession en double creux. La Chine et l’Asie émergente sont fondamentalement plus faibles cette fois-ci, ayant utilisé leurs ‘matelas budgétaires’, ce qui leur laisse peu de marge de manoeuvre pour gérer un nouveau choc mondial ».
La Chine est notre dernier espoir. Si la Chine tombe, l’économie mondiale la suivra.