Devenez un bon chasseur de prime grâce aux pièces d’or
Bonjour,
▪ Le déficit budgétaire américain abyssal, des taux coupe-gorge à 9 ou 10% au Portugal ou en Irlande (et à plus de 12% en Grèce), Wall Street s’en fiche. Donnez-lui un mauvais chiffre conjoncturel (immobilier, croissance) et ces petits inconvénients s’évaporent aussitôt.
Cette évidence s’imposait de nouveau mardi, alors que les pertes initiales du S&P ont été rapidement comblées. En effet, il a suffit que quelques idiots vendent des titres cycliques, en réaction à la déception causée par l’ISM. Cette statistique rend compte du niveau de l’activité dans le secteur tertiaire.
Le chiffre est aussi mauvais que celui de février : 57,3 contre 59,7. Les économistes avaient tablé en moyenne sur une quasi-stabilité de l’ISM vers 59,5. Cela renforce la probabilité de la mise en place d’un QE3 par la Fed. Le ramassage sur les actions reprend donc de plus belle et le Dow Jones inscrivait un nouveau record annuel à 12 440 avant l’heure du déjeuner.
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Le potentiel des BRIC n’est plus celui qu’on croit — désormais, les profits potentiels se trouvent ailleurs. Où exactement ? Quelques éléments de réponse sont ici…
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Le Nasdaq bondissait de 0,6% vers 2 805 points mais nous admettons très volontiers qu’il y a effectivement du fondamental dans cette hausse. Avec la multiplication des « fusions/acquisitions », certaines ont terminé dans des conditions plus que singulières. Pourquoi Texas Instruments a-t-il proposé une prime de 80% aux actionnaires de National Semiconductors, alors qu’aucun autre enchérisseur ne s’est manifesté ?
Autre étonnement, cette opération — qui ne concerne pas des valeurs du Nasdaq — était connue depuis lundi soir. Mais le S&P 500 avait ouvert en repli de 0,15% mardi matin avant de prendre 0,4% peu après la publication de l’ISM. L’indice phare se rapproche de la résistance annuelle des 1 344 points. Quelle est donc la cause réelle de la hausse ?
Wall Street considère qu’une mauvaise statistique comme l’ISM conforte Ben Bernanke dans la poursuite de sa politique ultra-accommodante. Tout cela au motif que la croissance reste fragile et que l’inflation ne constitue qu’une menace ponctuelle. Les anticipations restent compatibles avec la « stabilité monétaire » affirmait-il lundi soir.
Son intervention depuis une quelconque université américaine était à la limite du surréalisme. Le sujet du moment, c’est l’inflation, les rachats de créances, les déficits US. Mais Ben, lui, a choisi de disserter sur la sécurité des plates-formes de transactions boursières !
Il aurait tout aussi bien pu passionner son auditoire en expliquant pourquoi il vaut mieux réserver un bateau pour la pêche au gros aux Bermudes plutôt qu’aux Bahamas. Le tout, au mois d’avril si c’est la période de pleine lune.
Questionné par deux fois au sujet de l’inflation — la sécurité des transactions, le marché s’en fichait comme d’une guigne — il a d’abord démenti. Pour lui, elle ne constitue pas une réelle menace. Puis, il a prétendu qu’elle résultait d’une tension passagère de la demande — qui va se résoudre d’elle-même, cela va sans dire.
Depuis quand les ménages américains, exsangues financièrement depuis deux ans, font-ils grimper le prix des matières premières ? Sans doute la faute à leurs excès d’appétit de consommation alors que les banques ne leur font même plus crédit…
Mais peut-être que Ben pensait secrètement que les Chinois étaient les vrais coupables.
En effet, Pékin va publier un taux d’inflation qui devrait se situer au-dessus des 5% en mars, d’après un large consensus d’experts.
Pendant ce temps, l’or pulvérise record sur record depuis 48 heures et vient d’établir un nouveau à score à 1 454 $.
Qui s’en inquiète ? Apparemment personne. Tout était sous contrôle mardi. Les marchés européens ne sont allés nulle part. Peu importe le nombre d’OPA annoncées depuis dimanche (Rhodia, SFR, CapGemini qui acquiert deux start-up), peu importent les chiffres du jour.
▪ La Bourse de Paris a poursuivi la consolidation à l’horizontal amorcée lundi et en terminait sur un score nul (-0,03%). Il en va de même pour le DAX (0,00%) l’Euro-Stoxx 50 (-0,15%) ou encore l’Eurotop 100 (+0,07%, grâce aux valeurs helvétiques et britanniques).
Les opérateurs ont à peine levé le coin du sourcil en apprenant mardi matin que Moody’s dégradait sa note sur les émissions obligataires du Portugal. N’oublions pas une autre révision à la baisse, pointant du doigt l’incertitude politique, budgétaire et économique croissante du pays.
Cette information a suscité autant d’émoi que l’annonce de la victoire de l’Inde sur le Sri-Lanka lors de la finale de la coupe du monde de cricket. Les opérateurs sont tout aussi stoïques en apprenant le rejet de milliers de mètres cubes d’eau hautement radioactive dans l’océan au large de Fukushima.
Il leur faudrait un bon tsunami déferlant vers Tokyo pour les faire frissonner, sans quoi le fil de l’actualité les laisse complètement indifférent. Sauf en ce qui concerne le moindre élément plaidant pour la mise en oeuvre d’un QE3, si possible illimité et éternel.
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La Grande Correction n’a pas été stoppée
▪ Levons un peu le nez et regardons ce qu’il se passe autour de nous. Lorsqu’on observe quelque chose de trop près, on peut manquer le reste du tableau, comme si l’on observait un bourgeon en train d’éclore sans réaliser qu’on est au printemps.
Mais d’abord une chance de rencontrer nos lecteurs…
Nous avons prévu un voyage en Chine le mois prochain. Nous y serons avec notre collègue Addison Wiggin et trois de nos enfants ; nous séjournerons à Pékin et Shanghai. Si vous vivez en Chine, nous aimerions vous rencontrer. Nous organiserons un cocktail dans les deux villes. Il n’y aura peut-être pas des masses de participants… mais il y aura de l’ambiance. Pour participer, envoyez un mot (en anglais) à notre assistant : darius.m.fisher@gmail.com
▪ Maintenant, revenons-en au printemps…
En avril 2007, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Irlande — et de nombreuses autres économies — étaient saturées de dette. Cette dette devait être éliminée. C’est ainsi qu’a commencé une Grande Correction. Sur notre globe terraqué, tout a un but. Et le but d’une correction, c’est de corriger les erreurs. Dans le cas qui nous occupe, la Grande Correction devait purger les erreurs d’une expansion de crédit déjà vieille de plus d’un demi-siècle.
Le désendettement a commencé dans le secteur des prêts subprime. Il s’est ensuite étendu, remettant en question la valeur de tout ou presque. Il a causé les plus grandes pertes de l’histoire — en majeure partie dans les actions, l’immobilier et les produits dérivés. De mémoire, ces pertes étaient estimées entre 20 000 et 30 000 milliards à l’échelle mondiale.
Les sauveteurs étaient en force sur les lieux à l’automne 2008, après que Lehman Bros. a rendu l’âme. Dans les faits, ils ont — partiellement — mis fin au processus en refusant de laisser les principaux emprunteurs faire faillite. Si une grande institution ne pouvait rembourser ses dettes, ils lui prêtaient plus d’argent.
En Irlande, par exemple, les prêteurs avaient mis bien trop d’argent dans l’immobilier. Lorsque les emprunteurs ont déclaré qu’ils ne pouvaient payer, le gouvernement est intervenu, annonçant avec pompe qu’il couvrirait tous les prêts.
Eh bien ! A quoi pensaient-ils ? Les mauvaises dettes se révélèrent être bien supérieures à ce que le gouvernement irlandais pouvait gérer. Bientôt, non seulement les banquiers avaient des problèmes, mais il en allait de même pour le gouvernement lui-même. L’Irlande était en train de faire faillite. Plus les prêteurs privés augmentaient leurs taux, plus l’Irlande coulait. Le gouvernement avait désespérément besoin d’un renflouage ; il s’est tourné vers le FMI et Bruxelles. A présent, le trou est plus profond… et les Irlandais cherchent un nouveau renflouage.
▪ Aux Etats-Unis, l’histoire est la même. Les autorités ont renfloué les banques, Fannie, Freddie, AIG, General Motors et ainsi de suite. Mais dans la mesure où les Etats-Unis peuvent imprimer leur propre devise, ils pouvaient renflouer sans couler leur propre navire. A court terme au moins, leur crédit ne se trouvait pas atteint. La Fed a racheté les mauvais prêts et les dérivés de prêts hypothécaires — à hauteur de 1 200 milliards de dollars environ — en imprimant de l’argent. Contrairement aux Européens, dont la Banque centrale est dirigée par les Allemands, qui ont des résidus d’intégrité financière, la Fed a suivi la Banque du Japon. Elle a réduit les taux de prêt à zéro. Elle a monétisé la dette — d’abord les 1 200 milliards de dollars de dette du secteur privé un peu partout dans le monde… puis les 600 milliards de dollars (encore en cours) de prêts du secteur public.
Sans oublier les 700 milliards de dollars du programme de relance TARP. Ou les baisses d’impôts.
Additionnez tout ça, et vous obtenez une facture totale qui pourrait dépasser les 20 000 milliards de dollars.
Quel a été le résultat de toutes ces dépenses et tous ces efforts ? Eh bien, si l’on part du principe que la Grande Correction devait être stoppée à n’importe quel prix, c’est un succès relatif. Le PIB américain a diminué… mais de 4% au maximum. Le chômage n’a pas dépassé les 10% — en grande partie grâce à la manière de calculer ce chiffre.
Le chômage US semble céder à contrecoeur aux assauts des autorités. C’est du moins ainsi que les journaux présentent la chose. Selon nos calculs, toutefois, la création d’emploi suit tout juste la croissance démographique. Parallèlement, l’immobilier américain a chuté de 20% environ… et continue sa baisse.
Pour autant que nous puissions en juger, la Grande Correction n’a pas été stoppée… elle a simplement été ralentie, retardée et magnifiée par les emprunts du secteur public et l’impression monétaire — en quantités gigantesques.
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Comment ça ?
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Warren Buffett est optimiste — et moi aussi… dans une certaine mesure
La lettre annuelle de Warren Buffett à ses actionnaires vient d’être publiée. C’est là sans doute l’une des lettres aux actionnaires les plus attendues de la sphère financière. Tout le monde veut savoir ce que pense l’Oracle. En outre, parce que Berkshire est une entreprise très vaste et qui touche un très grand nombre de secteurs — elle possède plus de 80 sociétés aujourd’hui — ses réflexions peuvent aider à comprendre la situation économique...
Cette lettre est la plus optimiste que l’on ait lue depuis longtemps — voire que l’on ait jamais lue. Buffett y écrit des phrases comme : « il y a une abondance d'[opportunités] en Amérique » et ses « meilleurs jours sont devant elle ».
Si l’on se penche sur ses entreprises, on comprend d’où vient cet optimiste. Iscar, qui fabrique des outils métalliques, a connu une hausse de 41% de son chiffre d’affaires en un an. TTI, un distributeur dans l’électronique, a vu ses ventes grimper de 45%. Burlington Northern, la compagnie de chemins de fer, affiche une hausse de 43% de ses bénéfices. Et ainsi de suite…
Obligé de choisir un indicateur pour juger de la santé économique, Buffett a dit que ce serait le fret ferroviaire. En 2010, le fret ferroviaire a augmenté de 7,3% par rapport à 2009, ce qui est la plus importante hausse en pourcentage depuis que des données sont disponibles (1988).
Il a également prédit la reprise du marché de l’immobilier d’ici un an. Quelques-unes de ses entreprises, comme le fabricant de tapis Shaw, sont encore bien en deçà de leur niveau d’il y a quelques années.
Nous y voilà donc. L’Oracle est optimiste.
▪ Au fil des ans, j’ai beaucoup appris de Warren Buffett. Etudier sa carrière est un passage obligé pour tout investisseur. Après tout, il est peut-être le plus grand investisseur de tous les temps. Mais je ne considère pas cette gaieté d’un bon oeil. J’en vois trop, partout. Peut-être Buffett aura-t-il raison lorsqu’on relira sa lettre d’ici quelques années. Mais sur le court terme, je vois beaucoup de choses qui me donnent à réfléchir.
Certains de ces points ne sont que des fragments épars mais si l’on y réfléchit… Le marché des introductions en Bourse se dirige tout droit vers un de ses plus beaux sursauts jamais vu, selon Dealogic. Jusqu’ici, 26 milliards de dollars ont été levés dans les nouvelles cotations. Et il y a une réserve de 48 milliards de dollars. Par conséquent, les initiés vendent pour l’essentiel des actions aux actionnaires publics qui, jusqu’ici, se sont jetés dessus comme une meute affamée.
Les initiés sont également en train de vendre des actions d’entreprises déjà publiques à un rythme effréné. Les ventes par les initiés ne sont pas un signal intéressant en soi, d’un point de vue des profits. En fait, les études ont montré à maintes occasions que les ventes des initiés ne sont pas un signe prédictif valable. Cela a une signification parce que les initiés peuvent vendre pour toutes sortes de raisons (ceci est différent des achats des initiés, qui est un signal intéressant à suivre en termes de profits). Nous avons eu un niveau très baissier de ventes d’initiés en novembre dernier, ce qui ne s’est matérialisé par aucune correction de marché. C’est bien troublant, néanmoins. Les ventes d’initiés surpassent les achats d’initiés par un ratio de presque 40-à-1. Mauvais. Si les choses étaient si roses, ce ratio aurait-il été si élevé ?
Et puis, il y a la hausse constante du prix des céréales et du pétrole. Les prix alimentaires élevés déstabilisent fortement les marchés émergents, où se trouvent un grand nombre de gens pauvres qui consacrent la majeure partie de leurs revenus à l’alimentation. Lorsque les prix de l’alimentation augmentent de 25% en Inde en quelques mois, cela a une énorme répercussion.
Tout ceci a de l’importance pour les investisseurs parce que jusqu’ici le marché a flotté sur une mer de gros bénéfices. Si l’on se penche sur ces bénéfices, on ne peut s’empêcher de remarquer le nombre d’entreprises qui rapportent d’excellents résultats grâce à l’explosion des affaires au Brésil, en Russie, en Chine, etc. Les marchés émergents ont permis d’amener les bénéfices. Par comparaison, les résultats des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon ont été beaucoup moins éclatants.
J’ai bien peur que la hausse des prix de la nourriture et des matières premières ne freine ces résultats dans les trimestres à venir. C’est dommage.
Selon moi, il serait donc bon d’être prudent en ce moment. En fait, Buffett donne un excellent conseil dans sa lettre, lorsqu’il commence à évoquer les effets de l’argent emprunté.
« Le principe fondamental de la course de voitures est que pour terminer premier, vous devez d’abord terminer », écrit-il. Utiliser beaucoup de dette rend cette fin incertaine. L’Oracle continue :
« Incontestablement, certaines personnes sont devenues très riches grâce à l’utilisation d’argent emprunté. Mais c’est aussi un moyen de devenir très pauvre. Lorsque l’effet de levier fonctionne, cela augmente vos bénéfices. Votre épouse croit que vous êtes plus intelligent et vos voisins vous envient. Mais l’effet de levier, c’est comme une drogue. Une fois qu’ils ont profité de ses merveilles, très peu de gens reviennent vers des pratiques plus conservatrices. Et comme nous l’avons tous appris à l’école primaire — et certains l’ont réappris en 2008 — toute série de chiffres positifs, quelque impressionnants qu’ils soient, s’évapore lorsqu’elle est multipliée par un seul zéro. L’histoire nous apprend qu’à trop utiliser l’effet de levier, même par des personnes très intelligentes, on obtient zéro ».
Naturellement, ces mathématiques s’appliquent à l’investissement boursier, c’est pourquoi il est important d’étudier la force financière et les bilans, comme nous le faisons. Peut-être n’avons-nous pas gagné autant d’argent que nous ne l’aurions fait ces deux dernières années si nous avions parié sur des entreprises plus spéculatives, moins habilement financées. Mais, sur le long terme, nous suivons un chemin plus sûr (et nous n’avons pas mal réussi dans l’état actuel des choses).
Buffett évoque également une lettre écrite par son grand-père à son fils en 1939 : « Ernest n’a jamais étudié dans une école de commerce — en fait, il n’a jamais terminé le lycée — mais il avait compris l’importance de la liquidité comme la condition pour une survie assurée ».
Le vieil Ernest a donné à son fils Fred un très bon conseil. Il écrit : « au bout de pas mal d’années, j’ai connu beaucoup de gens qui, à un moment ou un autre, ont souffert de diverses manières simplement parce qu’ils n’avaient pas de cash disponible… Par conséquent, je pense que chacun devrait avoir une réserve ».
Buffett affirme qu’habituellement Berkshire garde au moins 20 milliards de dollars à portée de main, « afin que nous puissions à la fois résister à des pertes sans précédent en cas de sinistre… et rapidement saisir les acquisitions ou opportunités d’investissement, même durant les périodes de troubles financiers ».
C’est une bonne façon de diriger une entreprise. C’est une bonne façon de gérer vos finances personnelles. Et c’est une bonne façon de gérer un portefeuille. Mon conseil est donc de garder une réserve de liquidités.
En tant qu’investisseur long terme, je partage en partie l’optimisme de Buffett. Lorsque je regarde autour de moi, je vois beaucoup de gens faisant de grandes choses qui pourraient créer une grande richesse cette année et les années à venir.
En même temps, je ne conseillerais jamais de vendre sur la simple intuition de la direction que prendra le marché. Chercher à atteindre des maximum et minimum est une perte de temps. Mais je sais pertinemment que trouver de bonnes affaires est de plus en plus difficile. Beaucoup de valorisations n’offrent plus possibilités. Gardez une réserve de cash : ainsi, vous serez prêt à tirer avantage de nouvelles opportunités lorsque viendra l’inévitable baisse du marché.
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Devenez un bon chasseur de prime grâce aux pièces d’or
Camille-Yihua Chen
▪ Le saviez-vous ? Les pièces d’or peuvent valoir plus que leur pesant d’or ! Tout simplement parce qu’elles possèdent un effet de levier qui n’existe ni pour les lingots, ni pour les barres : la prime. Celle-ci est positive dès lors que la demande devient forte : ainsi, lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique en 1980, la prime du Napoléon est passée de 40 à 130% ! Elle est nulle ou négative quand la demande devient faible — ce fut le cas, par exemple, au cours de la décennie 1998-2007, quand la prime se situait légèrement au-dessous de zéro.
Mais qu’est-ce que la prime des pièces d’or ? Selon la définition couramment admise, il s’agit de la différence, exprimée en pourcentage, entre le prix du métal jaune qui constitue la pièce et le prix négocié de celle-ci. Par exemple, si un Napoléon contient 192 euros d’or (prix du métal jaune) et qu’il vaut 204 euros (prix négocié), sa prime s’établit alors à : 100 x (204 – 192) / 192 = 6,25%.
▪ Cinq facteurs déterminent le niveau de la prime
1. La fabrication
Plus une pièce est petite et difficile à produire, plus son coût de fabrication est élevé, ce qui se traduit alors par une prime plus importante. Ainsi, comme l’explique AuCoffre.com, plate-forme d’achat et de vente de pièces d’or, « les Napoléons 10 F ont une prime plus élevée que les 20 F, plus grosses ».
2. La spéculation
Lorsqu’on observe un déséquilibre entre l’offre et la demande, le rééquilibrage s’opère par le biais d’un décalage du prix, faisant jouer une variation de la prime. Dans une période durant laquelle les pièces se vendent plus qu’elles ne s’achètent, la prime sera nulle ou légèrement négative. En revanche, lorsqu’il y a une forte demande, qui se traduit souvent par un emballement spéculatif, la prime grimpe en flèche.
3. La conservation
Une pièce de qualité conservée dans de bonnes conditions gardera toute sa valeur initiale. A l’inverse, de mauvaises conditions de conservation (contacts avec les doigts, rayures, usure par le frottement…) entraîneront une décote de 4 à 10% pouvant donner une prime négative.
4. La collection
Certaines pièces, soit parce qu’elles ont été frappées en séries volontairement limitées, soit du fait de leur rareté historique, s’échangent au-dessus de leur valeur en or. Par exemple, un 100-Francs Bazor (pièce de 6,55 g) pourra dépasser 10 000 euros selon son degré de rareté et son état, un chiffre totalement dissocié de la valeur de l’or.
5. L’emplacement géographique
Les pièces d’or ne sont pas recherchées de la même manière dans tous les pays. En France, les Napoléons sont plus recherchés que les Pandas, pièces chinoises ; aux Etats- Unis ou ailleurs, ce sont plutôt les Eagles ou les Krugerrands d’Afrique du Sud qui ont la faveur des investisseurs. A noter que, en période de crise, une pièce locale verra sa prime flamber, alors que celle des pièces des pays étrangers restera dans la moyenne.
▪ Trois astuces pour bénéficier de la prime
Reste à savoir comment vous pouvez bénéficier de la prime lorsque vous investissez dans les pièces d’or. Les spécialistes conseillent de respecter trois règles : choisir les pièces à fort potentiel de prime ; acheter quand le différentiel de prime est intéressant ; bien conserver les pièces achetées, afin de mieux les revendre.
1. Choisissez les pièces à potentiel de prime
« En premier lieu, vous devez raisonner non pas dans une logique de collectionneur mais d’investisseur »,conseille AuCoffre.com. Mieux vaut donc privilégier les pièces qui entrent dans la catégorie or d’investissement.
2. Achetez quand le différentiel de prime est intéressant
Il faut non seulement privilégier les pièces dont le potentiel de hausse de la prime est important, mais aussi savoir les acheter quand le différentiel de prime est intéressant.
Ainsi vous gardez intact tout le potentiel de hausse de la pièce. Jean-François Faure, directeur d’AuCoffre.com, explique : « la bonne prime d’achat varie selon chaque pièce. Un souverain est jugé bon à acheter avec une prime entre 0 et 5%, un demi-Napoléon entre 5 et 20%, une Liberty 20 $ entre 10 et 30%. Qu’importe que la prime soit de zéro à l’achat ; l’important est que, entre la prime la plus basse et la prime la plus haute, le différentiel soit le plus grand : c’est ça, une pièce avec un excellent potentiel de placement ! Les Liberty 20 $ ont une prime basse de 20%, mais leur prime la plus haute dépasse facilement 100% : le différentiel est donc énorme. C’est ce qui les rend, en France, plus intéressantes que des souverains dont la prime basse est pourtant de zéro ».
3. Conservez bien vos pièces en l’état, afin de mieux les revendre
Enfin, il est recommandé de conserver à chaque pièce sa patine d’origine. Quand vous revendez vos pièces, celles-ci doivent être de « bonne livraison », c’est-à-dire qu’elles ne doivent être ni limées, ni percées, ni gondolées ; elles ne doivent avoir subi aucune transformation susceptible d’en modifier l’aspect ou ne porter aucune marque apparente de détérioration. La solution consiste à prendre la précaution d’exiger de son intermédiaire une livraison sous sac scellé, ce qui permet de les revendre sans problème.
[Camille-Yihua Chen est journaliste. Parfaitement trilingue en chinois, français et anglais, dotée de plus de dixans d’expérience dans le domaine de la banque et de la Bourse, elle a collaboré avec L’Express, Le Figaro Economie, Radio France Internationale, la banque Egg… entre autres. Chinoise d’origine, les liens qu’elle a gardés avec son pays lui permettent d’avoir un point de vue unique sur la situation des entreprises et de l’économie de la Chine. Vous pouvez la retrouver régulièrement dans le magazine MoneyWeek, dont cet article est extrait.]
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