** Où est donc le grand rebond post-krach ?
– Il y a pas mal d’affaire à faire en ce moment. Mais le fait de se dire que telle ou telle action vaut 60 $ quand on l’achète 30 $… pour la voir tomber immédiatement à 20 $ et finalement clôturer à 10 $… n’aide pas vraiment à se sentir mieux.
– Cela me rappelle ce que ce bon vieux Benjamin Graham avait l’habitude de dire du marché. Il a un jour commencé un cours par : "l’attitude adéquate que l’analyste boursier doit avoir face à la Bourse pourrait bien être celle qu’un homme doit avoir envers sa femme. Il ne doit pas accorder trop d’attention à ce que dit la dame, mais il ne peut pas se permettre de l’ignorer totalement" (c’était en 1946. Nous pouvons donc peut-être excuser ses propos).
– Graham est parfois catalogué comme l’un de ces investisseurs par la valeur qui mettent des oeillères et n’accordent aucune attention à ce qui se passe dans le monde qui les entoure, tout occupés qu’ils sont à traquer les actions bon marché. Mais c’est un penseur de grande envergure. Et pour quelqu’un qui est souvent associé à l’idée que l’on devrait ignorer la Bourse, il avait beaucoup à dire sur le sujet.
– En lisant ses discours et ses cours, vous pouvez voir qu’il passe beaucoup de temps à remettre en question les mystères des marchés et leurs mouvements d’ensemble, à philosopher sur la nature des cycles et la nature humaine. Il a approfondi ces idées jusqu’à la fin de sa vie.
** La meilleure source d’information, si vous êtes intéressé, est l’ouvrage de Janet Lowe, The Rediscovered Benjamin Graham, une compilation d’articles de magazines, de cours, de discours et même un témoignage parlementaire.
– J’ai été très frappé en lisant ses échanges avec les sénateurs et ses sessions de questions-réponses avec les étudiants. Ils révèlent Graham comme quelqu’un de vif, plein d’esprit et plutôt éloquent. En une seule intervention devant le Comité américain du contrôle bancaire et des devises, les réponses de Graham ont complètement charmé le président. Voici l’un de leurs échanges :
– Président du Comité :" je suis souvent du même avis que vous.
– Graham : sénateur, je n’ai aucune intention d’adapter mes opinions de façon à obtenir votre approbation.
– Président du Comité : je ne vous accuse pas de le faire. J’étais simplement impressionné par votre sagesse.
– Graham : merci, sénateur".
** A d’autres moments, Graham était encore plus direct, comme ici :
– Président du Comité : "vous avez commencé avec un demi-million de dollars. Que s’est-il passé ensuite jusqu’à 1929 ?
– Graham : nous avons eu beaucoup de succès ; le fonds a atteint les 2,5 millions de dollars au début de l’année 1929.
– Président du Comité : grâce aux actions, je suppose ?
– Graham : actions et obligations.
– Président du Comité : qu’avez-vous fait en 1929 ?
– Graham : en 1929, nous avons perdu de l’argent."
– Mon estime et mon respect pour Graham ne font que grandir quand je lis ce genre de choses. Il disserte avec intelligence et sagesse sur de nombreux sujets en rapport avec l’investissement. Et comme il fait partie de ceux qui ont investi pendant la Grande Dépression, sa carrière et ses idées m’intéressent particulièrement, étant donné la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, en 2009.
– Pendant l’un de ses premiers cours, Graham a avancé l’idée suivante :
– "Vous n’obtiendrez pas de bons résultats en analyse boursière si vous vous contentez simplement de choisir les entreprises qui semblent avoir de bonnes perspectives — que ce soit dans l’industrie automobile, le bâtiment, ou n’importe quel ensemble d’entreprises dont tout le monde vous dit qu’elles vont bien fonctionner pendant encore de bonnes années. Cette méthode est trop simple et trop évidente — et l’idée de base la concernant, c’est qu’elle ne fonctionne pas bien".
– J’essaie de me souvenir de paroles comme celles-là alors que Wall Street est en pleine débâcle actuellement.