Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Après l’effondrement généralisé des cours des matières premières, parallèlement à la chute violente des indices boursiers cet automne, nous avons assisté depuis Noël à un rebond sans précédent.
A vous couper le souffle !
Les faits, rien que les faits
Prenons le brut (WTI) par exemple. Il y a quelques jours, il flirtait avec les 35 $ le baril avant de revenir à 54 $ lundi en cours de séance, soit une hausse de 54% en l’espace de quelques jours !
Même chose pour les métaux qui ont fortement rebondi depuis Noël et jusqu’en début de semaine.
Le cuivre est revenu de 2 875 $ à 3 578 $ en cours de séance lundi, soit 25% de gain. Le nickel est passé de 9 700 $ à 13 600 $, soit 40% de gain ! Le plomb est sur la même longueur d’onde, passant de 875 $ la tonne à 1 224 $ avant-hier, soit 40% de hausse. L’aluminium affiche 11% de hausse. L’étain et le zinc sont sur la même tendance…
Et les céréales et les softs ? Même constat : Le soja a pris 31% et le blé 33% sur la même période. Café, cacao, caoutchouc… même combat !
Les matières ont été tirées par le rebond des marchés actions
Depuis Noël et jusqu’à mardi dernier, le CAC affichait une hausse de quelque 12%… Lundi, Eramet avait gagné jusqu’à 54% depuis Noël, et ArcelorMittal 31% ! Serait-ce le retour des investisseurs sur les marchés actions et matières ?
Une chose est certaine : le mouvement haussier généralisé a été initié par quelques investisseurs seulement au moment des fêtes. Ils étaient alors très peu nombreux. En revanche, à la fin des vacances, lorsque les investisseurs sont revenus vers les marchés, ils se sont engouffrés massivement dans ce mouvement haussier, l’exacerbant d’autant plus.
Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit… les volumes restent globalement faibles. Et ce depuis le début de l’automne…
Que se passe-t-il ?
Globalement, les matières ont été tirées par l’affaiblissement du dollar qui revenait de 1,24 et jusqu’à 1,48 contre l’euro durant les fêtes. Le billet vert reprend toutefois du poil de la bête ces derniers jours.
Les matières ont été également tirées par la hausse du cours du baril, dopé par les pressions géopolitiques : conflit entre Israéliens et Palestiniens ainsi que tensions entre la Russie et l’Ukraine qui génèrent des coupures de gaz.
Mais ce n’est pas tout…
Confiance aveugle dans les gouvernements ?
Il semblerait que les investisseurs aient une confiance totale dans les plans de relance des différents gouvernements. Malgré les données économiques extrêmement mauvaises qui tombent tous les jours, les investisseurs semblent avoir confiance dans les pouvoirs publics et leurs injections massives de fonds dans l’économie et la finance, à tous les niveaux.
Jamais, absolument jamais dans notre histoire, autant d’argent n’avait été injecté dans les circuits en aussi peu de temps. Ils y croient… Ont-ils raison ? Je ne sais pas.
Qui sortira gagnant du match qui oppose les pouvoirs publics aux pressions déflationnistes et économiques ? Je ne sais pas non plus…
Et il y a aussi des facteurs purement techniques
Prenons l’exemple du nickel. Son cours s’envole alors même que les stocks de nickel gonflent ! Incohérent… En réalité, la hausse de ce métal n’est pas justifiée par des fondamentaux. Alors pourquoi de telles variations ?
Comme chaque année, l’indice phare des matières premières, le Dow Jones AIG-Commodity, est en train d’être repondéré. Les modifications seront opérées du 9 au 16 janvier. Or ceci a un impact important sur les cours des matières, car beaucoup de grandes banques internationales ont créé des fonds matières premières dont la composition est calquée sur celle du Dow Jones AIG-Commodity. Inutile de vous dire que cela entraîne des mouvements entre matières qui peuvent peser très lourds.
Ainsi, comme chaque année, beaucoup d’investisseurs ont spéculé sur ces mouvements de recomposition.
Les investisseurs se sont repositionnés en masse sur les matières
Les matières avaient été à ce point lynchées qu’elles bénéficient aujourd’hui du repositionnement des investisseurs sur la classe d’actifs. En fin d’année, les institutionnels ont allégé leurs portefeuilles. Ils doivent aujourd’hui reprendre des positions, et les matières ont été les premières à en bénéficier. Il faut dire qu’on atteignait des niveaux historiquement bas, pour ne pas dire planchers. A ces niveaux de cours, les matières premières sont un must.
Et puis, il y a aussi les fondamentaux…
Pour les softs, et notamment les céréales et les oléagineux, les fondamentaux restent clairement positifs. Les stocks de blé, de maïs et de soja restent très faibles, même si on a pu récemment les regonfler un peu. Ensuite, la demande ne faiblit pas car la croissance de la population mondiale est une tendance lourde. Et puis, vous avez aussi le coût élevé des engrais et des pesticides qui entretient des prix élevés.
Pour toutes ces raisons, je suis très positive sur ce secteur de la classe d’actifs matières. En revanche, tant que la demande/consommation mondiale ne repartira pas, l’économie ne repartira pas et le rebond des matières (hors agricoles) ne sera pas pérenne.
[NDLR : Pour tout comprendre du marché matières — et savoir comment profiter des opportunités qu’il offre, continuez votre lecture…]
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.