Par Jean Chabru (*)
Vous connaissez sans doute le pari de Pascal… Vous savez, cette pensée qui démontre que vous n’avez rien à perdre en croyant en Dieu. En effet, si vous y croyez et qu’il existe, vous avez toutes les chances d’aller au paradis. S’il n’existe pas, eh bien, vous irez dans le néant. Mais imaginez que vous ne croyez pas en Dieu mais qu’il existe. Là, vous avez toutes les chances d’aller en enfer.
Conclusion : dans le doute, il vaut mieux y croire. Eh bien, c’est un peu cette philosophie que je vous propose de suivre. Laissez-moi vous expliquer…
Une année historique
Cette année 2008 restera gravée comme la pire année boursière depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale voire 1929. Les évolutions des indices et le climat de fin de monde que nous connaissons ne semblent laisser que peu d’espoir à l’investisseur. Et pourtant, je pense que le pire est derrière nous. Car fondamentalement, qu’est-ce que nous craignons le plus en tant qu’investisseur ?
Un krach boursier. Eh bien la bonne nouvelle — ou la mauvaise tout dépend — est que nous avons connu un tsunami boursier exceptionnel par son ampleur comme on en voit un par siècle. Il ne s’agit pas d’une manière de me dédouaner mais la gravité de la crise a été exceptionnelle et personne — pas même les Banques centrales — n’a été en mesure de prédire ces conséquences aussi brutales que profondes.
En outre, il semble plus important de savoir prédire les marchés haussiers que les marchés baissiers. Signalons aussi qu’au cours de la période 1963-1993, 95% des retours boursiers ont été réalisés sur seulement 1,2% des sessions boursières ! Le fait qu’une majeure partie des retours soit obtenue sur seulement quelques jours de transactions prouve que les investisseurs qui tentent de prévoir les évolutions futures du marché courent un risque important. En effet, ils pourraient très facilement rater ces quelques jours fatidiques (1,2%). Les investisseurs ont également peu de chances d’éviter les jours les plus sombres.
Petite analyse des marchés baissiers :
** Phase un, la chute
Il est clair que les marchés boursiers mondiaux sont dans une phase descendante (bear market) depuis août 2007. Les marchés boursiers anticipent actuellement des baisses de bénéfices plus importantes (de l’ordre de 50% en Europe 40%, aux Etats-Unis et 35% au niveau mondial) que lors des dernières phases de ralentissement économique (-36% en moyenne depuis 1973 en Europe, -18% aux Etats-Unis et -13% au niveau mondial).
L’histoire montre que les bear markets s’accompagnent toujours de périodes de baisse des bénéfices des entreprises. De tels comportements de marché coïncident aussi souvent avec des périodes de récession et/ou de hausse de l’inflation et de resserrement monétaire. Dans la première phase d’un bear market, les nouvelles sont mauvaises. Les cours boursiers chutent rapidement, les bénéfices se replient et l’environnement économique se détériore fortement.
Les marchés d’actions mondiaux se trouvent probablement à la fin de cette première phase à l’heure actuelle.
** Phase deux, atténuation
Dans la seconde phase d’un bear market, les bénéfices des entreprises continuent de baisser, parfois même pendant environ deux ans. Toutefois, la situation évolue progressivement et la tendance baissière s’atténue. On observe aussi certains signes d’assouplissement de la politique monétaire. Si les valorisations boursières ont suffisamment baissé pour atteindre un certain niveau de soutien, cette seconde phase s’avère généralement moins négative pour les actions que la première. Les marchés boursiers peuvent même repartir à la hausse. Mais aucun signe positif n’a encore été observé sur le marché immobilier américain, bien que nous nous trouvions peut-être déjà dans la seconde phase ou que nous soyons sur le point d’y entrer.
A l’heure actuelle, je pense que les marchés boursiers vont continuer à évoluer au sein d’une marge assez large, les révisions baissières des bénéfices limitant le potentiel de hausse et la faiblesse des valorisations limitant le potentiel de baisse. Suite à la récente vague de ventes, je considère que nous nous situons actuellement dans la partie inférieure de cette marge.
Croyez au rebond et positionnez-vous dès aujourd’hui
En résumé et en appliquant le pari de Pascal à une stratégie d’investissement, ce n’est pas le moment de vendre vos actions ou d’être en dehors du marché, étant donné la phase de bear market dans laquelle nous nous trouvons probablement à l’heure actuelle.
Il vaut mieux croire au rebond à venir et investir — ou commencer à se repositionner — dès aujourd’hui car s’il n’intervient pas, le potentiel de baisse est de toute façon limité. Par ailleurs, du point de vue des probabilités, il apparaît difficilement concevable que le CAC 40 puisse enchaîner deux années à -40%.
Meilleures salutations,
Jean Chabru
Pour la Chronique Agora
(*) Jean Chabru est le rédacteur en chef de Small Caps Profits, un service de recommandation ultra-efficace se concentrant sur les petites valeurs. Spécialisé dans le segment des small caps, Jean Chabru et son équipe de spécialistes mettent à votre disposition l’une des plus grandes bases de données françaises sur les petites valeurs. Le but ? Vous positionner sur des petites valeurs explosives avant le reste des investisseurs… et attendre que le marché s’en aperçoive et fasse monter les cours !