** La joie et la jubilation sont revenues à Wall Street lundi, quand le gouvernement fédéral a renfloué Citigroup avec 326 milliards de dollars — dont 306 milliards de dollars en garanties de prêt et 20 milliards en liquidités. Malheureusement, les points du Dow Jones ne sont plus aussi bon marché qu’autrefois. Vous vous souvenez, en mars dernier, quand le Trésor américain a fait un chèque de 30 milliards de dollars à J.P. Morgan pour financer le rachat de Bear Stearns ? Le Dow Jones a fait un rebond de 187 points suite à la nouvelle — soit un point pour chaque 160 millions de dollars de renflouement.
– Par comparaison, chacun des points engrangés lundi par le Dow Jones coûte 823 millions de dollars. Hélas, la loi de diminution des bénéfices semble prendre le dessus. Par conséquent, même si nous pensions que le Trésor américain pouvait acheter un nouveau marché haussier, les résultats ne seraient pas si évidents. A 823 millions de dollars par point, il ne faudrait pas moins de 4 700 milliards de dollars pour faire remonter le Dow Jones à son niveau record.
– Malheureusement, cela s’accompagne d’une tendance opposée : plus le Trésor dépense, plus le marché vacille. Savez-vous que le gouvernement fédéral américain a VRAIMENT engagé 7 700 milliards de dollars de renflouements, de prêts et de garanties depuis l’apparition de la crise du crédit l’année dernière ? Et savez-vous que le Dow Jones a chuté de plus de 5 700 points depuis que la mode des renflouements a commencé ?
– Il y a donc à peu près un point de Dow Jones PERDU pour chaque 1,3 milliard de dollars de renflouement.
** Il est tout à fait possible, évidemment, que tous ces programmes de renflouement transforment les marchés financiers dévastés en un paradis sur terre… ou du moins en un paradis sur Wall Street. Mais les premiers signes ne sont pas très encourageants.
– Selon une équipe de statisticiens de Bloomberg News, "le gouvernement américain est prêt à fournir plus de 7 700 milliards de dollars dans l’intérêt des contribuables… Cet engagement de fonds sans précédent comprend 3 200 milliards de dollars déjà utilisés par les institutions financières, la plus grande réponse à une urgence économique depuis le New Deal des années 30".
– Le calcul de Bloomberg comprend une foule de programmes de renflouement directs et indirects. En plus du programme TARP de 947 milliards de dollars du Trésor, par exemple, la Fed s’est engagée à protéger 2 300 milliards de dollars en fonds de marché monétaire, tandis que l’Agence fédérale américaine de garantie des dépôts a promis de garantir 1 400 milliards de dollars en dépôts bancaires. Divers programmes et "arrangements" fournissent les 3 000 milliards restants en prêts ou garanties.
– D’où vient tout cet argent ? Personne ne peut le dire exactement. Mais nous savons d’où il ne vient PAS. Il ne vient pas d’une énorme tirelire cachée dans un bâtiment fédéral à Washington, DC. Il ne vient pas non plus d’un compte en banque traditionnel qui contient des économies traditionnelles. Non, cet argent vient d’un lieu où les illusions sont particulièrement élaborées, plus connu sous le nom de Réserve fédérale.
– Cet argent vient d’un "système" monétaire qui n’est pas du tout un système ; c’est une performance artistique — une improvisation de système monétaire. Le système utilise une association artistique de promesses, de bonne volonté, d’emprunts à l’étranger et de dettes gouvernementales pour valider des milliers de milliards de dollars d’une devise papier que les Etats-Unis impriment pour eux-mêmes. Tant que cette improvisation réjouit les détenteurs de dollars du monde entier, tout va pour le mieux. Mais ils pourraient se lasser de la performance.
– Certains d’entre eux sont peut-être déjà lassés. A la nouvelle du renflouement de Citigroup, par exemple, le dollar s’est effondré face à l’or et à l’euro, tandis que les bons du Trésor américain chutaient eux aussi. Un jour ne fait pas la tendance, évidemment. Mais une année, si. Pendant plus d’un an, le gouvernement américain a empilé les pertes de renflouement les unes sur les autres, tout en obligeant la Réserve fédérale à dissimuler les coûts réels dans la complexité de son bilan et l’opacité de ses machinations monétaires.