** Décidément, c’est "un pas en avant… six pas en arrière" pour les marchés en ce moment. Lancés dans une sorte de valse-hésitation dantesque — avec, pour partenaire très exigeant et pas franchement plein de sollicitude, une économie mondiale au bord de l’apoplexie — les investisseurs se sont pris les pieds dans le tapis des statistiques hier.
Mais aussi, allez réussir un tango harmonieux avec une baisse de 4,5% des mises en chantier aux Etats-Unis au mois d’octobre ! Le nombre de maisons entamées atteint ainsi les 791 000 unités en rythme annuel — un niveau sans précédent depuis 1959. Les permis de construire sont eux aussi en chute libre : -12% le mois dernier !
Il faut ajouter à cela les constructeurs automobiles, qui se sont jetés dans les jambes des rares danseurs encore dans le rythme : le sort des Big Three de Détroit est toujours aussi incertain. Au Congrès américain, républicains et démocrates ne parviennent pas à accorder leurs violons (notons le sursaut d’orthodoxie qui conduit les républicains à hésiter devant le plan d’aide… alors qu’ils signent à deux mains subventions, renflouages et dépenses inconsidérées depuis des années… mais il est vrai qu’une élection est passée par-là…)
Voilà qui a relégué l’indice des prix à la consommation au rang de laideron faisant tapisserie dans la grande salle du bal global : les prix américains ont pourtant reculé de 1% en octobre — la plus forte baisse enregistrée depuis 1949, nous apprenait Investir.fr, contre 0,8% attendus par les spécialistes. Et même sans l’alimentation et l’énergie, fortement influencées par la baisse des prix des matières premières, les prix reculent : -0,1% sur le mois dernier, alors qu’on prévoyait une hausse de 0,1%.
** Cela n’a pas suffi à consoler les marchés. Virevoltant sans grâce aucune sur la piste, le CAC 40 a chuté de 4,03%, à 3 087,89 points en clôture hier. Le Footsie londonien s’est montré tout aussi maladroit, perdant 4,82% sur la séance, tandis qu’à Francfort, on ne faisait pas mieux : le DAX a abandonné 4,92%.
Notez que les Etats-Unis ne se sont pas montrés meilleurs danseurs — bien au contraire. Le line dancing cher aux amateurs de country music s’est décliné dans sa version baissière hier : un bel ensemble de dégringolades, bien en rythme : le Dow Jones a reculé de 5,07%, pour atteindre les 7 997,28 points… le Nasdaq a perdu 6,53%, à 1 386,42 points… et le S&P a clôturé à 806,63 points, soit une perte de 6,11% sur la séance.
** Il faut admettre que le chef de l’orchestre rythmant la danse n’est pas des plus stimulants : la Fed a en effet publié le compte-rendu de la dernière réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC)… et il n’est guère encourageant.
"Et si le produit intérieur brut (PIB) américain se contractait l’année prochaine ?", se demande très finement La Tribune ce matin.
Une crise aux Etats-Unis ? Je ne sais pas… c’est possible… un peu… peut-être… non ?
Le journal continue : "[…] la Banque centrale américaine a très nettement revu à la baisse ses prévisions de croissance de l’activité économique pour 2009. Elle table désormais sur une croissance comprise entre -0,2% et 1,1%, contre une précédente fourchette, publiée en juillet, allant de 2 à 2,8%".
"Pour l’année en cours, la Fed ne table plus que sur une croissance comprise entre 0,0 et 0,3%. Sa fourchette précédente allait de 1% à 1,6%. La reprise ne devrait intervenir qu’en 2010. Les banquiers centraux s’attendent à une croissance allant de 2,3% à 3,2% cette année-là. La croissance de 2009 ‘devrait être freinée par la persistance de tensions sur les marchés du crédit et les ajustements en cours dans le secteur du logement de même que par la faiblesse du noyau dur des dépenses des ménages et les investissements des entreprises’, détaille le compte-rendu […]".
Le "bol à punch" a disparu… la musique devient de plus en plus lente et grinçante… les invités ne veulent plus danser : le grand bal économique est en train de se transformer en funérailles.
** Le dollar, en tout cas, continue de se redresser face à l’euro : la monnaie unique européenne valait hier 1,2550 $, contre 1,2620 la veille. Un petit signe, tout de même, que les temps sont peut-être en train de changer : l’or a littéralement bondi, prenant 20 $ dans la journée de vendredi à Londres. Au second fixing, l’once était à 762 $, contre 738 $ la veille au soir.
Enfin, le pétrole continue sa baisse suite à la publication de statistiques sur les réserves américaines : à New York, le baril de WTI est passé sous la barre des 54 $, à 53,77 $, contre 54,39 $ la veille.
Françoise Garteiser,
Paris