** Décidément, le mois d’août est en passe de devenir un mois maudit pour les marchés boursiers. En 2007, la crise des subprime avait éclaté durant la première quinzaine d’août ; cette année, elle refait surface depuis quelques jours après un rebond de plusieurs semaines qui avait commencé à rassurer tout le monde.
Comme l’énumère très bien La Tribune, les raisons de s’inquiéter ne manquent pas : "cessions d’actifs en urgence, obligation de rembourser des obligations ARS (auction rate securities) pour des milliards de dollars, difficultés persistantes des grands spécialistes des prêts immobiliers Fannie Mae et Freddie Mac, les problèmes sont loin d’être réglés. Alors que les grandes banques américaines ont déjà perdu environ 300 milliards de dollars depuis l’éclatement de la crise du subprime à l’été 2007".
Lehman Brothers semble avoir été le premier domino de la rangée — celui qui pousse tous les autres — à tomber ; depuis, c’est la chute. Les bancaires plombent les indices un peu partout. La Bourse de Tokyo a terminé à un plus bas d’un mois. En France, le CAC 40 est revenu à 4 332,79 points, soit une chute de 2,61% sur la séance d’hier — tandis qu’à Francfort et Londres, le DAX et le Footsie étaient à égalité avec une perte de 2,38%. On avait pourtant une petite raison de se réjouir : l’indice allemand ZEW, qui mesure le sentiment économique, était meilleur que prévu à -55,5 points (-63,9 le mois dernier et -62 attendus).
De l’autre côté de l’Atlantique, les marchés n’étaient guère plus réjouissants : le Dow Jones a abandonné 1,14% sur la séance, à 11 349 points… le Nasdaq dégringolait de 1,35%, pour clôturer à 2 384… et le S&P perdait 0,93%, à 1 267 points.
** Il faut dire qu’en plus des déboires continus du secteur financier, les statistiques publiées hier aux Etats-Unis avaient de quoi déprimer les investisseurs. On a en effet appris que les prix à la production ont grimpé de 1,2 le mois dernier… alors que le consensus anticipait une hausse de 0,5%. "Sur un an", nous apprend La Tribune, "les prix à la production ont augmenté de 9,8%, au plus haut depuis 27 ans".
Plus inquiétant encore, l’immobilier continue de s’enliser (démentant d’ailleurs — une fois encore — les prédictions optimistes d’Alan Greenspan, comme le souligne Eric Fry ci-dessous…). Les mises en chantier américaines ont ainsi baissé de 11% entre juin et juillet : on n’avait pas vu chiffre si décourageant depuis mars 1991. Parallèlement, les permis de construire ont pris une volée de bois vert — 17,7% en moins, leur plus forte baisse depuis février 1990 !
** Le pétrole est ensuite venu mettre un grain de sable supplémentaire dans des rouages déjà bien grippés, en prenant 1,66 $. Notons tout de même que le baril de WTI New York est revenu à de meilleurs sentiments ce matin, à 112,71 $ à l’heure où j’écris ces lignes.
Le dollar a profité de la tourmente pour prendre un peu de repos ; l’euro a regagné du terrain, pour atteindre les 1,4756 $. Enfin, l’or semble prendre ses aises sous les 800 $ — il perdait 2,25 $ au second fixing de Londres, à 788,75. Simone Wapler nous le confirme dans la dernière partie de cette Chronique, profitez de la baisse pour vous positionner à bon compte : " Les risques de ne pas avoir [d’or] sont largement supérieurs à ceux auxquels on s’expose en en possédant" !
Françoise Garteiser,
Paris