** La guerre continue. Les forces implacables de l’inflation continuent de déferler sur les lignes inamovibles de la déflation. Et pris entre les deux se trouve le consommateur américain… l’électeur américain… et le lumpeninvestoriat.
* Oui, cher lecteur, nous sommes sous un feu nourri provenant des deux directions. Les prix grimpent. Et les prix chutent. M. le Marché lamine les prix de l’immobilier et des actions. M. Système de la Réserve Fédérale fait grimper les prix du pétrole et de l’alimentation.
* Cette semaine, les nouvelles parlaient de tirs réussis, de tirs manqués et de nouvelles victimes de "feu allié". La grande nouvelle, cependant, c’est qu’après des semaines et des semaines d’avancée de l’inflation, la déflation est de retour en première page, avec une contre-offensive majeure. On aurait dit que l’inflation était le grand gagnant. Les prix grimpent partout ; tout le monde en est venu à croire que l’inflation était imbattable. Les analystes avaient commencé à parler du pétrole à 170 $… voire 200 $.
* Mais alors que les marchés se sont un peu repris — après une longue série de pertes — l’or et le pétrole ont chuté. Les matières premières dans leur ensemble battent peut-être en retraite.
* D’autres mauvaises nouvelles sont arrivées du secteur de l’immobilier aussi. On apprenait mardi que les ventes de maisons anciennes ont chuté de 4,7% en mai aux Etats-Unis ; c’est plus que prévu. Elles ont baissé de 14% par rapport à l’année précédente.
* On apprenait aussi que les saisies ont grimpé de 100% sur l’ensemble de 2007 aux Etats-Unis, tandis que les défauts de paiement hypothécaires atteignent des taux record. Les dossiers de saisies sont 48% plus élevées que sur la même période l’an dernier.
* Il y a tant de déflation dans le secteur de l’immobilier, que les économistes attendent juste de la voir se répercuter dans les ventes au détail… avant de se répandre au reste de l’économie. Sans gains immobiliers à dépenser, les consommateurs vont devoir restreindre leur niveau de vie. Et lorsqu’ils le feront, les ventes au détail chuteront… et il en ira de même pour la demande de biens et de services sur l’ensemble du système. Jusqu’à présent, on constate une chute notable de la demande d’automobiles — en particulier les 4×4. Les actions de General Motors ont perdu 75%. Nous avons également vu une chute de la conduite… et les chiffres du chômage US sont en hausse. Mais jusqu’à présent, pas de baisse notable des dépenses. Bien entendu, cela est dû en partie au fait que les prix ont grimpé si haut que les consommateurs doivent continuer à dépenser jusqu’au dernier centime — même s’ils en ont moins pour leur argent. Mais nous devrions bientôt voir une chute significative des ventes, suivie d’une nouvelle chute de la croissance économique.
** La semaine dernière, nous avons vu un article annonçant que le nombre de locaux vides augmentait dans le secteur de la vente au détail. Par personne, les Etats-Unis ont dix fois plus d’espaces de vente au détail que la France. Lorsque les Américains commenceront à moins dépenser, une bonne partie de cet espace cessera d’être commercialement viable. Bientôt, les centres commerciaux abandonnés suivront les maisons abandonnées.
* Pour le secteur de la finance, cela représente une nette chute de la valeur du nantissement… et de la capacité des clients à rembourser leurs prêts. Pour commencer, les emprunteurs ne peuvent assurer leurs mensualités. Ensuite, les prêteurs réalisent que leur nantissement est sans valeur. Nous avons vu les coups portés au marché des prêts subprime — mais qu’en est-il des autres secteurs du marché du crédit ? Les prêts sur cartes de crédit ? Les prêts étudiants ? Les prêts commerciaux ?
* En Angleterre, Bradford & Bingley, un important prêteur hypothécaire, a été mis à mal. Ses actions ont chuté, tandis qu’un grand courtier londonien prédisait une cible de cours à "zéro" pour la valeur.
* Les prêts hypothécaires britanniques ont baissé de 44% par rapport à l’an dernier. "Les prévisions concernant les prix de l’immobilier londonien aggravent la morosité", rapporte le Financial Times.
* De retour aux Etats-Unis, la Fed annonce qu’elle prolongera son programme PDCF l’an prochain. Le programme est simple à comprendre. Il permet à Wall Street d’emprunter à la Fed à 2,25% — soit environ la moitié du niveau de l’inflation des prix à la consommation. Il devrait donc être facile de gagner de l’argent. Il suffit d’emprunter à 2,25%, et de prêter à… 5%, par exemple. L’emprunteur ne paierait qu’un taux d’intérêt réel de 1% ou moins. Et le prêteur gagnerait 2,75% sur l’argent de quelqu’un d’autre. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
* Ce qui pourrait mal tourner, c’est ce qui est déjà en train de mal tourner. Les prêteurs ont sorti trop d’argent pour trop de gens qui ne peuvent le rembourser. Ils hésitent désormais à prêter à qui que ce soit. Mais de toute façon, d’une manière générale, qui veut vraiment emprunter ? Qui veut construire plus d’espaces de vente au détail ? Qui construit plus de maisons ? Qui installe une nouvelle usine automobile aux Etats-Unis ? Qui développe sa production, quelle qu’elle soit ?