Les événements du passé permettent de mieux comprendre et anticiper l’avenir : que peuvent nous dire les Etats-Unis des années 1970 ?
Nous appelons le 17 septembre 2019 « le jour où le monde a pris fin ». A cette date, un pic des taux de prêt de court terme – sur le marché des repos – a menacé les dépenses déficitaires du gouvernement US… et fait exploser les politiques de « normalisation » de la Réserve fédérale.
Depuis, la Fed ajoute 100 Mds$ par mois à la masse monétaire des Etats-Unis.
Evidemment, nous exagérons le caractère « final » de la situation, pour l’effet dramatique.
Le monde continue de tourner… mais ce n’est plus le même. Le nouveau monde sera probablement bien moins agréable que l’ancien. Et son caractère désagréable augmentera considérablement lorsque la bulle éclatera.
A ce moment-là, les prix ne grimperont pas ; ils chuteront – à pic. Les prix des actifs financiers, en particulier.
C’est à ce moment-là que la planche à billets commencera vraiment à tourner. La Fed devra gonfler encore plus agressivement sa masse monétaire pour empêcher le marché de chuter.
Mais aujourd’hui, nous n’envisageons pas l’avenir. Nous nous rappelons le passé.
Nous ne cherchons pas à voir au-delà de la fin du monde, en d’autres termes. Nous observons quand il est né. Comme nous allons le constater, il y a plus d’une manière de faire faillite…
Vous vous rappelez les années 1970 ?
« Ça me rappelle le début des années 1970 », nous a dit un ancien le week-end dernier.
Vous vous rappelez de cette époque ? Nous oui. Nous avions terminé nos études, fait l’armée… et nous entrions dans la vie active.
Si nos souvenirs sont bons, nous gagnions à peine 120 $ par semaine en tant qu’assistant couvreur. Ce n’était pas beaucoup d’argent, mais c’était temporaire, en attendant de trouver autre chose.
Et à l’époque, la vie n’était pas si chère. Avec 120 $, on pouvait acheter trois onces d’or entières. Ou on pouvait investir en actions ; avec sept semaines de salaire, en supposant que nous ne dépensions rien d’autre, nous aurions pu acheter les 30 actions du Dow Jones de l’époque.
L’or était le meilleur pari des deux. Sur les 10 années qui suivirent, le Dow stagna. En 1981, il était à peu près là où nous l’avions trouvé en 1971. Mais attendez…
L’ancienne monnaie avait disparu. A sa place se trouvait une nouvelle monnaie : un nouveau dollar dont le lien avec l’or avait été supprimé. On appelait désormais cela une « note de la Réserve fédérale » : en d’autres termes, c’était du passif – une dette – que la banque centrale vous devait.
La plupart des gens avaient à peine remarqué la différence. Les nouveaux dollars ressemblaient presque trait pour trait aux anciens. On pouvait aussi les dépenser comme les anciens. Quelle différence si les étrangers ne pouvaient plus les échanger contre de l’or, comme initialement promis ?
Eh bien, cela faisait une différence pour les Arabes. Les producteurs de pétrole se sont aperçus que les nouveaux dollars obtenus pour leur pétrole étaient différents des anciens dollars. Le prix de l’or est passé de 35 $ en 1970 à plus de 100 $ en 1973. Les exportateurs arabes facturaient encore 3 $ pour un baril de pétrole. En termes réels, leurs revenus avaient été réduits de deux tiers.
En octobre 1973, l’OPEP annonça un embargo sur les exportations. La raison ostensible : cibler les nations soutenant Israël dans la guerre du Kippour. Le motif caché : remettre le prix du pétrole là où il était lorsque le dollar était encore du vrai argent.
Naturellement, les autorités américaines réagirent avec un manque de sagesse marqué. Elles imposèrent des contrôles de prix ; au lieu de rationner le carburant à l’aide de prix plus élevés, elles le rationnèrent en gaspillant le temps de tout le monde.
A ce stade, nous avions un nouvel emploi, à Washington, à quelque 45km de route de chez nous. Des files se formaient devant les stations-service. Pour obtenir le carburant dont nous avions besoin, nous nous levions à 4h du matin pour prendre notre place dans la queue, dormant dans notre camionnette jusqu’à ce que la station ouvre…
La Grande inflation
Le premier choc pétrolier déclencha la Grande inflation. L’indice des prix à la consommation US était aux environs des 4% début 1973. En 1975, il atteignit un sommet de 10%, ralentit, puis recommença à grimper pour terminer la décennie à 14%.
Les gens accusèrent les Arabes. Mais le prix réel du pétrole – en or – revint simplement aux niveaux de 1970, avant que la nouvelle monnaie soit mise en place. Les vrais « méchants » n’étaient pas à Riyad. Ils étaient à Washington.
Quant aux investisseurs, ils croyaient avoir fait du surplace dans les années 1970… mais ce n’était qu’une illusion de plus causée par les nouveaux dollars. En argent réel, ils ont perdu 92% de leur richesse boursière. Les prix étaient restés constants en nouveaux dollars nominaux ; en termes d’anciens dollars, ils s’étaient effondrés.
Qu’en pensez-vous ? Que diriez-vous au jeune homme qui se lance dans la vie aujourd’hui ? Achetez des actions ? Ou achetez de l’or ?
Formulons cette question différemment :
Les autorités américaines vont-elles gonfler leur masse monétaire… plus… ou moins… que dans les années 1970 ?