Les zombies ne peuvent pas supporter la hausse des taux d’intérêt. Leur vie dépend de la poussée d’adrénaline que leur procurent les déficits publics financés par la dette.
Vous ne me croyez pas ? Regardez ce qui s’est passé il y a trois semaines, le 21 février. Les actions américaines étaient sur le point de regagner la moitié de leurs pertes depuis leur récente correction. C’est alors que quelque chose de terrible est advenu.
Les rapports de la Réserve fédérale ont révélé une perspective véritablement terrifiante. Les taux d’intérêt vont monter. Quatre hausses cette année, ou potentiellement cinq selon Goldman Sachs.
Les manipulateurs du taux d’intérêt de la Fed ont ainsi expliqué que la croissance des emplois, le déficit budgétaire, les réductions d’impôts, les hausses de salaire et l’inflation entraînent une augmentation de la croissance du PIB. Si tout cela se produit à outrance, vous obtenez une mauvaise répartition du capital et des excès spéculatifs. Par conséquent, le temps est venu de relever les taux.
Vous pourriez donc penser que des hausses des taux d’intérêt sont parfaitement normales. Mais le monde est bien trop endetté pour pouvoir se permettre aujourd’hui des taux plus élevés. On part de si bas que quatre hausses de taux de 0,25% représentent une augmentation de 67%.
C’est ainsi qu’a eu lieu un carnage sur les marchés actions, obligations, monétaires et des matières premières.
Le Dow Jones a chuté de 500 points pour finir la journée au plus bas.
Le bon du Trésor US à 10 ans a frôlé 3% après avoir atteint un plus haut à nouveau. C’est quasiment un plus haut sur quatre ans, et en passe de devenir un plus haut sur sept ans. Le rendement du bon du Trésor à deux ans se dirige à toute vitesse vers un plus haut de neuf ans.
Le dollar américain a lui aussi repris du poil de la bête, ce qui a provoqué la baisse des autres devises et des prix des matières premières.
Avec des rendements des bons du Trésor américain qui s’approchent d’un plus haut sur quatre ans, les taux hypothécaires prennent la même direction. Et du fait de taux plus élevés, les demandes d’achats immobiliers ont chuté de 15% en seulement quelques semaines – la plus forte baisse en trois ans. N’oubliez pas, les taux augmentent encore plus vite dorénavant.
La croissance n’est pas auto-entretenue, c’est le produit d’activités zombies
En Europe, les économistes se félicitent d’une croissance économique impressionnante. Mais en fait ce n’est rien d’autre que des secousses de zombies provoquées par des électrochocs de la politique monétaire. La Banque centrale européenne est censée mettre fin à son programme d’assouplissement quantitatif cet automne.
Elle l’a déjà réduit de plus de la moitié par rapport aux niveaux de 2016. Des hausses de taux d’intérêt sont prévues pour l’année prochaine. Les fissures commencent donc déjà à apparaître. Les indices PMI pour février ont été décevants en France, en Allemagne et dans l’ensemble de l’UE. Dans The Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard rapporte que les indicateurs de masse monétaire en Europe enregistrent une baisse :
« Selon Simon Ward, de Janus Henderson, le principal indicateur de la croissance monétaire dans la zone monétaire – la masse monétaire M1 à six mois – a enregistré la plus forte chute depuis le début de la crise de Lehman au cours des derniers mois.
La mesure M3, établie sur une assiette plus large, raconte la même histoire, laissant penser qu’un euro plus fort et le retrait graduel du stimulus par la Banque centrale européenne commencent à se faire sentir. Les indicateurs monétaires ont tendance à avoir une avance d’environ neuf mois sur l’économie réelle. »
Cette évidente fragilité rappelle l’importante incertitude qui plane sur la reprise mondiale. C’est facile à comprendre : elle est portée par des zombies qui doivent faire face à une hausse des taux d’intérêts.
Le problème avec les morts-vivant est que dès qu’on cesse de les soutenir, ils meurent.
L’économie zombie disséquée par la BRI
L’économie zombie n’est pas une théorie farfelue. La Banque des règlements internationaux (BRI) aborde régulièrement ce problème.
L’idée est que des taux d’intérêts faibles empêchent les entreprises improductives de faire faillite. J’ajouterais à la liste des zombies les gens improductifs qui ont trop emprunté – mais ce n’est pas politiquement correct.
Ces zombies survivent en reconduisant leur dette au lieu d’investir, de se développer et de faire des bénéfices pour rembourser leurs dettes. Ils utilisent les ressources limitées dont les entreprises et les personnes productives auraient pu bénéficier lors d’une récession.
La BRI publie l’indicateur officiel des zombies. Elle a établi un lien étroit entre la hausse des entreprises zombies et les taux d’intérêts faibles.
Sans hausse des taux et sans récession qui redistribue les ressources des entreprises en difficulté vers les entreprises productives, le problème s’aggrave lentement mais sûrement. Il y a un compromis à trouver entre stabilité et productivité. Cela ferait d’ailleurs un bon sujet de thèse.
Pour survivre, les zombies ont besoin de la politique monétaire mais pas seulement. Chris Hamilton, du blog Economica, a étudié la croissance totale du PIB américain et le déficit budgétaire. Sa conclusion est simple : « sans le déficit budgétaire fédéral, l’économie américaine entrerait en décroissance. » C’est ce qui explique la puissance de l’effet des réductions d’impôts voulues par Donald Trump.
Aux Etats-Unis, la baisse des impôts et les plans de dépenses offrent des taux plus élevés de croissance, ce qui accroît la popularité de Trump. Selon les sondages sur sa politique, le nombre de personnes qui pensent que le nouveau plan fiscal aidera leur entreprise a doublé en trois mois.
L’Université du Michigan rapporte la même chose d’après ses enquêtes économiques :
« Des références positives vis-à-vis de la politique du gouvernement ont été citées à 35% en février, inchangé après janvier. C’est le niveau le plus élevé depuis plus d’un demi-siècle. »
Le nombre de petites entreprises qui tablent sur une croissance de leur chiffre d’affaires est à un chiffre record. Alors que seulement 33% des gens s’attendaient à bénéficier des réductions d’impôts annoncées par Trump, environ 80% seront en définitive touchés. Plus de la moitié des personnes approuvent aujourd’hui sa politique, un chiffre en hausse après les 37% en décembre.
Tout cela est bel et bien. Mais lorsque les réductions d’impôts sont financées par l’emprunt, c’est de la croissance du PIB zombie – de la dette.
Le problème avec les zombies est qu’ils finissent par s’essouffler. Ou alors ce sont ceux qui les maintiennent en vie qui s’essoufflent.
La politique monétaire se resserre. A un moment, les marchés des obligations d’Etat le feront aussi. Les taux d’intérêts augmenteront du fait de ces deux événements. Alors nous pourrons dénombrer les zombies qui se cachent dans l’économie.
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