Porté par une vague d’achats inédite menée par les particuliers – adeptes du trend following et du copy trading –, le rallye boursier du printemps 2025 entre dans l’histoire comme le plus concentré jamais observé.
C’est maintenant une certitude : les investisseurs particuliers – souvent regroupés en « communautés » – qui pratiquent le « trend following » et le « copy trading » (qui consiste imiter les meilleurs traders et influenceurs) ont littéralement « plié » les hedge funds pilotés par les meilleurs stratèges et traders de la planète.
Un peu comme au poker, les particuliers ont fait tapis avec une paire de deux (au regard des fondamentaux), tandis que les cadors de Wall Street ont fini par se coucher – malgré des brelans d’as ou des fulls –, adoptant une gestion défensive parfaitement cohérente face aux incertitudes générées par Trump et aux révisions à la baisse des profits futurs.
Incapables d’aligner leurs mises sur celles des millions d’acteurs individuels qui surenchérissaient au fil de l’envolée des indices, ils ont assisté, impuissants, à une vague d’achats inédite : 40 milliards de dollars d’actions et d’ETF achetés en mars et avril, puis encore 23 milliards en mai – soit plus de 100 milliards en trois mois. Une vague irrésistible… ou plutôt, un véritable tsunami.
Pour expliquer des écarts à la hausse jamais observés (entre le 9 avril et le 19 mai), les particuliers (désignés sous le terme retail dans le milieu financier) ont concentré leur achats sur les dix plus grosses capitalisations de Wall Street, et en particulier les « Sept fantastiques » qui ont représenté entre 54 % de la hausse du S&P 500 et 60 % du Nasdaq 100 (le gain en capitalisation des Sept atteint +4 000 milliards de dollars).
Autrement dit, 98 % des valeurs du S&P étaient « inutiles » (elles amoindrissaient la performance globale), tout comme 93 % des composantes du Nasdaq. A part Palantir ou ARM, seuls les « titans » à plus de 1 000 milliards de dollars de capitalisation ont enregistré un gain collectif de 40 % en deux mois.
C’est le rallye haussier le plus concentré de l’histoire, surpassant les extrêmes observés du 20 décembre 2024 au 19 février 2025 (une période qui avait vu – une fois n’est pas coutume – les « Sept fantastiques » sous-performer les indices larges).
Selon Goldman Sachs, les fonds spéculatifs se sont fait « détruire » en avril et jusqu’à la mi-mai, et c’est là qu’ils se sont mis à acheter un montant record d’actions, après quatre mois consécutifs de ventes nettes, dont un record de liquidation de positions en mars, ce qui était la stratégie la plus pertinente en amont du 2 avril.
Début juin, l’activité des hedge funds à l’achat a connu la plus forte augmentation en deux mois, avec la clôture de leurs ventes à découvert.
JPMorgan confirme le diagnostic de Goldman Sachs, avec des achats nets battant les records de la 1ère semaine de novembre durant quatre semaines.
Les hedge funds ont dû renverser leurs stratégies (plus lourdes ventes nettes en mars depuis la pandémie de mars 2020), et cela s’est transformé en un véritable « rallye FOMO », sans aucune conviction haussière naturellement, mais sous la pression de pertes latentes devant insoutenables (impossible de rester short face à des rebonds de +30 % à +40 % sur la plupart des « Sept fantastiques »).
Le retail semble emporter toute la sphère financière dans son déni du réel, du chômage qui grimpe aux Etats-Unis, des coups bas sino-américains à répétition, de la guerre en Ukraine qui n’en finit pas… et maintenant d’une guerre israélo-iranienne dont nul ne peut prédire les conséquences catastrophiques, Téhéran étant un partenaire économique de la Chine et un allié diplomatique de la Russie… et Israël un allié des Etats Unis, dont le feu vert semble indispensable pour s’attaquer aux infrastructures nucléaire iraniennes.
Donald Trump, qui s’était taillé la réputation d’un « empêcheur de guerre » ou d’un « faiseur de paix », peut-il se laisser entraîner vers un possible apocalypse atomique par un dirigeant « et ami cher » qui a déjà franchi toutes les lignes rouges du droit international – sans encourir la moindre sanction –, et dont l’obsession depuis une décennie est d’échapper – quoi qu’il en coûte à Israël et au reste de la planète – à sa comparution devant des juges de son propre pays ?
Les « permabulls » de Wall Street sont-ils doués de la prescience d’un avenir géopolitique radieux, ou ont-ils atteint le dernier degré du déni de tout, aveuglés par les gains faciles découlant de l’axiome : « payer les creux, ça gagne à tous les coups » ?
1 commentaire
Bonjour Philippe.
Même chose chez nous ! MacPhy énergie en faillite est montée de 93% dans la journée, et clôture à +75%.
https://www.h2-mobile.fr/actus/mcphy-liquidation-fin-ex-pepite-hydrogene/