▪ Avec l’or, l’argent-métal se remonétiserait-il aussi ?
Jusqu’à présent, dans le contexte de crise, l’argent-métal me semblait un parent pauvre de l’or. Les banques centrales n’ont pas d’argent dans leurs coffres, tandis qu’elles stockent encore un peu d’or. Considérer l’argent comme un moyen de stocker de la valeur était un réflexe limité à l’Amérique et intéressait peu les Européens. Cependant, un phénomène récent m’a fait changer d’attitude : les Chinois se sont mis à l’argent. Les pièces ont triplé l’année dernière.
Depuis l’annonce de la deuxième opération d’impression de dollars (QE2), l’argent-métal a décollé. Les émetteurs de certificats cotés en continu et adossés à une réserve physique en ont fait entrer des centaines de tonnes dans leurs coffres.
Le ratio or/argent est actuellement très bas. Il semblerait que le marché table sur l’arrivée prochaine de l’inflation et considère que l’argent peut aussi servir de rempart.
▪ Comment vous placer sur l’or
Il faut bien distinguer un placement et un investissement. Se placer sur l’or, c’est stocker des liquidités en métal jaune en espérant que ces liquidités ne s’évaporent pas sous l’effet d’une dévalorisation.
Dans cette optique de placement, le critère essentiel est, bien sûr, le risque de contrepartie. Le risque de contrepartie nul : de l’or physique chez vous, puisque vous n’allez pas faire faillite ! Si vous recherchez un peu plus de facilité, adressez à un négociant sur internet tel que bullionvault.com ou aucoffre.com. Avec eux, vous pouvez choisir d’être livré ou non et l’endroit de la garde.
Encore un peu plus loin de l’or physique en direct, donc encore un peu plus de risque de contrepartie, les certificats cotés en continu adossés à une réserve d’or physique : GLD aux Etats-Unis et GBS en Europe sont les principaux.
Dans le cas du GBS, la garde de l’or est confiée à la HSBC de Londres. Les célèbres gérants de fonds Paulson et Soros détiennent d’importantes positions dans ces ETF (exchange traded funds), ce qui peut être considéré comme plutôt bon signe. Ils ont dû s’assurer que le montage n’était pas véreux.
▪ Comment spéculer sur l’or
Pour capter des petites tendances, vous pouvez utiliser des certificats et même des certificats à effet de levier du type turbo. Attention, il s’agit bien de spéculer, c’est-à-dire sur une durée courte ; le risque de contrepartie est l’intermédiaire émetteur. Vous achetez ou vendez "l’idée du marché du cours de l’or".
▪ Comment investir sur les minières
Le business de l’or, c’est, bien sûr, les minières. Vous escomptez un effet de levier, c’est-à-dire une performance supérieure à celle de l’or physique. Si ce n’est pas le cas, oubliez ! Pourquoi prendre un risque inutile ? La mine est une industrie périlleuse. Un glissement de terrain, une inondation, la remise en question d’une concession d’exploration ou d’exploitation… Autant d’événements qui peuvent faire couler un cours.
Les critères de sélection d’une bonne minière sont très stricts : des coûts de production inférieurs à la moyenne de ses pairs, une production prévue en hausse, un endettement raisonnable, une bonne équipe dirigeante alliant des compétences géologiques et financières. Ce sont des conditions nécessaires pour obtenir l’effet de levier recherché.
Nécessaires mais pas suffisantes. Encore faut-il investir au moment opportun. Dans un repli de l’or, lorsque les minières sont sous-évaluées par rapport au métal jaune. Pour vous guider, suivez le ratio-indice XAU/once d’or. L’indice XAU est l’indice des minières aurifères cotées à la Bourse de Philadelphie. Il cote actuellement autour de 210. L’once d’or cote 1 360 $. Le ratio vaut donc 6,47. C’est un bon seuil pour entrer. A 5, méfiance : les minières sont très correctement évaluées par rapport à l’or. A 7, vous avez une opportunité extraordinaire : plongez dans la mine !
Un deuxième critère d’entrée au bon moment est le ratio or/pétrole. L’activité minière est gourmande en énergie. Si la minière paie trop cher son énergie, ses coûts de production s’élèveront et l’effet multiplicateur recherché s’estompera. Le baril cote autour de 82 $ et l’once 1 360 $. Le ratio or/pétrole — ou GOR, comme Gold Oil Ratio — vaut donc 16,60. Dit autrement, une once permet d’acheter plus de 16 barils. C’est favorable à l’industrie. Au-dessous de 12 : attention, l’énergie devient chère. Attendez un moment plus favorable.
Dynamic Precious reste excellent. Ce fonds canadien de petites minières dynamiques émis par DundeeWealth est extrêmement bien géré par Robert Cohen. Si vous voulez compléter par des minières, nous vous recommandons Osisko Mining, d’ailleurs présente dans le fonds Dynamic Precious.
▪ Un tracker et une minière pour l’argent-métal
Pensez aussi à l’argent en utilisant un certificat basé sur une réserve physique (équivalent du GBS) tel que SLV. Si les minières vous intéressent, Silver Wheaton, bien gérée et exposée seulement à l’argent, pourra vous procurer un effet de levier.
[Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par les investissements "tangibles" et c’est ce qu’elle met chaque semaine au service des abonnés de L’Investisseur Or & Matières. Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances. est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek, dont cet article est extrait.]
Première parution dans Monney Week le 31/12/2010