Comme nous l’avons vu samedi dernier, la petite caste très subventionnée du « monde de la culture » vit à l’abri du marché dans sa tente à oxygène. Les gouvernements successifs régulent le débit de la perfusion d’argent public en fonction de l’intensité des gémissements des intermittents du spectacle et des caciques du monde de la culture.
Le résultat est dramatique puisque ce système obscène n’aboutit à rien d’autre qu’à la mort de notre industrie culturelle, comme nous allons le voir aujourd’hui.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me faut enfoncer le clou au sujet d’une distinction aussi capitale qu’évidente.
Le microcosme coopté de la culture subventionnée, le « monde de la culture », comme on dit, incarne aussi bien la culture que Joe Biden représente la jeunesse et la nouveauté.
Dans l’épisode précédent, j’ai évoqué les cas de Delphine Ernotte, d’Isabelle Adjani, de Luc Besson et des cohortes d’intermittents du spectacle. Pardon de poser la question, mais si ces personnes se retrouvaient sans financement public, en quoi cela empêcherait-il qui que ce soit de se cultiver ?
Cela ne changerait rien à l’affaire, comme le rappelle Hélène Kaplan. Se figurer le contraire revient à confondre culture et monde de la culture.
En réalité, le rapport entre ce microcosme et le contribuable-spectateur d’office est l’exact inverse de ce que martèlent les décideurs politiques.
En effet, peu importe que leur production vous plaise ou non, tout est fait pour que nos artistes cooptés continuent de bénéficier de la bonne soupe subventionnée.
Vous non plus, nous n’en pouvez plus de la culture d’Etat ?
En janvier 2014, BFMTV relevait que l’immense majorité de la production cinématographique française débouche sur un bide total au plan financier.
Depuis, les choses ne se sont pas arrangées. Cet été, entre les deux confinements, les salles de cinéma ont rarement été remplies au-delà du tiers des places. Cependant, à écouter les gérants de salles, on comprend que le coupable n’était pas le coronavirus, mais l’absence de blockbusters américains pour attirer le chaland !
Evidemment, une telle situation convient très bien à la plupart des caciques du monde de la culture. Il est vrai que lorsque l’on évolue dans un marché où les subventions remplacent les spectateurs, on a vite fait de se sentir comme un poisson dans l’eau…
Heureusement, le discours en provenance de ce milieu n’est pas intégralement uniforme. En 2012, le producteur Vincent Maraval avait déjà dénoncé dans les colonnes du Monde non pas une simple dérive mais ce qui est devenu le socle de la stratégie de l’industrie cinématographique française : miser sur les acteurs les plus en vue pour faire de l’audience.
A l’époque, h16 commentait :
« Catastrophe dans le milieu très feutré du cinéma : un producteur, Vincent Maraval, a vendu la mèche ! Il a dit tout haut ce que le public français se dit tout bas depuis un moment : le cinéma français produit une quantité invraisemblable de merdes soporifiques et distribue pourtant des cachets stratosphériques à des acteurs en récompense d’une prestation rarement à la hauteur. Et en plus, ce Vincent a trouvé le moyen de l’écrire dans Le Monde, l’inconscient ! »
Le cinéma n’est pas le seul domaine concerné. Rares sont les arts où le goût du public rencontre le goût de ceux qui tiennent l’arrosoir à subventions culturelles.
Prenez par exemple les spectacles en plein air. Aux fantaisies artistiques décidées par les autorités publiques dans la prétendue infaillibilité de leur jugement, le public préfère largement les spectacles et les fêtes traditionnelles.
Le meilleur exemple en est sans doute le Puy du Fou, le parc d’attraction vendéen qui mise sur la thématique historique. Pour vous dire à quel point le monde de la culture enrage à la vue de ce succès ininterrompu, sachez qu’une ancienne ministre de la Culture n’a rien trouvé de mieux à faire que reprocher à cette entité privée de faire de grosses recettes !
Ah, qu’il est désagréable, lorsqu’on a été ministre, de voir une entreprise exister sans avoir besoin de la caution morale et financière de l’Etat ! J’imagine qu’Aurélie Filipetti ne doit pas être une grande fan de Jean-François Revel…
A votre avis, devant l’échec éclatant des productions culturelles estampillées « Etat français », quelle décision le gouvernement a-t-il pris ? Si vous pensez à la diminution ou à l’arrêt des subventions, je préfère vous le dire tout de suite, c’est raté !
Désolé, vous allez continuer à financer la culture officielle : le ministère de la Culture va même relouchifier !
Et c’est parti pour une nouvelle tournée de bonne soupe d’aides publiques ! Cette fois-ci, c’est par l’entremise des services de vidéo à la demande que le racket va s’organiser.
L’idée remonte à l’ère Françoise Nyssen. C’est sous son règne qu’a été adopté le principe selon lequel les services de vidéo à la demande (Netflix, Amazon, Disney+ et compagnie) auront désormais à contribuer financièrement à la production audiovisuelle française.
Voilà une idée dont a dû se réjouir la centralienne Delphine Ernotte, puisqu’elle garantit des crédits à sa production maison sans nécessiter la moindre initiative entrepreneuriale de sa part.
Tant pis si personne ne regarde les œuvres françaises. Je vous rassure, il n’y a pas encore de quotas de visionnage de prévu : l’important, c’est uniquement que la caste du monde de la culture soit payée.
Puis est arrivé le très gesticulant Franck Riester, qui a confirmé le dispositif au travers de sa réforme de l’audiovisuel. Les services de vidéo à la demande vont avoir « obligation de financer les contenus européens ».
Justification officielle du ministre :
« Les chaînes financent la création, il doit en être de même pour Netflix. »
Récapitulons : les Français choisissent librement de payer Netflix pour ne pas avoir à subir les productions françaises. Heureusement, l’Etat est là pour rétablir l’équilibre en rackettant Netflix afin de financer les daubes soporifiques des copains, au prétexte de préserver la grandeur de la France…
Roselyne Bachelot a pris la relève le 6 juillet ; c’est elle qui a annoncé le montant du pizzo que devront payer les services de vidéo à la demande afin de « se mettre en règle », comme on dit dans le milieu. Voilà l’occasion de rappeler que l’économie française devient chaque jour un peu plus un système collectiviste qui tolère un secteur privé, au cas où certains l’auraient oublié.
A votre avis, comment tout cela va-t-il se terminer ?
Sans doute de la même façon que d’habitude : c’est vous qui paierez.