** "Il y a un temps pour acheter… un temps pour vendre… et un temps pour aller à la pêche".
* Notre collègue sud-américain, Horacio Pozzo, nous a rappelé la célèbre remarque de Jesse Livermore… puis a cité une étude concernant les gardiens de but, au foot. Certains partent à droite, quand un attaquant se présente. D’autres partent à gauche. Mais ceux qui réussissent le mieux restent sans bouger, bien au centre.
* Dans les marchés actuels, nous suggère Horacio, ne rien faire pourrait être votre meilleur choix.
* L’inactivité nous vient facilement. Nous ne regrettons quasiment jamais de n’avoir rien fait. Ce sont les fois où nous nous sommes laissé aller à faire quelque chose qui nous attiré des ennuis.
* Mais La Chronique Agora est une lettre familiale, si bien que nous passerons ces événements sous silence… et nous nous concentrerons sur le monde financier.
** Cette semaine, la Fed a agi — baissant une nouvelle fois son taux directeur de 75 points de base, à 2,25%. Facile, le métier de banquier central, non ? Lisez les titres des journaux. S’ils sont négatifs ou inquiétants, baissez les taux. S’ils sont positifs… ou inflationnistes… augmentez-les.
* "Je pense que la Fed a été plutôt futée", déclare notre collègue Ben Traynor, ici à Londres. "Tout le monde s’attendait à ce qu’elle baisse ses taux d’un point entier. Ces 75 points de base semblent plutôt conservateurs, du coup — comme s’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Et cela leur laisse plus de marge pour de futures baisses".
* Oui, cher lecteur, 225 points de base nous séparent encore du zéro. Dans les années 90, la Banque du Japon a utilisé tous ses points. Malgré cela l’économie japonaise a coulé… et coulé encore. Même aujourd’hui, un investisseur ayant acheté des valeurs japonaises en janvier 1990 enregistre encore une perte se montant à plus des deux tiers de son argent — 18 ans plus tard.
* "Achetez la rumeur, vendez la nouvelle", voilà un autre proverbe financier. Dans la mesure où nous nous en tenons à notre Transaction de la Décennie — achetez de l’or durant ses replis… vendez les actions durant leurs rebonds — les nouvelles de la dernière intervention de la Fed nous ont donné une opportunité de nous débarrasser des actions.
* De l’autre côté de la transaction, le prix de l’or a enregistré une petite baisse… pas suffisante pour en faire un véritable repli. Les matières premières dans leur ensemble sont mises à mal. L’or, cependant, est un cas à part. C’est la monnaie ultime. Les gens l’achètent lorsqu’ils soupçonnent que quelque chose ne va pas avec l’autre genre de monnaie… celle que les gens utilisent lorsqu’ils vont faire leurs courses.
* Et qu’est-ce qui ne va pas avec le dollar ? Ah, cher lecteur, c’est une très longue histoire. Le dollar va-t-il baisser ou grimper ? Si seulement nous le savions !
* Nous parions contre le dollar — à long terme — pour de nombreuses raisons que nous décrivons depuis des années dans La Chronique Agora. Mais à court terme, tout peut arriver. En fait, nous pensons que l’heure est arrivée pour un rebond du dollar… et une chute de l’or. Nous n’avons pas d’étude économique sur laquelle nous appuyer… et aucun calcul sophistiqué pour le prouver. C’est juste une intuition… et une inquiétude.
* La théorie de l’offre monétaire est assez simple. Plus il y a de dollars, moins ils ont de valeur individuelle. La question est donc la suivante, pour un observateur du billet vert : combien de dollars y a-t-il ? La réponse n’est pas simple. Imaginez que nous ayons un compte chez un courtier… et que nous l’investissions en or. A présent, imaginons que le prix de l’or double. Tout à coup, nous avons deux fois plus de dollars sur notre compte, pas vrai ? Mais d’où viennent-ils ?
* Et nous pouvons vendre l’or pour acheter quelque chose. Nous pourrions par exemple demander à notre gestionnaire de compte de transférer l’argent sur le compte d’une autre personne — laquelle pourrait le mettre dans une maison. Puis cette personne pourrait transmettre l’argent à un autre compte encore, où il sera investi dans des produits dérivés, dont le cours est à son tour multiplié par deux — si bien que cette personne se retrouve à nouveau avec deux fois la somme de départ. D’où vient cet argent ? Et tout cela s’est passé sans que quiconque touche un billet de banque.
* A présent, imaginez qu’il se produise un krach boursier… soudain, tout cet argent arrivé si facilement part tout aussi facilement. Il disparaît. Où est-il allé ? Dans l’éther !
* En ce moment, de grosses quantités d’argent disparaissent. Les prix des maisons chutent. Dans le monde entier, les cours des actions baissent. De nombreux actifs financiers — des produits dérivés spécialisés et des junk bonds — sont mis à mal. Les pertes de richesse "implicite" sont gigantesques. La capitalisation boursière mondiale pourrait avoir baissé de 5 000 milliards de dollars. L’immobilier résidentiel américain a perdu 2 000 milliards de dollars.
* En plus de la quantité d’argent, il y a sa vélocité. Si nous laissons un billet dans un tiroir, il fait peut-être partie de la "masse monétaire", mais c’est une partie inactive. Les prix, dit-on, sont le résultat de l’interaction entre l’offre et de la demande. Mais le billet dans le tiroir n’interagit avec rien. Il ne fait donc pas grimper les prix.
* Lorsque les investisseurs et les prêteurs deviennent craintifs, la vélocité de la monnaie tend à ralentir. Les gens laissent leur argent dans leurs coffres… dans leurs portefeuilles… et dans leurs comptes. Ils hésitent à le laisser sortir, de peur de ne jamais le voir revenir. Cela réduit aussi le nombre de dollars échangés contre des biens et des services (sans parler d’actifs financiers).
* Comme nous l’avons déclaré à maintes reprises, nous assistons à une grande bataille — entre les forces de l’inflation et les forces de la déflation. Ces dernières semaines, on aurait dit que l’inflation serait la grande gagnante — avec l’or et le pétrole atteignant de nouveaux sommets. Mais la bataille est loin d’être terminée. Et en dépit des tentatives des autorités de truquer le match — avec des baisses de taux, des sauvetages et les hélicoptères de Bernanke attendant sur le tarmac — l’inflation n’est pas assurée.