▪ Une semaine sans grands événements à signaler. Une semaine de rebond, même. Une semaine comme M. le Marché aime à les orchestrer, tranquillisant les investisseurs, apaisant les craintes des dirigeants, calmant les angoisses des institutionnels.
« Ça va aller », se disent-ils tous, « la situation est sous contrôle, revenons à nos activités normales. Il y a des élections à préparer, que diable ! »
C’est en général à ce moment-là que M. le Marché referme ses mâchoires… piégeant tous ceux qui s’étaient timidement ré-aventurés dans le monde dangereux, mais si tentant, des actions.
Ils feraient mieux de se méfier, comme le disait Mory Doré jeudi dernier. Le CAC 40 ne présente pas exactement des perspectives lumineuses :
« Compte tenu de la gravité de la situation », expliquait Mory, « j’ai […] tendance à penser que nous sommes dans un contexte binaire : soit des solutions politiques et institutionnelles fortes sont enfin à la hauteur des enjeux et les marchés boursiers finissent par retrouver une dynamique franchement haussière […] ; soit les risques s’intensifient. Auquel cas le CAC 40 n’a aucune raison d’arrêter sa chute à 2 400 points ».
En ce qui concerne les « solutions fortes » provenant de nos dirigeants, mieux vaut ne pas vous faire trop d’illusions, de l’avis de Frédéric Laurent, rédacteur en chef de Vos Finances. D’après lui, les plans mis en place ne recèlent rient d’autre que de nouveaux dangers… potentiellement encore plus graves que la situation actuelle :
« Il n’y a, dans ces nouvelles élucubrations financières, que de nouvelles mesures pour pouvoir augmenter les dettes de chacun », déclarait-il il y a quelques jours. « A force de monétiser la dette à outrance, la déflation qui nous attend à court terme pourrait brusquement virer sur une forte inflation ».
« Archimède avait déclaré en son temps que tout corps plongé dans un liquide subit une pression dont il résulte une poussée verticale. Et plus la pression est grande plus la poussée verticale le sera aussi… Si l’on en croit l’expérience originale d’Archimède qui mesurait la couronne du roi Hiéron en or, il se pourrait fort bien que les dettes nous entraînent prochainement vers le fond tandis que l’or sera irrémédiablement et fortement poussé à la hausse. Et dire que ce qui nous alarme en ce moment se limite à la Grèce. Imaginez quand viendra le tour de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie. Et pourquoi pas plus tard de la France et des Etats-Unis ? Car on parle bien de surendettement n’est-ce pas ? »
En effet… Nous passerons sans doute d’abord par la case « dépression », comme le dit souvent Bill Bonner — mais tôt ou tard, cet argent finira par se retrouver dans le système.
Un petit billet de 10 000 milliards d’euros pour acheter votre baguette du matin, ça vous dit ?
▪ Avant de vous quitter, un dernier mot plus « administratif » au sujet de l’arrêt du magazine MoneyWeek.
MoneyWeek France, notre société soeur et partenaire privilégié, a en effet été mise en liquidation judiciaire il y a quelques jours.
Simone Wapler l’a dit elle-même, la ligne éditoriale de MoneyWeek était claire : « le marché doit faire le tri. C’est la loi de la libre économie. Nous l’acceptons, même lorsque nous la subissons ». C’est un échec — et une frustration que nous ressentons jusqu’ici aux Publications Agora ; ces dernières années, nous partagions la même machine à café…
J’aimerais toutefois vous rassurer sur un point : à la Chronique comme dans le reste des Publications Agora, nous avons beaucoup de projets en cours. Lettres, rapports spéciaux, conférences… l’arrêt de MoneyWeek n’a aucun impact sur ces opérations et sur notre société. Nous sommes là depuis bientôt 14 ans… et nous avons la très ferme intention d’être encore là dans 14 ans (et au-delà !) — et toujours avec vous, nous l’espérons.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora