▪ La remontée rapide des marchés en 2009 ne doit pas effacer de nos mémoires que la crise financière continue de nous menacer. Elle est sans aucun doute le fruit d’une vision trop court termiste du capitalisme financier. A cause de cela, vous vous retrouvez comme 98% des investisseurs particuliers : la crise a entamé votre capital, et vous avez subi de lourdes pertes sur vos investissements.
Après cela, avez-vous encore envie de confier votre argent à des modèles mathématiques inventés par des ingénieurs financiers bien plus intéressés par leurs bonus de fin d’année que par la santé des portefeuilles qu’on leur confie ? Assurément, pas moi !
C’est la raison pour laquelle j’avais, il y a quelques années déjà, commencé à réfléchir à d’autres manières d’investir. La crise a été pour moi le déclic : je ne peux plus penser mon capital, l’argent, mes investissements comme avant. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas pour autant que ce n’est pas profitable ! J’ai toujours les mêmes attentes en termes de rendement. Quand j’investis, c’est certes pour participer au développement d’une société, d’une idée, mais c’est également une prise de risque pour moi. J’attends donc d’en être récompensé à sa hauteur !
Alors, je me suis penché sur l’investissement socialement responsable, une discipline qui n’en est pour ainsi dire qu’à ses balbutiements, mais dont l’ascension me semble inéluctable. A mon avis, elle peut être une réponse efficace aux récents errements de la finance internationale. L’investissement socialement responsable, ou ISR, est une méthode d’investissement qui intègre tout simplement le fait que, derrière les chiffres financiers d’une entreprise, il y a une réalité économique, sociale, humaine et environnementale.
Ignorez cette réalité, et vous prenez un risque pour votre argent… un risque que vous ne pourrez peut-être mesurer que lorsqu’il sera trop tard. Regardez les fameux subprime, ces emprunts titrisés qui ont failli mettre la planète à genoux. Pourquoi ont-ils été si dévastateurs ? Simplement parce que les brillants banquiers qui les achetaient, hypnotisés par leur rentabilité alléchante, finissaient par oublier quelle réalité se cachait derrière : celle de ménages américains insolvables à qui des courtiers peu scrupuleux avaient vendu des emprunts qu’ils ne pouvaient rembourser ! Cette belle mécanique fonctionnait bien tant que les prix de l’immobilier grimpaient. Jusqu’à ce que… On connaît la suite. Le principe de l’investissement socialement responsable est, au contraire de cet exemple, de ne pas bâtir votre portefeuille comme un château de cartes !
▪ Pourquoi il nous faut investir autrement aujourd’hui que nous ne le faisions hier…
Si les professionnels de la finance commencent à s’emparer de l’ISR, c’est aussi une chose que vous pouvez appliquer, en ajoutant à votre approche des entreprises de nouveaux critères, au-delà des traditionnels ratios financiers — comme le PER par exemple. Il y a quelques années déjà, alors que l’on commençait à parler de l’ISR dans les milieux financiers, un gérant de fonds dont je respecte le jugement autant que l’humour me confiait dans un sourire : "je suis le Monsieur Jourdain de l’ISR".
Il entendait par là que, comme le personnage de Molière faisait de la prose sans le savoir, lui-même pratiquait cette discipline depuis toujours sans lui avoir donné un nom. Tout simplement parce que regarder sous toutes les coutures une société dans laquelle vous investissez, se faire une idée des risques environnementaux qu’elle court, évaluer la qualité de sa stratégie, la cohérence de sa direction, son respect des nouvelles normes, sa politique salariale… c’est tout simplement… DU BON SENS !
Et l’investissement socialement responsable redonne en effet du sens à votre portefeuille, en même temps que des perspectives : il vous aide à détecter les valeurs qui produiront des profits durablement, plutôt que celles qui, pour le caprice des analystes financiers, se lancent parfois dans des opérations de croissance externe ruineuses pour tout le monde, sauf bien sûr pour les banquiers d’affaires qui réalisent les "deals".
[NDLR : l’investissement responsable, c’est aussi de l’investissement profitable — et vous n’allez pas tarder à découvrir pourquoi. Restez à l’écoute…]