Quand les revenus du travail baissent et que les prix de l’immobilier suivent, la situation devient vite compliquée pour la classe moyenne.
« Quand quelqu’un dit, ‘tout ne tourne pas autour de l’argent’, c’est qu’il n’y a que l’argent qui compte. »
~ George Young, manager de l’équipe des New York Giants (1979-1997)
Les deux piliers de la richesse de la classe moyenne américaine, les revenus et l’immobilier, sont en train de plier. Il est encore tôt… mais les deux semblent avoir entamé des tendances à la baisse. Et il ne s’agit pas de phénomènes isolés. Ils font plutôt partie des nombreux éléments qui, lorsqu’ils sont reliés, ressemblent à la Grande Ourse… c’est-à-dire à un marché baissier majeur.
Hier, nous avons exploré la « tendance primaire ». Une fois lancée, elle a tendance à durer des décennies. Vous pouvez l’ignorer ; vous pouvez la combattre ; vous pouvez la nier. Mais vous ne pouvez pas l’arrêter.
Les actions ont connu une tendance primaire à la baisse de 1966 à 1982. Avant cela, la tendance primaire était à la hausse, depuis la fin de la Grande Dépression jusqu’au milieu des années 1960. La tendance primaire la plus récente du marché haussier a commencé en août 1982 et s’est poursuivie jusqu’en décembre 2021.
Si une nouvelle tendance primaire de marché baissier s’est amorcée, nous risquons de voir la valeur réelle des actions baisser pendant de nombreuses années. Peu de baby-boomers verront à nouveau les actions aussi valorisées qu’elles l’étaient à la fin de l’année 2021.
Les tendances primaires du marché obligataire sont encore plus longues. Les obligations semblent avoir atteint un sommet majeur à l’été 2020, le rendement de l’obligation américaine à 10 ans étant tombé à 0,53%. Le précédent sommet s’est produit – rendez-vous compte – à la fin des années 1940, il y a 70 ans.
Une tendance implacable
Les marchés montent et descendent continuellement. Jour après jour… semaine après semaine… mois après mois. Souvent, il y a des contre-tendances qui durent des années. Comme nous l’avons vu hier, il a fallu quatre ans d’agitation après 1980, avant que la tendance primaire – vers une baisse des taux d’intérêt et une hausse des prix des actions – ne soit clairement établie.
Mais une tendance primaire est implacable. Et maintenant, après quatre décennies de hausse des actions et de baisse des taux d’intérêt, venons-nous d’assister au début d’une nouvelle tendance ? Probablement. Parce que c’est une question d’argent. La tendance des 42 dernières années a été soutenue par des emprunts à des taux d’intérêt de plus en plus bas… avec des « sauvetages » spectaculaires par la Fed chaque fois qu’une correction menaçait. Mais ces sauvetages ne sont plus possibles.
Examinons d’abord les secteurs de l’emploi et du logement.
Les demandes d’allocations chômage augmentent depuis mars et atteignent maintenant un nouveau sommet pour l’année. Shopify, 7-11, Tesla, Vimeo, Rivian, GoPuff, Remax, Redfin, Microsoft, Morgan Stanley – tous ont annoncé des licenciements.
Il n’y a jamais eu autant de personnes employées aux Etats-Unis. Pourtant, l’indice du nombre total d’heures travaillées au sein de l’économie américaine est maintenant à 119… exactement le même seuil qu’en mars 2020. Cela signifie qu’il n’y a eu aucune croissance sur ce plan au cours des deux dernières années. S’il y a plus d’emplois, c’est simplement que les revenus sont répartis entre plus de travailleurs.
Et pendant ce temps, les salaires horaires viennent de subir leur plus forte baisse en 15 ans, avec une chute de 3,9% ajustée à l’inflation.
Les ventes de maisons s’effondrent
En ce qui concerne le logement, l’« indice d’accessibilité » est revenu à des niveaux jamais vus depuis 14 ans et la crise des subprime. C’est la combinaison des salaires, des prix et des taux hypothécaires qui détermine le caractère « accessible », ou abordable, d’un logement. Après des hausses spectaculaires des prix et des taux hypothécaires, les logements sont aujourd’hui aussi inabordables qu’ils l’étaient juste avant la dernière crise du logement, en 2007. Une fois de plus, la famille-type américaine ne peut pas se permettre d’acheter une maison lambda.
Et maintenant, les points qui dessinent un ralentissement du marché immobilier se rejoignent. L’indice du marché du logement de la NAHB [NDLR : représentant le secteur de la construction aux Etats-Unis] vient de tomber à son plus bas niveau depuis deux ans. Les constructeurs disent qu’ils réduisent les prix pour « limiter les annulations ».
Les constructeurs sont de plus en plus réticents à l’idée de construire de nouvelles maisons, avec des mises en chantier à leur plus bas niveau depuis 14 mois (en baisse de 6% sur un an). Et les ventes de logements neufs sont en baisse de 43% par rapport à leur sommet de 2020. Les maisons existantes, elles aussi, subissent le même sort. Les ventes sont à leur plus bas niveau depuis juin 2020.
Les prix frôlent les records, étant en hausse de 40% depuis 2020. Mais les rapports les plus récents nous indiquent qu’ils commencent à s’affaisser. Le prix médian des maisons neuves a chuté de 12% au cours des deux derniers mois. Et il semble qu’une trêve ait été déclarée dans les guerres d’enchères. En janvier, près de sept maisons sur dix faisaient l’objet d’offres concurrentes. En juin, moins de 50%.
Lorsque l’emploi et le logement cèdent, les ménages doivent ouvrir leur tirelire… emprunter… ou réduire leurs dépenses. Des indices suggèrent qu’ils font tout cela. Les taux d’épargne sont en baisse. L’endettement est en hausse. Et les stocks d’invendus s’accumulent dans les supermarchés Walmart. C’est ce qui arrive en période de récession.
Mais ce qui nous suggère qu’il s’agit d’une tendance majeure, et non une feinte bruyante à court terme, c’est que pour la première fois en 30 ans, la Fed ne peut rien y faire.
Les boosters monétaires
Depuis que le dollar n’est devenu qu’un morceau de papier pur, en 1971, la Fed contrôle l’argent. Cependant, pour la première fois depuis qu’Alan Greenspan est venu au secours de Wall Street en 1987, la Fed n’est plus en mesure d’apaiser les douleurs des investisseurs en facilitant le crédit.
Après le krach de 1987, Greenspan a réduit les taux. Pas assez vite, selon le président de l’époque, George H.W. Bush, qui avait déclaré que la morosité de l’économie lui avait coûté la Maison-Blanche. Greenspan ne refera pas cette erreur.
Lors de la récession du début des années 1990, Greenspan a sorti sa machette et a réduit de 500 points de base le taux des fed funds. Puis, au moment de l’effondrement de la bulle du Nasdaq, ce fut la même chose. Entre 2000 et 2002, il a coupé 550 points de base supplémentaires.
La correction suivante a eu lieu sous la surveillance de Ben Bernanke, lorsque la crise du financement hypothécaire a éclaté. Bernanke savait aussi comment jouer le jeu : 525 points de base ont été éliminés en trois ans. Puis Bernanke est allé encore plus loin, avec l’assouplissement quantitatif… puis l’« opération Twist ».
Et quand ce fut le tour de Jerome Powell, sa réponse à la panique du Covid fut presque automatique. Les taux ont été réduits à zéro. Et le gouvernement fédéral a utilisé l’argent de sa « planche à billets » comme s’il était tombé d’un hélicoptère. Chèques, protection salariale, bonus pour les chômeurs – c’était très amusant tant que cela durait.
Mais ensuite, les prix à la consommation ont augmenté… et, d’un coup, le jeu a changé. Le taux directeur de la Fed était déjà proche de zéro : comment le réduire davantage ? Et, avec une inflation à deux chiffres, quel idiot oserait réduire les taux d’intérêt ?
C’est ce que nous attendons de découvrir…
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« Et, avec une inflation à deux chiffres, quel idiot oserait réduire les taux d’intérêt ? » Recep Tayyip Erdogan !